bibliothèque (suite)
Le développement du prêt interbibliothèques permet d’autre part de mettre à la disposition des chercheurs isolés la documentation qu’ils ont pu dépister. La « National Lending Library » de Boston-Spa (Royaume-Uni) offre à cet égard un concours précieux. De plus en plus, la documentation scientifique est fournie sous forme de photocopies, de microfilms ou de microfiches (maximum 128 pages sur une microfiche) pouvant être expédiés par avion à de longues distances.
Dans ce domaine, à l’heure actuelle très mouvant, les bibliothèques nationales, vastes centrales vouées à la conservation et à l’exploitation d’une documentation rétrospective et courante, sont appelées à jouer, au centre d’un réseau, un rôle de premier plan. Telle est, pour l’Occident, la mission de la bibliothèque du Congrès de Washington, qui diffuse sur la base du Projet MARC (Machine readable catalog project) des bandes magnétiques donnant les références complètes des livres acquis avec l’indice de sa propre classification. Une collaboration avec le Royaume-Uni permet de recenser l’ensemble de la production anglo-saxonne. L’emploi d’un système de numérotation permettra d’individualiser chaque livre qui recevra un numéro national pouvant être enregistré sur ordinateur avec les autres éléments descriptifs. Déjà, les bibliothèques universitaires allemandes (Bochum et Ratisbonne) utilisent l’ordinateur. La section « sciences » de Grenoble l’a mis à l’étude.
Responsable d’un patrimoine d’une richesse inouïe — 7 millions d’imprimés, 500 000 titres de périodiques, 180 000 volumes de manuscrits, 400 000 monnaies et médailles, etc. —, la Bibliothèque nationale de Paris se trouve confrontée à des problèmes particulièrement ardus. L’un d’eux concerne l’application de l’automatisation à la Bibliographie de la France, qui recense la production française. Il est maintenant possible d’étudier les expériences faites aux États-Unis, au Canada, en Belgique et en Allemagne fédérale.
Les mêmes problèmes se posent aux bibliothèques des républiques populaires, qui disposent de moyens puissants : la bibliothèque Lénine joue, comme « la Chambre du livre » et un organisme puissamment doté, le Viniti, un rôle important pour l’information des chercheurs.
Plus que jamais, chaque nation doit disposer d’un système d’information avec, au centre, la bibliothèque nationale recevant la production du pays et jouant son rôle dans l’organisation documentaire internationale. Aussi voit-on apparaître et se développer avec l’aide des experts de l’Unesco, dans tous les pays « en voie de développement », des bibliothèques nationales de type nouveau dont la mission est à la fois éducative et scientifique.
Aux grandes bibliothèques nationales d’Occident, riches de fonds anciens et modernes, incombe le privilège de conserver, pour reprendre le titre du film d’Alain Resnais, « toute la mémoire du monde ». Encore convient-il de se souvenir que les bibliothèques plus modestes jouent leur rôle — national, régional ou local — dans ce qui doit constituer désormais un « réseau » d’information à tous les niveaux. C’est sans doute dans l’organisation d’un tel « réseau », rendu possible par le développement des techniques, que s’effectue actuellement la véritable révolution qui ouvre aux bibliothèques une ère nouvelle.
P. S.
F. Milkau, Handbuch der Bibliothekswissenschaft (Wiesbaden, 1952). / A. Hessel, A History of Libraries (Metuchen, New Jersey, 1955). / A. Masson et P. Salvan, les Bibliothèques (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 3e éd., 1970). / E. D. Johnson, A History of Libraries in the Western World (Folkestone, Kent, 1965). / J. Hassenforder, Développement comparé des bibliothèques publiques en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis dans la seconde moitié du xixe siècle (1850-1914) [Cercle de la Librairie, 1967].
On peut également consulter le Bulletin de l’Unesco à l’intention des bibliothèques (bimestriel, à partir de janvier 1947) et le Bulletin des bibliothèques de France (mensuel, à partir de janvier 1956).