Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

blindé (suite)

Cavalerie légère blindée

En dehors des unités blindées et mécanisées chargées de mener le « combat de mêlée », la mission d’exploration de la cavalerie, bien que très largement relayée par l’aviation, subsiste encore. Elle est confiée, dans le cadre du corps d’armée, à des unités rapides dites, en France, « de cavalerie légère blindée ». Équipées d’E. B. R. ou de chars légers, ces unités reçoivent des missions de renseignement et de protection à grande distance (de 100 à 200 km) et agissent en liaison directe avec l’aviation légère, et spécialement avec les unités d’hélicoptères. Pour la défense du territoire, on a recours aussi à un blindé léger, l’« AML 245 » Panhard, créé à l’occasion de la guerre d’Algérie, qui existe en diverses versions. De leur côté, les Soviétiques utilisent un transport de troupes amphibie à huit roues, le « B. T. R. 60 P » (10 t).

Au cours des cinquante années de son existence, le rôle de l’arme blindée, déjà considérable au profit de l’infanterie en 1918, déterminant en liaison avec l’aviation en 1940-1945, n’a cessé de s’amplifier, au point de devenir l’élément de base de toute force militaire destinée à combattre en ambiance atomique. La complexité sans cesse croissante, le coût (environ 30 p. 100 des dépenses d’armement terrestre) et la sujétion des matériels blindés à l’évolution constante des techniques expliquent la réduction massive du nombre des divisions des armées actuelles.

J. de L. et R. S.

 Ch. de Gaulle, Vers l’armée de métier (Berger-Levrault, 1934) ; Trois Études (Berger-Levrault, 1945). / J. Perré, les Chars de combat (Berger-Levrault, 1937). / E. Bauer, la Guerre des blindés (Payot, 1948). / J. Boucher, l’Arme blindée dans la guerre (Payot, 1953). / F. M. von Senger und Etterlin, Die Kampfpanzer von 1916-1966 (Munich, 1966).

Bloch (Ernest)

Compositeur suisse naturalisé américain (Genève 1880 - Portland 1959).


La Suisse, où il naquit, et les États-Unis, où il vécut pendant de longues années jusqu’à sa mort et dont il finit par prendre la nationalité (1924), revendiquent ce compositeur indépendant, qui fut avant tout le fondateur d’une musique spécifiquement juive, celle de l’antique culture hébraïque. Mais Bloch n’a jamais procédé en folkloriste : c’est l’esprit vibrant dans la Bible qu’il a tenté, avec succès, de faire revivre dans sa musique. Celle-ci se ressent de sa formation, à la fois germanique (Francfort, Munich) et latine (Bruxelles, où il fut le disciple d’Eugène Ysaye, puis Paris). Comme Arthur Honegger ou Frank Martin, Bloch, artiste suisse, a été un médiateur entre ces deux cultures. Malgré des audaces de langage l’entraînant parfois aux confins de l’atonalité, voire aux quarts de ton (1er quintette) ou aux séries de 12 sons (3e quatuor), l’ampleur grandiose de l’architecture et l’impétuosité d’une inspiration ardente le définissent comme un héritier des romantiques, soulignant sa position d’isolé au sein de son siècle, que symbolise le titre d’un de ses chefs-d’œuvre, Voix dans le désert, poème symphonique pour violoncelle et orchestre. Sa gravité de prophète hébreu s’exprime tant dans les œuvres composant son monumental Cycle juif (Trois Poèmes juifs, Psaumes, Symphonie Israël, Schelomo, Service sacré) que dans ses œuvres de musique pure, peut-être les plus parfaites (œuvres concertantes et musique de chambre). On peut distinguer cinq phases dans sa carrière : jusqu’en 1910, pas encore d’influences juives (symphonie en ut dièse, Macbeth, son unique opéra, sur un livret d’Edmond Fleg [1874-1963]) ; jusqu’en 1916, le premier Cycle juif ; jusqu’en 1930, séjour aux États-Unis, où il dirige les conservatoires de Cleveland et de San Francisco (musique de chambre et d’orchestre) ; jusqu’en 1938, retraite en Suisse italienne, puis en Savoie (Service sacré, concerto pour violon, etc.) ; enfin, après l’interruption des années de guerre, passées aux États-Unis, dernière période, durant laquelle il enseigne à l’université de Berkeley, très féconde, surtout en musique de chambre. L’ensemble des cinq quatuors et des deux quintettes n’a d’égal en importance, au xxe siècle, que ceux des œuvres de musique de chambre de Béla Bartók et d’Arnold Schönberg.

Les principales œuvres d’Ernest Bloch

Opéra : Macbeth (1903-1909).

Musique religieuse : 3 psaumes (1912-1914) ; Service sacré (1930-1933).

Orchestre : 5 symphonies (1902, 1912-1916 [Israël], 1952, 1954, 1955) ; 2 concerti grossi (1925, 1952) ; Trois Poèmes juifs (1913) ; America (1926) ; Helvetia (1900-1929) ; Évocations (1937) ; suite symphonique (1944).

Concertos : PIANO : concerto symphonique (1948) ; VIOLON : concerto (1938) ; ALTO : suite (1920, orch. de la suite pour alto et piano) ; VIOLONCELLE : Schelomo, Rhapsodie hébraïque (1916) ; Voix dans le désert (1936) ; FLUTE : Two Last Poems (1958).

Musique de chambre : 5 quatuors à cordes (1916, 1945, 1952, 1954, 1956) ; 2 quintettes avec piano (1923, 1957) ; 2 sonates violon-piano (1920, 1924) ; suite alto-piano (1919) ; suites pour violon, alto, violoncelle seuls (1956-1958) ; sonate piano (1935).

H. H.

 M. Tibaldi Chiesa, Ernest Bloch (Turin, 1933).

Bloch (Marc)

Historien français (Lyon 1886 - près de Lyon 1944).


Fils de l’historien Gustave Bloch (1848-1923), agrégé d’histoire et de géographie (1908), maître de conférences (1914), puis professeur d’histoire du Moyen Âge à la faculté des lettres de Strasbourg et docteur ès lettres (1920), Marc Bloch se lie avec Lucien Febvre : ensemble, en 1929, ils fondent les Annales d’histoire économique et sociale, revue qui, d’emblée, conquiert une place prééminente parmi les grandes revues historiques mondiales. Son ouvrage les Rois thaumaturges (1924) pose clairement le problème du rôle des représentations collectives au sein des groupes sociaux et montre comment le collectif et l’individuel entremêlent souvent leur action. Mais la principale préoccupation de Marc Bloch reste l’histoire rurale, et, en 1931, il publie son chef-d’œuvre, les Caractères originaux de l’histoire rurale française ; il y étend son enquête sur l’histoire agraire française jusqu’au seuil de l’époque contemporaine et intègre l’étude des régimes agraires dans l’histoire de la seigneurie rurale, envisagée jusqu’alors d’un point de vue strictement juridique et social.

Nommé, en 1936, professeur d’histoire économique à la Sorbonne, il écrit dans la collection l’Évolution de l’humanité, dirigée par Henri Berr, le volume sur la Société féodale (1939).