Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Buber (Martin)

Philosophe juif du judaïsme (Vienne, Autriche, 1878 - Jérusalem 1965).


Buber passe sa jeunesse auprès de son grand-père paternel Salomon Buber, en Galicie ; c’est là qu’il fréquente les milieux mystiques juifs. Après des études de philosophie et d’histoire de l’art, à Vienne, Berlin, Leipzig et Zurich, il rallie, en 1898, le mouvement sioniste.

Représentant du sionisme culturel et spiritualiste, Buber estime que le retour des juifs en Palestine, terre sainte, doit coïncider avec la renaissance culturelle et artistique du judaïsme, pour devenir un véritable humanisme. Rédacteur de l’organe sioniste Die Welt (le Monde), il est l’un des fondateurs de la fraction démocratique au Ve Congrès sioniste, en 1901. Il participe à la fondation d’une maison d’édition juive (1902), et contribue à la publication de l’Artiste juif, et de l’Almanach juif. À partir de 1913, il se tourne vers l’étude de la pensée juive en s’intéressant surtout au hassidisme. Il publie, en 1906, les fameuses histoires du « Rabbi Nahman de Braslav » et, en 1908, la Légende du Baâl chem Tov. À ses yeux, le hassidisme est un des éléments fondamentaux du judaïsme et de la morale religieuse en général.

Dans ses Discours sur le judaïsme aux étudiants sionistes de Prague, Buber définit le judaïsme comme un processus spirituel historique aspirant à l’unité, à l’action, à l’avenir. Il estime que le devoir de l’individu et du peuple juif est de dépasser la tension entre le bien et le mal pour atteindre l’unité. Le judaïsme est pour lui un archétype de cette unité, et c’est dans ce sens que le peuple juif doit remplir sa mission.

Buber se consacre aussi à des recherches sur la pensée religieuse et mystique chez d’autres peuples, notamment chez les Orientaux et certaines peuplades primitives. Durant la Première Guerre mondiale, il fonde la revue mensuelle le Juif, dans laquelle il réclame pour les juifs un foyer national sur la terre ancestrale, la Palestine. Au XIIe Congrès sioniste, en 1921, il se fait le porte-parole d’une politique fondée sur une entente systématique avec les Arabes, tout en soulignant la nécessité primordiale du développement spirituel. En 1924, il est appelé à professer un cours de pensée juive à l’université de Francfort-sur-le-Main.

Cette pensée, Buber l’exprime dans son ouvrage Je et Tu : il y montre l’opposition qui caractérise les rapports entre Dieu et l’homme, et comment l’homme doit réaliser en permanence ce qui lui est commandé. C’est dans la Bible que Buber voit le témoignage fondamental du dialogue entre Dieu et l’homme, le triple écho de la création, de la révélation et de la délivrance. Buber entreprend, dès 1926, une nouvelle traduction de la Bible en allemand, en collaboration avec Franz Rosenzweig. En 1922, il a publié le Grand Magguid, et en 1924 la Lumière cachée. Nommé, en 1933, directeur du Bureau central de l’éducation des adultes juifs en Allemagne, Buber quitte ce pays en 1938. Professeur de philosophie sociale à l’université de Jérusalem, il dirige, de 1949 à 1953, l’Institut pour l’éducation des adultes en Israël, en compagnie de deux autres universitaires, Magnès et Simon. Dans la revue Ihud (Unité), il préconise le dialogue avec les Arabes. Après une tournée de conférences aux États-Unis, il reçoit le prix Goethe (1952) et le prix des Éditeurs allemands (1953). En 1963, à Amsterdam, le prix Érasme lui est attribué pour sa contribution au patrimoine culturel et social de l’Europe. Il meurt alors qu’il travaille à une traduction allemande du Livre de Job.

H. S.

➙ Hassidisme / Judaïsme / Sionisme.

 M. Friedman, Martin Buber, The Life of Dialogue (Chicago, 1955). / G. Schraeder, Martin Buber, hebräischer Humanismus (Göttingen, 1966). / A. Lacocque, E. Lévinas et G. Marcel, Martin Buber, l’homme et le philosophe (Institut de sociologie, Bruxelles, 1968). / R. Misrahi, Martin Buber (Seghers, 1968).

Bucarest

En roum. Bucureşti, capitale de la République socialiste roumaine ; 1 643 000 hab. Bucarest est devenue la plus grande agglomération urbaine du Sud-Est européen, venant loin devant Belgrade et Sofia, mais, contrairement à Budapest, ne centralise pas à l’excès la population ou la production dans le cadre de l’État roumain.



Le développement

La position et le site ne sont pourtant pas plus favorables que ceux d’autres villes du pied des Carpates, au contact avec les plaines roumaines de Valachie, à l’écart du Danube, et qui, à l’époque médiévale, ont joué un rôle parfois plus important. Le destin de la ville est lié à sa position sur une des grandes voies de communication entre les pays de la mer Noire et l’Asie Mineure d’une part, les plaines de l’Europe centrale d’autre part. Bucarest est située au débouché de la vallée de la Prahova, qui franchit les Carpates par un col de faible altitude, celui de Predeal (1 040 m). Elle se trouve donc en position symétrique de Braşov (Kronstadt) par rapport à ce passage, s’établissant sur un gué, non de la Prahova, mais d’une autre rivière carpatique, la Dîmboviţa. Le premier noyau de la cité s’étale sur une terrasse inférieure de cette rivière. Le centre comprend deux parties appelées Haut et Bas Marché et une résidence féodale. Il ne change guère au cours des xvie et xviiie s. : l’essentiel de l’activité est assuré par les commerçants et les artisans, groupés en corporations. Bucarest joue ainsi un rôle de contact entre des régions naturelles et économiques complémentaires : la montagne qui fournit ses eaux, son bois, les produits de son élevage ; la Podgoria valaque, collines tapissées de vergers et de vignobles, et les plaines couvertes de la grande forêt de chênes et de hêtres de la Vlăsia ; les régions plus, steppiques à l’est (le Bărăgan), qui deviennent au xixe s. des greniers à céréales ; les plaines alluviales inondables du Danube (voie de circulation, lieu de villes, centre d’une région en pleine transformation grâce à l’aménagement de périmètres irrigués) : La ville actuelle s’étend sur les terrasses et les interfluves sableux et argileux des rivières qui descendent des Carpates et dans les lits mineurs encore marécageux, parsemés de beaux lacs, convertis en sites touristiques et de villégiature, en particulier au nord.