Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Britten (Benjamin) (suite)

Sa production est d’ailleurs dominée par ses opéras : Peter Grimes (1945), qui est peut-être son œuvre la plus authentique, la plus anglaise aussi ; The Rape of Lucrezia (1946), qui est certainement son œuvre la plus avancée à défaut d’être la plus sincère ; Albert Herring (1947), qui est une réussite comique d’après le Rosier de Mme Husson de Maupassant ; Let’s make an Opera (1949), pour les enfants, avec la participation du public ; Billy Budd (1951) ; Gloriana (1953), pour le couronnement de la reine Elisabeth ; The Turn of the Screw (1954), sa plus parfaite réussite avec Peter Grimes ; le Songe d’une nuit d’été (1960), où, comme dans Billy Budd, les dimensions du sujet l’ont trouvé un peu court de souffle ; une révision du Beggar’s Opera (1948) et trois « opéras d’église » ou « paraboles », Curlew River, The Burning Fiery Furnace et The Prodigal Son (1967-1968), influencés par le théâtre nō et le mystère médiéval, d’une remarquable conception dramatique mais d’une réalisation musicale un peu mince.

Dans le domaine de la musique vocale, il a composé un Hymne à sainte Cécile, A Ceremony of Carols, Spring Symphony, un War Requiem dont la grandiloquence extérieure ne lui est ni habituelle ni naturelle, et les Illuminations, pour ténor et cordes d’après Rimbaud, qui est sa plus remarquable réalisation sur ce plan.

À l’orchestre, il a donné Simple Symphony, d’une fraîcheur encore enfantine, Sinfonia da Requiem, un peu compassée, et deux partitions très brillantes ainsi qu’agréablement décoratives, Variations et fugue sur un thème de Purcell et Variations sur un thème de Frank Bridge.

C. R.

Brive-la-Gaillarde

Ch.-l. d’arrond. de la Corrèze ; 49 325 hab. (Brivistes).


À 112 m d’altitude, Brive est située dans la large vallée alluviale de la Corrèze, qui vient de s’échapper des plateaux métamorphiques du Limousin pour pénétrer dans le bassin de Brive, déblayé dans les grès argileux rouges du Permien et du Trias, particulièrement dans cette zone de confluence avec la Vézère (à 3 km à l’ouest). La ville est dominée par des collines gréseuses au nord, et, au sud, par des buttes calcaires, avancées des Causses du Quercy. La situation est donc au contact du Massif central et de sa bordure sédimentaire, au centre d’un bassin favorisé par les sols et le climat, entre le socle et les Causses. Le site est avantageux par la place qu’il offre et par des risques d’inondation réduits par rapport au confluent Corrèze-Vézère.

Ces conditions favorables furent exploitées tôt : le nom, d’origine celtique (Briva), signifie « pont », et les grandes routes actuelles (RN 20, RN 89) reprennent approximativement le tracé de voies romaines. Longtemps, cependant, le rôle de carrefour est resté modeste, l’essentiel du trafic E.-O. passant plus au nord par Limoges, et le grand courant Paris-Toulouse ne s’étant affirmé que tardivement. Brive était surtout un modeste marché où s’échangeait le bétail du Limousin contre le blé, le vin, l’huile et les châtaignes des bordures. Elle eut cependant une administration municipale dès le xiie s. et des consuls au début du xiiie s. Puis s’y ajouta au xvie s. un petit rôle administratif (sénéchaussée). Mais dans ce domaine Tulle l’a toujours emporté (évêché, élection, puis préfecture). Au xviiie s., la construction des routes empierrées par les intendants intensifie le roulage, et Turgot favorise la création de la fabrique de soieries, le Clère, qui fut la première en France à utiliser la mule-jenny. Mais cette industrie ne survécut pas au-delà du second Empire. À partir de 1870, le chemin de fer permet à Brive (10 700 hab. en 1872) de supplanter Tulle, grâce à un important croisement (Paris-Toulouse, Bordeaux-Clermont) et, plus encore, grâce à la transformation de l’agriculture dans le bassin, qui s’oriente vers l’élevage bovin, la production de fruits et de légumes, principalement pour le marché parisien. Ultérieurement (début du xxe s.) s’ajouteront la conserverie alimentaire et des industries annexes (emballages, fabriques de boîtes en fer-blanc, etc.), plus quelques modestes autres productions (sabots, bobines, accordéons). Brive atteint ainsi 29 000 habitants en 1936. Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance s’accélère : 36 000 habitants en 1954, 43 000 en 1962 ; actuellement, avec la banlieue de Malemort, plus de 50 000 habitants. Brive reste avant tout un centre commercial : environ 60 p. 100 de la population active travaillent dans le secteur tertiaire, dont les deux tiers dans le commerce. La ville s’est constitué une zone d’influence qui va d’Uzerche au nord à Gourdon au sud, et qui empiète sur l’est du Périgord. Mais il y a eu aussi une certaine industrialisation, surtout entre 1950 et 1960, attestée par le succès de la zone industrielle de Beauregard, à l’ouest (électromécanique, outillage, confection), venant s’ajouter à ce qui reste ou à ce qui s’est renouvelé des anciennes activités (salaisons, conserves, confiserie, papeterie-cartonnerie, chaussures, fonderie). Cette expansion industrielle semble s’être ralentie depuis 1960, et Brive, qui est devenue le principal pôle attractif du bas Limousin, aurait besoin d’une nouvelle poussée d’industrialisation pour retenir la main-d’œuvre jeune et bénéficier de l’exode rural, qui demeure fort et ne peut être entièrement absorbé par les services, compte tenu de la faible population à desservir dans la zone d’influence de la ville.

Le plan urbain montre un noyau central autour de l’église Saint-Martin, serré sur la basse terrasse, à quelque distance de la rive gauche de la Corrèze, entouré de boulevards, puis une ceinture de quartiers aux maisons basses du siècle dernier, partiellement entourés d’une deuxième ceinture de boulevards, au sud et à l’est (de la place de la Liberté au boulevard Michelet). Au sud (quartier de la Gare) et au nord (rive droite de la Corrèze), le développement de la ville est vite entravé par le relief. Aussi tend-elle à s’étendre surtout sur l’axe E.-O. de la RN 89 : au N.-E., sur la commune de Malemort-sur-Corrèze, à l’ouest en direction de Beauregard : une banlieue surtout pavillonnaire s’y mélange de quelques ateliers et usines, tandis que les immeubles collectifs sont rares et se rencontrent plutôt dans les faubourgs directs de la ville. C’est davantage par son cadre que par son allure assez banale que Brive mérite l’épithète décernée par le poète occitan Jasmin de « riant portail du Midi ». En revanche, son activité est une des principales chances de redressement de la région du bas Limousin.

P. B.