Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bulgarie (suite)

Des courants littoraux entraînent les alluvions danubiennes et construisent des flèches de sable ou des tombolos, comme celui de Nesebăr, site archéologique. De chaque côté des baies évasées, une côte à falaises marque la retombée, au nord, de la Dobrudža ou de la Stara Planina, au sud, de la plate-forme de la Strandža. La pêche et un cabotage animent de petits ports traditionnels, mais l’essentiel du trafic maritime se concentre à Varna et à Burgas. Le premier port est relié vers l’intérieur par un canal à Reka Devnja, centre d’industrie chimique. Le second traite dans une raffinerie le naphte bulgare, exploité dans la vallée de la Kamčija, et celui qui est importé d’Union soviétique. Les industries liées à l’importation de matières premières s’y sont développées, et la majeure partie du trafic se fait avec l’U. R. S. S. L’aménagement systématique de la côte, qui offre de belles plages, a permis le développement d’un tourisme balnéaire important.

L’aménagement du littoral de la mer Noire

Un vaste programme d’aménagement touristique concernant tout particulièrement le littoral de la mer Noire a été élaboré en 1955.

Les conditions naturelles étaient très favorables à l’implantation de stations balnéaires : 384 km de côtes, dont une grande partie constituée de sables fins ; une longue saison « chaude », de mai à septembre ; une température de l’eau élevée (25 à 30 °C). Seule la pullulation des serpents avait, en contrepartie, préservé ce littoral des constructions anarchiques (ils ont aujourd’hui disparu grâce à l’importation massive de hérissons). Une infrastructure routière fut mise en place pour la desserte des nouvelles stations, qui s’échelonnent du nord au sud : Zlatni Pjasăci (Les Sables-d’Or), Družba (L’Amitié) et Slănčev Brjag (La Côte-du-Soleil).

La plus ancienne, Družba, située à une dizaine de kilomètres de Varna, date de 1955-56. Aux rares maisons anciennes se sont ajoutés 18 hôtels et 50 bungalows disséminés dans la verdure, totalisant plus de 3 000 lits. Non loin de Družba, Zlatni Pjasăci est la réalisation la plus importante. Son succès vient de son immense plage de 4 km de longueur. Commencée en 1957, elle a été terminée en 1970 et comprend plus de 60 hôtels, 600 bungalows et un théâtre de verdure de 1 200 places. Les constructions, de type folklorique, s’allient aux lignes sobres de l’architecture moderne. Slănčev Brjag, à 34 km au nord de Burgas, a été édifiée en un peu plus d’un an et forme un ensemble compact de blocs et de tours aux formes cohérentes sans aucune concession au folklore (75 hôtels, 500 bungalows). Cette station pourra offrir en 1975 30 000 lits, chiffre limite calculé d’après la surface totale de sable disponible, réparti par estivant (300 000 m2, soit environ 10 m2 par personne).

Au nord, les travaux d’Albena, qui s’étendra sur la mer, sont commencés depuis 1968 et doivent être achevés vers 1975. Au sud, deux stations sont encore prévues (aux environs de Primorsko et au sud de Sozopol). Outre les hôtels, les bungalows, les terrains de camping et les villages de vacances (Rusalka), construits pour les touristes étrangers, le littoral offre un certain nombre de maisons de repos mises à la disposition des salariés bulgares par les organisations syndicales.

L’objectif de 1955 (création de 50 000 lits) sera bientôt dépassé. La croissance du nombre des touristes est spectaculaire : de 200 000 en 1960, ce nombre a dépassé 2 millions en 1969. Les pays de l’Ouest sont essentiellement représentés par les Allemands et les Français ; les visiteurs des pays socialistes sont très largement prépondérants : Tchèques, Allemands de l’Est, Hongrois, Polonais pour les deux tiers.

M. M. F.

A. B.


L’histoire


Les origines

Les plus anciens habitants connus des terres bulgares furent les Thraces, qui appartenaient au groupe ethnique indo-européen. Ils se divisaient en de nombreuses tribus (Odryses, peuples de la Mésie, Besses et autres). Leurs voisins étaient à l’ouest les Illyriens et au sud les Hellènes. Au cours des viie et vie s. av. J.-C. se fit sentir l’influence hellénique, due à la fondation, sur le littoral de la mer Égée et de la mer Noire, de nombreuses colonies grecques.

Durant le ve s. fut créé un État thrace, avec pour ville principale Uskudama (la future Andrinople), mais son existence fut éphémère. D’autres États thraces fondés ultérieurement subirent le même sort. La Bulgarie a cependant hérité des Thraces de nombreux reliquats d’une riche culture matérielle et spirituelle (des tombeaux, des chars de combat, d’élégants bijoux en or et en argent, des peintures murales et autres).

Au cours du ier s. de notre ère, les tribus thraces furent soumises dans les limites du vaste Empire romain. La domination de Rome dans la péninsule balkanique ouvrit l’ère d’une civilisation urbaine considérable. Sur les terres bulgares actuelles apparurent des centres urbains importants et bien aménagés. Mais la romanisation du pays eut pour résultat de réduire l’originalité et la force de résistance de l’ethnie thrace.

Après 395, lorsque l’Empire romain se divisa en deux parties (occidentale et orientale), les Thraces demeurèrent sous la domination de l’Empire romain oriental (Byzance). Ils eurent dès lors à souffrir très souvent des incursions des diverses tribus « barbares » — Huns, Goths et autres — qui envahirent, du iiie au ve s., les terres balkaniques.

À partir du vie s., des tribus slaves commencèrent à pénétrer dans les limites de l’Empire byzantin et à s’établir dans une vaste région située au nord du Danube. Au milieu du viie s., l’établissement des Slaves dans la péninsule des Balkans était achevé dans ses grandes lignes. Sur les terres bulgares (c’est-à-dire en Mésie, en Thrace et en Macédoine) s’installèrent les Slaves du groupe dit « bulgare », qui possédaient la même langue, les mêmes coutumes, les mêmes mœurs, la même religion. Leurs voisins, qui occupèrent l’extrémité nord-ouest de la péninsule, étaient les tribus slaves appartenant au groupe « serbo-croate ». Rapidement, la majorité slave fusionna avec les Thraces et les Illyriens de Mésie, de Thrace et de Macédoine, dont une partie était romanisée et l’autre hellénisée. La langue des Slaves s’imposa, tandis que celle des Thraces disparut complètement.