Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

brûlures

Plaies d’un type particulier en raison de leur origine thermique, chimique, électrique ou radiante, origine qui est déterminante dans le processus de cicatrisation*.



Fréquence, causes

66 p. 100 des brûlures sont domestiques et pourraient donc être évitées au prix de quelques simples précautions et de l’éducation du public. 50 p. 100 des brûlés sont des enfants, victimes d’un défaut de surveillance.

La connaissance aussi précise que possible de la cause permet de prévoir la profondeur de la brûlure bien avant l’apparition des stigmates cutanés.

• Les brûlures par projection. Les vapeurs ou liquides à haute température dans lesquels le temps de contact a été bref donnent habituellement une brûlure de profondeur uniforme, guérissant le plus souvent spontanément.

• Les brûlures par ignition. Quelle qu’en soit l’origine, ce sont de beaucoup les plus graves, car, si elles sont localisées, elles sont par contre très profondes. Les causes les plus fréquentes en sont la projection de métaux en fusion, l’inflammation des gants de Nylon ou de protection, la préhension d’objets brûlants ; le contact prolongé avec des corps à haute température à l’occasion d’un coma (postépileptique, diabétique, alcoolique) est toujours la cause de graves dégâts.

• Les brûlures par projection d’agents chimiques (phosphore, acide sulfurique, solvants divers) à haute ou basse température. Elles entraînent des lésions térébrantes.

• Les brûlures électriques. Les lésions relèvent du contact direct avec une ou plusieurs électrodes et sont fonction du type de courant. L’importance des destructions dépend, en effet, de l’intensité du courant et de la conductivité du corps (effet Joule). La lésion est d’autant plus profonde que la surface de contact est plus petite et l’intensité du courant plus grande. Elle siège aux points d’entrée et de sortie du flux, mais peut, dans certains cas, aboutir à la perte totale d’un membre par coagulation de toutes ses protéines tissulaires. De toute façon, même dans les formes localisées, l’atteinte est profonde et grave, et la cicatrisation se fait mal.

• Les brûlures par rayons ionisants et particules élémentaires. Si les rayons X en sont l’étiologie la plus fréquente, essentiellement chez les radiologues, elles sont provoquées avec une fréquence croissante par l’utilisation de substances fissibles émettant des rayons alpha, bêta, gamma ou même des neutrons. Elles sont diffuses, cicatrisent mal et posent des problèmes particuliers à cette étiologie.


Siège des brûlures

La face ventrale du corps est plus exposée que le dos ; par contre, c’est la région dorsale de la main qui est de beaucoup le plus fréquemment atteinte. 40 p. 100 des brûlures atteignent la main, isolément ou en association avec d’autres localisations.


Conséquences tissulaires

L’œdème. Mode de réaction des tissus aux agressions, l’œdème est ici aggravé du fait de l’hyperperméabilité des capillaires. C’est le « trou capillaire ».

L’infection. C’est l’ennemi le plus redoutable. Pour l’éviter, on a créé des services de brûlés, dans lesquels les précautions d’asepsie les plus extrêmes sont prises. L’infection risque de détruire ce qui a été préservé par la brûlure et sa persistance (et il est bien difficile de l’éliminer) non seulement retarde beaucoup la guérison, mais encore rend celle-ci de médiocre qualité.

La sclérose. Son apparition au niveau des articulations et des muscles risque de faire perdre à ceux-ci leur valeur fonctionnelle.


Étude clinique et thérapeutique


Sur les lieux de l’accident

Il convient de poser comme règle absolue qu’aucun acte médical, aucun pansement, aucun traitement ne doit être exécuté en dehors d’un service de chirurgie, c’est-à-dire que tout zèle abusif de personnes bien intentionnées doit être banni.

On ne touchera sous aucun prétexte aux vêtements protégeant des souillures la surface brûlée. S’il s’agit d’une région exposée, tout lavage, toute application de corps gras, de crème, d’antiseptiques colorés (mercurescéine) et d’onguents divers sera proscrite.

En cas de brûlure par l’électricité, on n’omettra pas de s’assurer de l’interruption de la tension avant de toucher au blessé.

La région brûlée, si elle est découverte, sera enroulée dans un drap propre, et le blessé envoyé dans un centre de chirurgie (car c’est une affection chirurgicale), couché dans une ambulance, après lui avoir éventuellement administré une boisson chaude, un analgésique puissant.


À l’arrivée au centre chirurgical

• La prévention du choc. Classiquement, le choc ne se voit que pour des brûlures supérieures à 20 p. 100 de la surface du corps chez l’adulte, à 15 p. 100 chez l’enfant ; en fait, il est variable avec la profondeur de l’atteinte et la constitution du blessé.

Cliniquement, ce choc se traduit par une agitation ou, au contraire, par une apathie anormale avec un refroidissement des extrémités, une respiration accélérée.

Biologiquement, il existe un syndrome d’hémoconcentration en raison de la fuite de l’eau et des électrolytes dans l’espace interstitiel.

Le traitement s’efforcera de calmer la douleur, de perfuser le blessé aussi abondamment qu’il est nécessaire, sans omettre l’injection sous-cutanée de sérum antitétanique.

• La prévention de l’infection. Elle comprend l’emploi d’antibiotiques et un traitement chirurgical bien conduit.


Le traitement chirurgical proprement dit

Il ne sera entrepris qu’une fois l’état général nettement amélioré, mais sans attendre plus de quelques heures cependant. Il visera à apprécier le siège, l’étendue et la profondeur de la brûlure ; à déterger les surfaces atteintes et à exciser les débris voués à la nécrose ; à protéger de l’infection (toute brûlure est potentiellement infectée) et à lutter contre l’œdème et sa séquelle, la raideur.