Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brésil (suite)

Le Plateau intérieur

Il constitue la zone du climat tropical à saison sèche, de la savane plus ou moins arborée, la zone des grands plateaux horizontaux qu’accidentent seulement l’encaissement du réseau hydrographique ou les chapadas. À l’ouest de tous les foyers de peuplement, le Plateau intérieur est, dans l’organisation de son espace, caractérisé par le manque d’hommes. Faute d’avoir été mis en valeur par un groupe humain important, il a, lui aussi, servi de zone de refuge aux groupes indiens plus ou moins protégés par le gouvernement et qui ont le même genre de vie et les mêmes types de relations avec le monde extérieur que les tribus d’Amazonie.

Mais le Plateau intérieur est, avant tout, le domaine de l’élevage extensif à caractère spéculatif, pratiqué dans les plus grandes propriétés du Brésil.

Actuellement, faute d’activités autres que l’élevage et l’agriculture de subsistance de la main-d’œuvre agricole, les villes sont essentiellement des centres administratifs liés à la division de la zone en États.

À la fois centres administratifs, commerciaux et culturels, ces villes-capitales ne représentent qu’un niveau assez modeste de vie urbaine. Les autres agglomérations sont des bourgs de petites dimensions, la faiblesse des niveaux de vie de l’ensemble de la région empêchant la naissance de véritables centres d’activités tertiaires. Cependant, au sein de cette organisation traditionnelle de l’espace, la ville de Brasília*, implantée au cœur du Plateau, peut être un germe de transformation.


Le Nordeste

Formé par la pointe du Brésil qui avance vers l’Atlantique, le Nordeste comporte un assez grand nombre d’États de dimensions très variées. Il est avant tout caractérisé par un groupe humain important et très misérable. C’est la région de la pauvreté, de l’exode rural vers les grandes villes ou les autres régions, la région des famines lors des périodes de sécheresse particulièrement accentuées, en un mot, la région du sous-développement. Certes, la plus grande partie du Nordeste, constituée par la zone de climat semi-aride conjuguant la faiblesse quantitative annuelle des pluies et leur grande irrégularité, est tributaire, pour sa mise en valeur agricole, de ces conditions climatiques. Pourtant, celles-ci ne sauraient fournir l’explication de la faiblesse des niveaux de vie, dans la région. En effet, le Nordeste comporte également une zone littorale chaude et humide, ainsi qu’une zone intermédiaire bénéficiant d’une nature encore très favorable à l’homme ; or, ces trois milieux naturels offrent le spectacle de la même misère. Il s’agit surtout de la misère rurale, celle de l’homme de la terre, liée aux formes de mise en valeur résultant de la structure foncière héritée de l’époque coloniale. La zone des plaines littorales, la zona da mata, c’est-à-dire la « zone de la forêt », est le lieu d’élection de la grande culture de la canne à sucre. C’est là que se trouvent les fermes traditionnelles et les usines de transformation de la canne à sucre avec leurs grandes plantations. Mais c’est là aussi que vivent l’ouvrier agricole sans salaire, établi sur les marges des plantations dans une pauvre cabane, entourée d’un lopin de terre concédé à titre précaire pour ses cultures de subsistance, et l’ouvrier agricole sans terres, installé dans des baraquements ou dans les anciens logements d’esclaves et rétribué par un salaire si dérisoire que sa misère est encore plus grande que celle de l’ouvrier sans salaire dont le lopin de terre assure la nourriture.

La zone intermédiaire, l’Agreste, est le domaine de l’élevage, actuellement orienté vers la production du lait, ou le domaine de la polyculture de subsistance, produisant des excédents commercialisés pour les grandes villes du littoral. Certaines parties plus humides se consacrent aussi à de petites plantations de caféiers. Dans les grandes propriétés d’élevage comme dans les petites propriétés faisant de la polyculture, le niveau de vie est très bas, résultant, dans les premières, des relations de travail et des modes de rémunération, dans les secondes, de l’exiguïté de l’espace à cultiver, du manque de moyens financiers et de la faiblesse des connaissances techniques du paysan.

Enfin la zone intérieure du Nordeste, qui couvre près de 90 p. 100 du territoire de cette région, forme le sertão, la zone de la sécheresse, où domine la grande propriété pratiquant essentiellement l’élevage extensif des bovins ou des chèvres. À la faiblesse des niveaux de vie des travailleurs de ces grandes fermes s’ajoute la perpétuelle menace d’une sécheresse plus accentuée qui, en détruisant la petite polyculture de subsistance qui assure la nourriture des paysans, déclenche alors l’exode des retirantes, familles entières migrant vers les grandes villes du littoral du Nordeste, Recife* et Salvador*, ou vers d’autres régions.


Le Sud-Est

Bénéficiant de conditions naturelles assez variées, tant climatiques, opposant climat tropical à saison sèche peu marquée du littoral et climat tropical à saison sèche plus marquée de l’intérieur, que topographiques, avec des reliefs de moyenne montagne, de bassin intérieur et de plaine littorale, le Sud-Est doit son unité aux facteurs humains et économiques qui en font le pôle d’attraction du Brésil. Il réunit actuellement environ 40 millions d’habitants, soit près de la moitié de la population, sur une superficie représentant un dixième de l’espace national. Il possède les deux plus grandes villes, São Paulo et Rio de Janeiro.

Cette région concentre près des trois quarts du potentiel industriel du pays, tous les sièges sociaux des grandes entreprises, toutes les activités tertiaires supérieures. C’est là aussi que vit l’aristocratie brésilienne, ce qui entraîne la localisation à l’intérieur de cet espace de toutes les activités tertiaires rares qui répondent à la capacité de consommation de ce groupe humain au niveau de vie élevé.