Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aéroport (suite)

Les pistes et leur environnement

La disposition des pistes sur un aérodrome dépend tout à la fois du régime des vents et du trafic prévu pour l’aérodrome. L’importance du trafic influe également sur le nombre de pistes à construire. Le plan de masse initial prévoit donc toujours un nombre déterminé de pistes, qui peuvent être ultérieurement réalisées en fonction de l’accroissement du trafic.

Au moment du décollage ou de l’atterrissage, les avions commerciaux actuels sont capables de supporter des vents latéraux qui peuvent atteindre 37 km/h pour les aéroports de la classe B et 24 km/h pour ceux de la classe C. L’O. A. C. I. recommande également que l’orientation et le nombre des pistes soient tels que, dans 95 p. 100 des cas, il y ait toujours une piste utilisable sur l’aéroport. En fait, pour des raisons évidentes de rentabilité et afin d’éviter de coûteux déroutements, les aérodromes recherchent un coefficient d’utilisation le plus voisin possible de l’unité. Pour y parvenir, dès qu’un site a été choisi pour l’implantation d’un nouvel aéroport, des études permettent d’établir des statistiques sur les orientations et les intensités des vents. Ce sont ces statistiques couvrant cinq à dix années, qui permettent de choisir les orientations des pistes. Quelques degrés d’écart seulement dans cette orientation peuvent entraîner une diminution notable du coefficient d’utilisation ou nécessiter la construction anticipée d’une piste complémentaire. Cette construction peut aussi découler d’une augmentation du trafic, lorsque le débit horaire d’une piste (pour les aéroports internationaux) dépasse fréquemment le taux moyen de 35 à 40 mouvements (décollages ou atterrissages).

• Disposition des pistes. Sur un aéroport, les principales dispositions sont les suivantes : piste unique, pistes en baïonnette, pistes disposées en triangle, pistes divergentes doubles ou multiples, pistes parallèles multiples, pistes tangentielles rayonnant autour de l’aérogare centrale. Dans tous ces cas, les pistes peuvent être concourantes, mais, en aucun cas, deux pistes susceptibles d’être utilisées simultanément ne doivent se couper.

• Dimensions des pistes. Elles doivent satisfaire à des critères extrêmement précis. Les longueurs indiquées précédemment pour la classification des aéroports correspondent à des longueurs de base, c’est-à-dire pour une piste située au niveau de la mer en atmosphère standard (air sec à 15 °C sous 760 mm de mercure). La longueur réelle doit donc tenir compte des corrections dues à l’altitude de l’aéroport et aux conditions météorologiques extrêmes qui peuvent y régner. Au-delà de la piste, il doit également exister un prolongement dit prolongement occasionnellement roulable, qui doit fournir une longueur suffisante pour l’arrêt d’un avion après sa période d’accélération. C’est, en quelque sorte, une zone d’arrêt d’urgence. C’est dans cette zone, et même au-delà, que peuvent être placés des matériaux, tels que terre, sable ou graviers, destinés à freiner un avion qui, manquant son décollage ou son atterrissage, viendrait à dépasser les limites de la piste. Dans l’avenir, c’est au début de ce prolongement que pourraient être placées les barrières d’arrêt, constituées par des sangles ou des filets et destinées à freiner rapidement un avion en dépassement de piste avec le minimum de dégâts et pour l’appareil et pour les passagers ou le fret.

Au point de vue de la largeur, une piste est située au centre d’une bande de dégagement. Pour les catégories les plus élevées, la piste proprement dite doit avoir 45 m de largeur avec une bande s’étendant au moins sur 150 m de part et d’autre de l’axe longitudinal de la piste. Pour les autres catégories, la largeur de la piste est ramenée à 30 m et celle de la bande à 75 m.

• Construction des pistes. Elle est réalisée en béton avec des caractéristiques telles que les pistes soient capables de résister aux charges portées par les roues des avions qu’elles sont destinées à recevoir. L’apparition îles avions de transport supersoniques ne changera nullement la constitution des pistes, ni leur longueur, ces avions ayant été conçus de manière à pouvoir utiliser l’infrastructure existante.

Après mise en forme, par compactage, de la terre servant d’assise, on établit une première couche de fondation de 30 cm d’épaisseur, sur laquelle est coulée la dalle de béton proprement dite, dont l’épaisseur est de 30 à 40 cm pour les aéroports internationaux. Cette dalle est coulée par bandes de 7,50 m de largeur et découpée transversalement tous les 7,50 m pour éviter les fissurations dues au retrait. Tous les joints sont ensuite remplis d’un produit à base de bitume. Pour diminuer l’épaisseur de la dalle et supprimer les joints, on construit également des pistes en béton armé. Un treillis métallique est alors noyé dans la dalle. Cependant, son prix est beaucoup plus élevé. On a même essayé de réaliser des pistes en béton précontraint. Pour les aéroports n’ayant pas à recevoir des avions très lourds, on peut réaliser des pistes à revêtement bitumineux, appelées chaussées souples par rapport aux chaussées rigides, uniquement en béton.

• Balisage des pistes. En dehors des aides radio-électriques destinées à l’approche et à l’atterrissage, toutes les pistes sont dotées de deux systèmes de balisage, l’un pour le jour, l’autre pour la nuit.

Le balisage diurne comporte deux chiffres et, éventuellement, une ou deux lettres. Les lettres sont utilisées pour différencier entre elles les pistes parallèles. Les chiffres indiquent l’orientation de la piste : c’est le nombre entier le plus proche du dixième de l’azimut magnétique de l’axe de la piste. Ces lettres et chiffres sont peints à l’entrée de la piste. Leurs dimensions sont normalisées. L’axe de la piste est marqué par une ligne de traits de même longueur interrompus et uniformément espacés. Peuvent également être peintes sur la surface de la piste des marques de seuil de piste, des marques à distance uniforme et des marques d’aire de prise de contact, constituées par des bandes espacées de 150 m. Les pistes de plus de 45 m de large possèdent également des marques latérales peintes le long de chaque bord sur toute leur longueur.