Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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botanique (suite)

Dès le début du siècle, de nombreux travaux de classification furent entrepris sur les Lichens aussi bien en Europe que dans les régions lointaines. Charles Tulasne étudia le premier leur anatomie et leur reproduction. Frédéric Nylander (1822-1889) décrivit plus de 3 000 espèces nouvelles, mais ne voulut jamais admettre la théorie algo-lichénique soutenue par Simon Schwendener (1829-1919) en 1867 et qu’E. Bornet confirma expérimentalement en 1872. En 1899, G. Bonnier réalisa la première synthèse des Lichens en cultivant côte à côte Algues et spores de Champignons.

L’étude des Cryptogames vasculaires et des Bryophytes prit, elle aussi, une considérable ampleur. Les Bryophytes, dont J. Tournefort (1698) et S. Vaillant (1717) ne disaient que quelques mots, et que Johann Hedwig (1730-1799) et A. de Jussieu avaient déjà séparées en Mousses et en Hépatiques, furent particulièrement étudiées par Wilhelm Philipp Schimper (1808-1880) [Bryologia europea] ; celui-ci précisa en 1857 les principales caractéristiques des Sphaignes. C. M. Gohsche (1808-1892) décrivit un grand nombre d’Hépatiques, et J. Karl Müller (1840-1880) une quantité de Mousses. Nicolas Boulay (1837-1905) publia en 1884 une remarquable flore des Mousses de France, et Tranquille Husnot (1840-1929) fonda en 1874 la Revue bryologique.

Sur les Cryptogames vasculaires, deux travaux fondamentaux parurent à cette époque : le Genera plantarum de Stephan Endlicher (1804-1849) et les Tentamen pteridographiæ de Karel Bořivoj Presl (1794-1852). À ces ouvrages, il faut ajouter ceux de Karl Goebel (1855-1932), ainsi que ceux de morphologistes comme Bary, Julius Sachs, Edward Strasburger, Charles Eugène Bertrand et Octave Lignier. En 1884, Van Tieghem exposa la théorie de la stèle, particulièrement intéressante chez les Fougères.

• Paléobotanique. V. article spécial à ce mot.

• Géographie botanique. Des précurseurs tels qu’Alexander von Humboldt* (1769-1859) en 1790 et C. L. Willdenow (1765-1812) en 1792 publièrent les premiers travaux de géographie botanique. Willdenow les présenta sous forme d’une Histoire des plantes, dans laquelle il s’intéressa aux rapports des plantes avec le climat et le sol, ainsi qu’à leurs migrations. Il remarqua déjà des parentés entre les flores d’Afrique du Sud et d’Australie, d’une part, et celles d’Amérique du Nord et du nord de l’Europe, d’autre part, et il essaya de trouver des explications à ces observations : continents séparés ou genèse simultanée des mêmes plantes en des points différents. Il émit aussi la notion de centre de dispersion.

Humboldt, dans son Essai sur la géographie des plantes (1807), s’intéressa à la distribution des végétaux dans le monde et parla de leurs « associations ». Il souligna l’importance des lignes isothermes dans la répartition des espèces. Alphonse de Candolle publia en 1855 un traité de Géographie botanique raisonnée, et Auguste Grisebach (1814-1879) entreprit en 1872 Die Vegetation der Erde, travail qui marque une date dans le développement de la géographie botanique. Hermann Christ (1833-1933) travailla sur la flore suisse ; Drude Johannes E. B. Warming (1841-1924) et W. P. Schimper posèrent les principes de l’écologie (étude des rapports entre les êtres vivants et le milieu). On peut également citer les noms de Julien Vesque, de G. Bonnier, de Charles Flahault, de S. Schwendener, de Georg Volkens et de Gottlieb Haberlandt.

• Anatomie. Cytologie. Grâce à l’emploi d’appareils de plus en plus puissants et perfectionnés (loupes, microscopes) et de techniques précises (microchimie) au xixe s., l’étude de la morphologie se développa considérablement, ainsi que celle du contenu cellulaire, dont on ne s’était pratiquement pas encore occupé.

En 1828, Franz Meyen (1804-1840) donna une description des grains d’amidon et de chlorophylle, et Robert Brown une description du noyau. Hugo von Mohl (1805-1872) analysa en 1846 le « protoplasme » végétal. Matthias Jakob Schleiden (1804-1881) établit nettement en 1838 la notion de cellule, chaque être vivant étant fait de petites unités, surtout caractérisées par un noyau qui s’entoure d’une membrane. Theodor Schwann (1810-1882) put alors préciser que tout être était composé de cellules qui ne proviennent que d’une seule qui se multiplie. E. Strasburger devait démontrer le premier le rôle primordial du noyau dans la division cellulaire ; en 1878, Thuret et Bornet montraient qu’il existait des échanges entre les cellules, ce qui fut confirmé par Gardiner en 1887 et par Johann Heinrich Kienitz-Gerloff (1851-1914) en 1897. Les méristèmes terminaux furent étudiés en 1842 par Karl Wilhelm von Nägeli (1817-1891) sur les Algues, les Mousses et les Fougères, ainsi qu’en 1868 par Johannes Ludwig von Hanstein (1822-1880) chez les Angiospermes. La structure des parois, pressentie par K. Nägeli (micelles cellulosiques liées par de la lignine), permit à ce dernier d’expliquer la dilatation par hydratation du bois.

On s’intéressa beaucoup à cette époque à la disposition des feuilles et aussi des ramifications sur les rameaux principaux. On remarqua (C. F. Schimper [1803-1867] et Brown, entre autres) que les feuilles sont opposées, verticillées ou isolées et on reconnut une spirale génératrice.

L’étude des tissus fut alors très activement menée, grâce à Jean-Jacques Bernhardi (1774 - v. 1850), Ludolf Christian Treviranus (1779-1864), Friedrich Link (1767-1851), Carl Asmund Rudolphi (1771-1832) et surtout Charles François Brisseau de Mirbel (1776-1854), qui précisa la double activité des cambiums — formation du liber à l’extérieur et du bois à l’intérieur —, et qui fut un des fondateurs de l’anatomie végétale microscopique. Johann Jakob Moldenhawer (1766-1827) distingua structure primaire et structure secondaire, et H. von Mohl décrivit avec précision de nombreux tissus (épiderme, liège, faisceaux vasculaires des tiges et des feuilles) ; des études comparatives furent faites entre tiges et racines (Friedrich Link, 1837 ; Mirbel, 1839), et T. Irmisch distingua en 1850 les tubercules formés par les tiges et ceux qui sont produits par les racines. L’étude de la morphologie et de l’anatomie de la fleur se poursuivit grâce aux recherches d’Achille Guillard, de Pierre Duchartre, de Jean Payer (1818-1860) et de Van Tieghem.