Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bologne (suite)

La Renaissance bolonaise

L’irruption du nouveau goût dans le milieu gothique de Bologne est attestée par les puissantes sculptures du portail de San Petronio, commandé en 1425 à Iacopo* délia Quercia. La Renaissance attendit cependant pour triompher la seigneurie de Giovanni Bentivoglio, qui, de 1463 à 1506, gouverna la ville en sage et en mécène. Bologne devint un point de rencontre pour des artistes venus de Toscane ou d’Italie du Nord. La plus belle demeure patricienne qui subsiste de cette époque est le palais Bevilacqua, de goût florentin par ses bossages de façade.

Niccolo da Bari († 1494), surnommé dell’Arca à cause de ce travail, ajoute à l’arca de San Domenico un groupe de statuettes qui sera complété par le jeune Michel-Ange ; sa Déploration du Christ, à Santa Maria della Vita, exprime la douleur avec une intensité qui rappelle l’art allemand et les peintres de Ferrare*. Ceux-ci ont d’ailleurs joué un rôle capital dans le milieu bolonais : travaux de Francesco del Cossa, Ercole de Roberti, Lorenzo Costa, que complètent ceux du Bolonais Francesco Raibolini dit il Francia (v. 1450 ou v. 1460-1517) dans une manière ombrienne plus douce. Des fresques et des tableaux d’autel dans les églises San Petronio et San Giacomo témoignent encore, en ce qui concerne L. Costa et Francia, de cette activité.

En 1506, le pape Jules II soumet Bologne, et le mécénat de G. Bentivoglio prend fin. Le style de la Renaissance s’épanouit dans un certain nombre de palais, tel le palazzo Fantuzzi, robuste édifice à bossages peut-être de Sebastiano Serlio*. La Renaissance classique triomphe dans la seconde moitié du xvie s., souvent grâce à des architectes étrangers à la ville : Vignole* fait les plans de plusieurs palais, et Palladio* dessine le corps central du palazzo Ruini (actuel palais de justice). L’université occupe aujourd’hui le majestueux palais Poggi, de Bartolomeo Triachini († 1587) et Pellegrino Tibaldi (1527-1597), décoré par ce dernier de fresques maniéristes. À l’esthétique maniériste appartient aussi la fontaine de Neptune, érigée en 1566 devant le palais communal (Tomaso Laureti et Giambologna*).


Bologne baroque

Au xviie et au xviiie s., la primauté revient à la peinture. En réaction contre le maniérisme dont Denis Calvaert (Anvers v. 1540/1545 - Bologne 1619) suivit les formules, l’académisme* bolonais sut vivifier par l’étude du vrai son éclectisme officiel. Dès 1585, les trois Carrache* fondèrent l’Académie degli Incamminati, pépinière de peintres dont l’activité devait souvent déborder le cadre local (de nombreuses œuvres demeurent à la Pinacothèque de Bologne). Guido Reni, Domenico Zampieri (le Dominiquin), Francesco Barbieri (le Guerchin), Francesco Albani et aussi des figures secondaires comme Giacomo Cavedone ou Giovanni Donducci (il Mastelletta) représentent cette école dans la première moitié et le milieu du xviie s. La carrière d’un autre Bolonais, le sculpteur baroque Alessandro Algardi*, est contemporaine.

Le xviiie s. offre, en architecture, l’ample scénographie de la Madonna di Santa Luca, sanctuaire élevé sur une colline par Carlo Francesco Dotti (v. 1670-1759), et le palazzo Montanari, conçu par Alfonso Torreggiani (1682-1764). La fastueuse salle du Théâtre est du dessin d’Antonio Galli, ou Bibiena (1700-1774), membre d’une famille d’artistes bolonais qui doivent leur célébrité à la décoration scénique. Pour la première moitié du xviiie s., les maîtres de la peinture sont le délicat Donato Creti (1671-1749), ou Giuseppe Maria Crespi (1665-1747), dont la touche vibrante exprime une sensibilité très personnelle. Plus tard, les Gandolfi, Ubaldo (1728-1781) et Gaetano (1734-1802), ont été de féconds et habiles décorateurs, influencés par Tiepolo.

B. de M.

Boltzmann (Ludwig)

Physicien autrichien (Vienne 1844 - Duino, sur l’Adriatique, 1906).


La famille de Boltzmann est originaire de Königsberg, en Prusse-Orientale. Son grand-père, fabricant de montres à carillon, avait quitté Berlin pour s’installer à Vienne. C’est dans cette ville que le jeune Ludwig fait ses études. Puis, ayant acquis ses grades universitaires, il va enseigner la physique et les mathématiques à Graz (1869) et à Munich (1891). En 1895 enfin, il est nommé à Vienne, où il succède à Mach dans une chaire de philosophie des sciences.

Toute sa vie, Boltzmann soutient le point de vue des atomistes et proclame l’utilité pour la physique théorique d’employer des images et de se représenter des structures. Il est ainsi en violent conflit avec les représentants de l’école énergétiste, qui font alors la loi, surtout dans les pays de langue allemande, et ne cessent de critiquer ses efforts. Ce n’est qu’après sa mort que triompheront ses idées.

À cette époque, un abîme sépare la mécanique classique de la thermodynamique, dont le deuxième principe met en jeu des transformations irréversibles. Pour le combler, Boltzmann introduit une conception statistique des phénomènes naturels, qui le conduit à édifier la théorie cinétique des gaz. Il donne, en 1868, une démonstration de la loi de répartition des vitesses des molécules. En 1877, il attribue à l’entropie une interprétation probabiliste, montrant qu’une entropie croissante signifie le passage d’un état initial improbable à un état final plus probable. Cette théorie se traduit par la formule S = K log W, où S est l’entropie, W la probabilité, et K un facteur de proportionnalité que Planck* nommera constante de Boltzmann.

On doit citer aussi la démonstration de la loi du rayonnement, établie empiriquement par Josef Stefan (1835-1893), que Boltzmann déduit de la pression de radiation et des principes de la thermodynamique.

Accablé de souffrances physiques et morales, c’est lui-même qui mit fin à ses jours.

R. T.

 E. Broda, Ludwig Boltzmann, Mensch, Physiker, Philosoph (Vienne, 1955). / R. Dugas, la Théorie physique au sens de Boltzmann et ses prolongements modernes (Dunod, 1959).