Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bougainville (Louis Antoine de)

Navigateur français (Paris 1729 - id. 1811).


Fils d’un notaire parisien, Louis Antoine de Bougainville ne semblait pas destiné à courir les mers. De fait, doué pour les études, il est d’abord reçu avocat au barreau de Paris et s’intéresse aux mathématiques, publiant à vingt-cinq ans un Traité du calcul intégral (1754-1756). Malgré ces débuts prometteurs, il cherche une voie moins sédentaire et croit la trouver dans l’armée. Il apprend le métier d’officier aux mousquetaires noirs, puis se lance dans la diplomatie : envoyé à Londres, il participe à des négociations sur les limites de la Nouvelle-France et de la Louisiane. Enfin, grâce à l’appui de la marquise de Pompadour, sur laquelle sa bonne mine fait heureuse impression, il est nommé capitaine des dragons et premier aide de camp de Montcalm : l’aventure commence.

Débarqué avec son chef à Québec le 13 mai 1756, il participe bientôt à des escarmouches qui opposent les Français aux Anglais et, le 9 août 1757, s’empare du fort William-Henry, sur le lac Champlain, faisant 2 000 prisonniers. Il étudie aussi les mœurs des Indiens, participe parfois à leurs cérémonies et s’unit, dit-on, à une jeune « sauvagesse ».

En 1758, il est envoyé en France pour chercher du renfort. Il n’obtient que 300 soldats, mais est promu colonel. Revenu au Canada, il ne peut contribuer à éviter le désastre des plaines d’Abraham, où Montcalm trouve la mort. Il dirige la retraite, puis est chargé d’organiser la capitulation des troupes françaises.

Revenu en France, il met sur pied un projet de colonisation des îles Malouines (les îles Falkland des Anglais), dans l’Atlantique Sud. En 1763, il va y installer plusieurs familles d’Acadiens. Mais, en raison de son importance stratégique, les Anglais mettent la main sur l’archipel (1765). Pour éviter l’humiliation d’un abandon, la France cède ses droits à l’Espagne, qui rembourse de ses frais l’initiateur de la colonisation. L’argent de cette cession permet à Bougainville de lancer une autre expédition, qui fera sa gloire : le récit de son grand voyage développera l’un des mythes les plus durables de l’exotisme, celui du merveilleux « paradis polynésien ».

Parti de Brest avec la frégate la Boudeuse (déc. 1766), Bougainville va céder officiellement les Malouines aux Espagnols, puis il assiste en Uruguay aux suites de l’expulsion des Jésuites, événement considérable, dont il fera un commentaire objectif. En décembre 1767, il pénètre dans le détroit de Magellan, prend contact avec les Fuégiens, puis entreprend la traversée de la « mer du Sud », ce qui exige cinquante-deux jours de navigation. Le 5 avril, il atteint Tahiti, la « Nouvelle Cythère », où il restera dix jours. Le récit de ce séjour (Voyage autour du monde, 1771) sera ce qu’attendent ses contemporains, fervents lecteurs de Rousseau. Bougainville y montre le bon sauvage : « Dans ce jardin d’Eden, un peuple nombreux jouit des trésors que la nature verse à pleines mains sur lui [...]. Partout, nous voyions régner l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur. » Quelques ennuis, de nombreux larcins, une rixe au cours de laquelle trois Tahitiens sont tués par les Français altèrent un peu l’optimisme des premières heures.

Le retour, enfin, est difficile : la famine règne avant que l’on atteigne la première des Moluques. Bougainville est de retour à Saint-Malo le 16 mars 1769.

Premier capitaine français à avoir effectué le tour du monde, il n’en reste pas moins roturier et, à la fin de sa carrière, dans le corps très exclusif des officiers de marine, en souffre.

Promu chef d’escadre en 1779, il retourne sous les ordres du comte de Grasse, qui l’accusera de s’être trop tôt retiré du combat lors de l’échec des Saintes (12 avr. 1782), et reçoit une « admonestation » du Conseil de guerre de Lorient. Il reprend du service au début de la Révolution, en 1790, mais reste fidèle à Louis XVI, et la Terreur lui vaudra quelques mois de prison. Il retrouve les honneurs avec le Consulat. Napoléon le fait sénateur, comte et grand officier de la Légion d’honneur.

S. L.

 J. Lefranc, Bougainville et ses compagnons (A. Michel, 1929). / J. Dorsenne, la Vie de Bougainville (Gallimard, 1930). / Ch. de La Roncière, Bougainville (Éd. de la Nouvelle Revue critique, 1942). / J. E. Martin-Allanic, Bougainville navigateur et les découvertes de son temps (P. U. F., 1964 ; 2 vol.). / M.-C. Touchard, les Voyages de Bougainville (A. Michel, 1974).

bougie

Appareil assurant l’allumage de la masse gazeuse contenue et comprimée dans la culasse du moteur à explosion en transformant en étincelles les pulsations électriques périodiques à haute tension fournies par le système d’allumage.



Constitution de la bougie

Elle est composée d’une tige métallique centrale noyée dans une masse isolante et qui porte à son extrémité supérieure une borne où s’insère le fil amenant le courant à haute tension provenant du distributeur d’allumage. L’isolant est entouré par un culot métallique à la base duquel on place une ou plusieurs petites tiges métalliques, qui sont mises à la masse lorsqu’on visse le culot dans la culasse. L’étincelle jaillit entre l’électrode de masse et l’électrode centrale, qui sont écartées l’une de l’autre de 5/10 à 8/10 de millimètre, selon le type considéré.


Importance du degré thermique

La résistance de la bougie à l’auto-allumage et à l’encrassement est caractérisée par son degré thermique. On l’évalue en utilisant un moteur expérimental à rapport volumétrique de compression variable. On augmente progressivement ce rapport jusqu’à ce que l’on parvienne à la zone d’auto-allumage. Le degré thermique correspond à la valeur maximale du rapport volumétrique de compression, à partir duquel on observe une baisse de puissance du moteur après un fonctionnement d’une durée de deux minutes. Une bougie a tendance à provoquer de l’auto-allumage lorsque le refroidissement insuffisant de la partie de l’isolant exposée dans la culasse et de l’électrode centrale autorise la formation d’un point chaud aux extrémités des électrodes, qui se trouvent portées au rouge. On distingue deux sortes de bougies : la bougie chaude, à degré thermique faible et dont l’isolant long est bien exposé à la flamme, et la bougie froide, à degré thermique très élevé et dont l’isolant court lui permet de refroidir rapidement. La bougie chaude a perdu beaucoup de son intérêt depuis la réduction de son pouvoir d’autodécrassement. La combustion du mélange carburé provoque la formation de carbone à l’intérieur de la culasse. L’huile et le carburant en excès qui s’y rencontrent sont transformés en composés chimiques plus ou moins conducteurs de l’électricité. Lorsqu’il était possible d’utiliser le véhicule à vitesse de croisière constante, la bougie chaude brûlait ces résidus. Actuellement, le trafic en ville impose une marche au ralenti qui entraîne un abaissement sensible de la température interne de la culasse, et la bougie n’est plus assez chaude pour intervenir efficacement. Lorsque la vitesse du véhicule peut retrouver sa valeur normale, il en résulte un accroissement rapide de la température interne de la culasse, et les dépôts sont transformés en une matière vitreuse semi-conductrice que la bougie ne peut détruire en totalité. La résistance de l’isolant diminue en entraînant une baisse de tension à la source de courant.