Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Brésil (suite)

Les grands cadres du relief

Le Brésil ne comporte pas de véritables hautes montagnes. Cependant, le relief présente des différences assez nettes : les immenses zones où dominent les horizons plats (plaines au sein desquelles serpentent les rivières ou plateaux où elles s’encaissent) s’opposent à la partie atlantique, plus disséquée, où, malgré des altitudes ne dépassant jamais 3 000 m, le paysage offre un aspect de moyenne montagne avec des versants dominés par des crêtes et même des pics en contraste violent avec les vallées. Il faut donc distinguer les plaines, les plateaux et les hautes terres de l’Est.

Dans l’ensemble, le Brésil est une zone de très vieux socle, basculé, à la fin du Tertiaire, d’est en ouest, donnant ainsi dans la partie orientale un relief plus élevé, plus disséqué, et à l’ouest une zone où les surfaces d’aplanissement, mieux conservées, expliquent l’allure plus horizontale du paysage. Les derniers mouvements verticaux ont, en outre, abouti à des cassures, des failles, qui délimitent des fossés d’effondrement dans la partie orientale. Des mouvements antérieurs avaient déjà commencé à marquer la très grande cassure qui divise ce socle en deux massifs, le massif brésilien et le massif guyanais, laissant entre les deux la grande plaine d’effondrement de l’Amazonie, remplie de sédiments tertiaires et quaternaires. Enfin, le Brésil a connu des phénomènes volcaniques et, en particulier, un immense épanchement basaltique dans la partie méridionale du pays qui a recouvert une superficie d’environ 800 000 km2 depuis le Paraná jusqu’au sud du Rio Grande do Sul.

La presque totalité du Nord brésilien est constituée par la grande plaine de l’Amazonie, sur une longueur d’environ 3 500 km pour une largeur variant de 600 à 1 200 km.

Il s’agit d’un vaste ensemble dont l’altitude est toujours inférieure à 200 m et qui correspond à la grande zone effondrée remplie sur des centaines, voire des milliers de mètres par des sédiments venus de la cordillère des Andes, où naissent l’Amazone et une partie de ses affluents.

À vrai dire, cette plaine offre, dans son relief et son paysage, plusieurs aspects. Il y a d’abord la zone inondable, la Várzea, qui, sur quelques centaines de kilomètres au maximum, parfois quelques dizaines seulement, borde l’Amazone et ses principaux affluents et représente la plaine d’inondation au niveau même des fleuves. Cette plaine a été creusée par les fleuves dans leurs propres sédiments. Aussi les terrasses consécutives à chaque phase de creusement constituent-elles la majeure partie de l’Amazonie ; s’élevant à des altitudes de 20, 40, voire 60 m au-dessus du niveau actuel des rivières, tantôt plates, tantôt disséquées en collines, elles forment de vastes étendues insubmersibles.

Enfin, l’Amazonie comprend, sur ses bords, des zones de transition avec les massifs, zones où les aplanissements cristallins s’enfoncent doucement sous les sédiments, sans opposition violente dans le paysage, les terrasses faisant insensiblement suite à une région de collines et de bas plateaux disséqués. Seules les rivières sont marquées par ce contact, puisque la plupart sont affectées de rapides, même de chutes, lors de leur passage de la zone du socle cristallin à la zone des dépôts détritiques du fossé d’effondrement. De ce fait, la navigabilité de ces rivières se trouve affectée, tandis que les cours d’eau coulant en plaine, et l’Amazone en particulier, constituent une voie de pénétration unique pour la navigation fluviale.

Au sud de cette grande plaine et à l’ouest des hautes terres s’étend le deuxième grand ensemble structural du Brésil, le Plateau intérieur, formé par le socle. C’est avant tout une surface d’aplanissement resoulevée et inclinée vers l’ouest, vers le sud et vers le nord, si bien qu’il offre l’aspect d’un château d’eau avec des rivières qui divergent dans tous les sens, les affluents de l’Amazone se dirigeant vers le nord, le Paraná et ses affluents vers le sud.

D’une façon générale ce plateau est caractérisé par des horizons très plats, avec, cependant, un certain nombre de différenciations dans le paysage : vallées encaissées, longues crêtes rectilignes, les « chapadas », formées par des roches ayant résisté au dernier aplanissement, longues cuestas nées dans les zones situées en dehors du socle cristallin par suite de la différence de résistance entre les roches.

Les hautes terres de l’Est ne sont que la partie beaucoup plus soulevée et fracturée de ce plateau intérieur. Le basculement s’étant produit d’est en ouest, ces hautes terres sont drainées en général par des rivières qui coulent vers l’intérieur. Seul le grand escarpement de faille qui sépare les hautes terres des plaines littorales et dont l’altitude relative peut dépasser 1 000 m est disséqué par de petits torrents qui descendent rapidement vers l’Atlantique. Il présente ainsi un paysage de moyenne montagne et constitue un obstacle important pour la circulation : c’est le cas, de la serra do Mar, au niveau de Rio de Janeiro, ou de la serra Geral, plus au sud.

Ces hautes terres disséquées en crêtes, en pics ou en vallées encaissées, offrent comme autre élément de variété des fossés d’effondrement parallèles au rivage, qui donnent alors aux rivières une direction différente : le Paraíba do Sul, qui coule entre deux crêtes, la serra do Mar et la serra da Mantiqueira, se dirige pendant longtemps vers le nord avant de se jeter dans l’Atlantique. De même, le bassin du São Francisco résulte, dans toute sa partie méridienne, d’un effondrement entre deux zones soulevées. Ces hautes terres sont, le plus souvent, bordées par une zone littorale d’une faible largeur, ne dépassant généralement pas 50 km, et présentant soit l’aspect de bas plateaux dus à des dépôts détritiques, soit de collines creusées dans un socle cristallin affaissé, ou bien de véritables plaines littorales. Cette zone bordière revêt une grande importance sur le plan du peuplement et de la mise en valeur.