Bodin (Jean) (suite)
Parmi ses ouvrages, souvent traduits à l’étranger, on peut citer : Methodus ad facilem historiarum cognitionem (1566), où il souhaite que l’étude du droit soit éclairée par celle de l’histoire, de la philosophie et de la politique ; la Réponse aux paradoxes de M. de Malestroit touchant le fait des monnaies et l’enchérissement de toutes choses (1568), dans laquelle il affirme que l’inflation est la conséquence de l’accroissement de la quantité d’or et d’argent provoqué par la découverte de l’Amérique, le développement du commerce avec l’Orient et la fondation à Lyon d’une banque qui attire des épargnes étrangères. Mais son œuvre essentielle est constituée par le traité de la République (1576), dans lequel il conserve au terme de république son ancien sens d’« administration de la chose publique ». Pour Bodin, l’acte social a une double base : la famille (constituée d’individus) et l’État (constitué de ménages) ; la république, gouvernement de ce qui est commun, implique l’établissement d’une puissance souveraine dont le caractère est d’être indivisible, perpétuelle et absolue. Le souverain (roi, peuple ou corps de nobles) n’est pas subordonné à des lois humaines, mais est tenu de se soumettre aux lois divines et naturelles ; néanmoins, la famille et la propriété seraient inviolables ; d’où la règle selon laquelle l’impôt ne peut être levé sans avoir été accepté au préalable par les familles ou leurs représentants. Il oppose l’État populaire, où l’égalité est recherchée bien que la nature s’y refuse, l’État aristocratique, où il est difficile de trouver un nombre suffisant d’hommes capables de gouverner, et l’État monarchique, qui évite la division de la souveraineté et qu’il souhaite héréditaire. Il ne reconnaît aucune autre sorte d’États, mais, énumérant les formes de gouvernements que chacun de ces États peut adopter, il préconise le gouvernement populaire dans un État monarchique, car « il constitue la plus assurée monarchie qui soit ».
R. M.
J. H. Franklin, Jean Bodin and the Sixteenth-Century Revolution in the Methodology of Law and History (New York, 1963). / G. Cotroneo, Jean Bodin, teorico della storia (Naples, 1966).