Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Brême

En allem. Bremen, ville et Land de la République fédérale d’Allemagne.
Les villes de Brême et Bremerhaven constituent le plus petit (404 km2) et le moins peuplé (734 000 hab.) des Länder de la R. F. A. Cette autonomie administrative, politique et économique est due au passé hanséatique de la grande cité portuaire.



Le Land

Situé sur l’estuaire de la Weser, il est composé de trois éléments nettement distincts : la Marsch (ou polder), la Geest et un cordon dunaire. Les Marschen fluviales ont été endiguées afin de les protéger contre les hautes eaux de la Weser et de ses affluents qui résultent de la conjonction de hautes eaux automnales et hivernales, des marées de solstice d’hiver et des tempêtes marines. Ces terres lourdes, argileuses, sont d’excellents pâturages ou, après amendements, de bonnes terres maraîchères. Le climat océanique, en limitant le nombre des jours de gel à une soixantaine par an, favorise la vie agricole. Les Marschen sont encadrées par un plateau sableux, la Geest, qui domine très légèrement les zones fluviales. À cela s’ajoute, sur la rive droite, une longue et étroite chaîne de dunes qui, près de Bremen-Burg, bute sur la Geest septentrionale. Le plus haut point à Brême se situe près de la cathédrale à 13 m au-dessus du niveau de la mer ; à Bremen-Nord on atteint 24 m.

La proximité du cordon dunaire a constitué le milieu le plus favorable à l’installation humaine. Jusqu’au xixe s., la plaine alluviale, marécageuse, a été un milieu répulsif. Ce n’est que sous la poussée urbaine, industrielle et portuaire que cette zone a été aménagée. La construction de digues fut une nécessité absolue, car chaque crue de la Weser provoquait de graves inondations. Le réseau de digues urbain compte 115 km de longueur. Les dernières graves inondations (1962) ont montré la fragilité des protections existantes. Malgré ces aspects dangereux, la Weser reste l’élément vital de la région. Les marées se font sentir jusqu’au « Hastedter Wehr », c’est-à-dire en amont du port. L’ensablement de l’estuaire s’est aggravé au cours des derniers siècles. Des travaux considérables furent entrepris à partir de 1886. Ils ont permis d’augmenter le marnage de 0,2 à 3,10 m, c’est-à-dire à peu de chose près celui de Bremerhaven. Ainsi la navigation a été facilitée sur le fleuve, qui a 130 m de large près du grand pont sur la Weser et 210 m à Vegesack ; à Bremerhaven, la largeur atteint 1 500 m.

F. R.


L’agglomération de Brême


Son développement

L’origine de Brême se rattache à l’établissement d’un évêché, par Charlemagne, en 787. L’attrait de la situation vient du croisement de routes menant du Rhin inférieur vers la Baltique et du Schleswig vers la Basse-Saxe et la Westphalie. Après la ruine de Hambourg, en 845, l’archevêque Anschaire s’y réfugia et lui donna un grand essor. Un des archevêques les plus célèbres, Adalbert (1043-1072), fut tuteur de l’empereur Henri IV. Très tôt, le siège de l’archevêché de Brême et de Hambourg fut fixé à Brême, et la ville sépara ses destinées de celles de l’archevêché et accrut ses franchises ; en 965, elle avait obtenu le droit de marché.

Dès le xiie s., Brême avait établi des relations commerciales avec les ports de la mer du Nord ; dans la Baltique, elle avait installé un comptoir à l’embouchure de la Dvina (1158), sur l’emplacement de la future Riga. Brême entra dans la Hanse en 1358, tout en se maintenant dans une large indépendance. De l’époque médiévale il reste le quartier pittoresque de « Schnoor » ainsi que la place du marché, flanquée de l’hôtel de ville et de la cathédrale Saint-Pierre ; le Parlement local de construction récente ne dépare pas cet ensemble. Au xvie s., la ville se rallia à la Réforme ; en 1646, elle fut officiellement déclarée ville libre. Pendant la guerre de Trente Ans, elle réussit à maintenir son indépendance contre les Suédois. Dans la seconde moitié du xviiie s., Brême entra en relations commerciales avec le continent américain et devint un centre très important de redistribution des denrées tropicales dans toute l’Allemagne.

En 1810, la ville fut annexée au département des Bouches-du-Weser ; en 1815, elle fut, de nouveau, reconnue ville libre. Sa Constitution resta aristocratique jusqu’en 1854, date à laquelle des réformes libérales furent introduites. La municipalité était formée de 150 représentants des diverses classes avec un sénat de 16 membres inamovibles. Cette situation fut maintenue jusqu’à la Constitution républicaine de 1920, qu’a remplacée la Constitution du 21 septembre 1947.

Deuxième port d’Allemagne au xixe s., Brême demeura à l’écart du Zollverein jusqu’en 1888. Cet isolement douanier ne réduisit d’ailleurs pas son rôle commercial. Brême devint, au xixe s., le grand port allemand du coton et du tabac, plus tard du pétrole raffiné ; et aussi le plus important port d’émigration vers le continent américain.

Restée longtemps port franc de redistribution, Brême est, au xxe s., le centre d’une région industrielle qui s’est étendue progressivement entre la ville et son avant-port de Bremerhaven, faisant de la Basse-Weser une véritable rue industrielle.

O. G.

L’essor de la ville se place, surtout, après 1905. La population ne s’élevait qu’à 53 500 habitants en 1849, 102 500 en 1875 et 212 000 en 1905. Elle est de 444 000 habitants en 1949 et 606 000 en 1969, soit onze fois plus élevée qu’en 1849. Bremerhaven, créé entièrement à partir de 1827, abrite 149 000 habitants en 1969. Cette forte augmentation est due, essentiellement, à l’immigration, bien que l’excédent des naissances soit de l’ordre de 5 p. 1 000. La population théoriquement active s’élève à 65 p. 100 de la population totale. Les activités industrielles occupent 37 p. 100 des travailleurs, le bâtiment 8 p. 100. Le secteur tertiaire, du fait du port, reste largement prédominant. Cependant, la part de l’industrie dans la valeur du produit brut atteint 40,6 p. 100 contre 58,8 p. 100 au secteur tertiaire (dont 37,2 p. 100 pour le commerce, les transports et les communications). À Bremerhaven, l’industrie n’entre que pour 28,6 p. 100 dans la constitution du produit brut, illustrant ainsi la prédominance des fonctions portuaires.