Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bivalves (suite)

Écologie

L’habitat des Bivalves est nécessairement en accord avec deux exigences fondamentales : a) leur respiration est exclusivement branchiale, ce qui en fait des animaux rigoureusement aquatiques ; b) leur mode d’alimentation les oblige à vivre dans des eaux dont ils peuvent extraire les particules alimentaires. En contrepartie, la plupart d’entre eux ont la ressource de clore hermétiquement leurs valves et de s’isoler du monde extérieur pour une durée parfois fort longue, sans risquer de perdre l’eau de leur cavité palléale. Les Pholades, incomplètement protégées par leurs valves, supportent l’exondation lors des basses mers, car les trous qu’elles ont creusés dans la vase compacte ou dans les roches tendres retiennent l’eau. Les Tarets n’ont qu’une coquille fort réduite ; en cas d’exondation, ils obturent avec leurs palettes l’orifice des galeries où ils logent. Le petit Lasœa rubra remonte au-dessus du niveau des hautes mers, où il vit dans les touffes de Lichina pygmœ. En clôturant ses valves pendant de longues périodes, il subsiste très bien. Le cas le plus remarquable semble être celui d’un Batissa observé dans l’île Bougainville, à proximité de la mangrove, dans du sable qui, normalement, n’est pas recouvert par l’eau.

La résistance des Unionidés d’Amérique du Sud à la dessiccation est telle que des exemplaires ont pu être maintenus vivants, hors de l’eau, pendant huit mois.

Vis-à-vis des modifications de salinité, les Bivalves n’ont pas tous le même comportement. Les uns, euryhalins, répartis surtout dans les estuaires, supportent un fort accroissement de la salinité (Lavignon, Coque) ; d’autres périssent pour de faibles variations de celle-ci.

Dans les cours d’eau, la nature du fond et la force des courants semblent avoir une influence sur la forme des valves, leur ornementation et leur épaisseur.

Les Éthéries d’Afrique, à valves hérissées de longues épines en milieu calme, sont dépourvues de ces ornements dans les rapides.

L’abaissement excessif des températures, surtout sensible dans les étangs ou les cours d’eau, n’épargne pas toujours les Bivalves marins.

Sur de longues étendues de côtes, durant l’hiver 1962-63, de nombreux Bivalves ont succombé dans la zone littorale, car le sédiment était gelé.

L’enfouissement profond est le seul moyen dont disposent les Bivalves pour échapper aux rigueurs du froid, comme du reste à celles des étés torrides.

Dans le nord du Brésil, plusieurs formes d’Unionidés s’enfouissent avant que les pièces d’eau s’assèchent. Leur estivation dans le sol durci et desséché se prolonge parfois six mois.


Réactions défensives

Contre des agressions, la réaction la plus générale est la clôture des valves ou la fuite. Dès que des Cardiums ou des Pectens décèlent la présence d’une Astérie auprès deux, ils prennent immédiatement la fuite ; mais d’autres Bivalves réagissent si brusquement qu’ils s’autotomisent de certaines de leurs parties. La fermeture très brusque des valves des Limes provoque la section de leurs longs tentacules ; les Chlamys abandonnent une partie de leurs branchies lorsqu’ils sont inquiétés. Il arrive aussi que des Pholades saisies par leur siphon se contractent avec tant de force qu’elles abandonnent cette portion du corps. Des phénomènes du même ordre sont bien connus dans le groupe des Couteaux (Solénidés).

On n’a mentionné que très rarement l’émission de substances répulsives par les Bivalves ; toutefois, il se peut que la mucosité luminescente rejetée par les Pholades soit une réaction de défense.


Relations avec les autres organismes

On ne sait pas au juste quels sont les facteurs susceptibles de favoriser la fixation des larves, à l’issue de leur vie nageuse, sur des organismes plutôt que sur d’autres supports, mais il est vraisemblable que les surfaces rugueuses se prêtent particulièrement à la fixation. C’est ce qui expliquerait la fixation fréquente de Bivalves sur des Corallines, des Cœlentérés, des Spongiaires ou sur des coquilles d’autres Mollusques. Parmi les avantages qui peuvent en résulter, le plus évident doit être la possibilité de déplacement. On connaît en mer Rouge des Huîtres qui, fixées sur des coquilles de Gastropodes, échappent à un envasement qui leur serait fatal dans d’autres conditions. Un autre avantage apparaît lorsque des Bivalves se fixent sur les pattes ou sur l’abdomen de Crustacés, parfois encore sur le trajet de courants ; l’alimentation en eau doit s’en trouver favorisée. Enfin, les petits Sphæriums, qui referment leurs valves sur le tégument des Tritons ou sur les pattes d’Insectes, sont transportés à bonne distance et même d’une pièce d’eau à une autre.

Le véritable parasitisme ne semble pas exister chez les Bivalves en dehors de la fixation des larves glochidies des Unionidés sur les branchies de Poissons ; mais, dans le groupe des Leptonacés, l’adaptation au commensalisme est si poussée qu’elle évoque l’endoparasitisme. Les Échinodermes portent des Montacutidés en diverses régions de leur corps ; mais les Entovalva s’établissent jusque dans l’œsophage des Synaptes. Certains auteurs voient aussi dans l’association des Tridacnes et des Zooxanthelles une forme de prédation aux dépens de ces Algues.


Les perles

Le problème de la formation des perles se relie étroitement à celui de l’élaboration, par la face externe du manteau, des couches de nacre qui revêtent l’intérieur des valves de certains Lamellibranches ; or, ce problème est encore loin d’être résolu. En fait, si les perles fines sont produites par des Pintadines des mers chaudes, plusieurs autres Bivalves produisent des perles ; mais celles-ci, souvent mal formées ou de teinte peu agréable, ne sont que des curiosités ; seules les perles que produisent quelques Unios de nos rivières offrent un certain intérêt. Les Huîtres de nos côtes, les Moules, les Pectens, les Anomies, les Tellines, les Myes, les Lutraires et même des Vénus engendrent parfois des perles qui n’ont rien de commun avec les perles fines. Les perles de Jambonneaux (Pinna), rougeâtres, sont assez originales ; les « perles de cocos » proviennent des Bénitiers. Dans d’autres perles, les couches de nacre alternent avec des couches de conchyoline ; cette dernière substance organique constitue l’essentiel des perles de muscles, ou « perles baroques ».