Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bétonnage (suite)

Reprises de bétonnage

Les reprises sont les points faibles d’un ouvrage en béton. Si les couches de béton déjà en place ne sont plus susceptibles d’être vibrées de nouveau, la superposition d’une couche de béton frais sur les premières sera traitée comme une reprise de béton durci. Les reprises sur béton durci doivent être repiquées, et la surface nettoyée à vif ; sur la surface de l’ancien béton, le nettoyage doit être parachevé, et l’on doit mouiller longuement et abondamment la surface de reprise pour que l’ancien béton soit saturé d’eau avant d’être mis en contact avec le nouveau béton. On peut éviter une reprise quand le bétonnage doit être interrompu durant 24, 48 ou même 72 heures en utilisant, pour la dernière couche de béton avant le chômage, un retardateur de prise à effet régulier.

J. A.

 M. Jacobson, Technique des travaux (Béranger, 1948-1955 ; 3 vol. ; 2e éd., 1962-1963 ; 2 vol.). / Y. Guyon, Béton précontraint (Eyrolles, 1952-1958 ; 2 vol.). / J. Faury, le Béton (Dunod, 1958). / J. Arrambide et M. Duriez, Agrégats, liants et bétons hydrauliques (Éd. du « Moniteur des travaux publics », 1959) ; Nouveau Traité de matériaux de construction (Dunod, 1961-62 ; 3 vol.). / R. Vallette, Manuel de composition des bétons (Eyrolles, 1963). / M. Venuat, Ciments et bétons (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / P. Cormon, Bétons légers d’aujourd’hui (Eyrolles, 1973).


L’architecture en béton

L’utilisation du béton armé comme matériau d’architecture ne remonte qu’au début du xxe s. Le fait que le béton a d’abord été utilisé par les ingénieurs (dès le milieu du xixe s.) eut pour résultat que ce furent les caractéristiques techniques qui, à l’origine, dominèrent sa mise en œuvre. Les premières expériences sont celles d’Anatole de Baudot (1834-1915) et de François Hennebique (1842-1921). Élevé en 1911-1913, le Théâtre des Champs-Élysées d’Auguste et Gustave Perret* est avant tout une structure par poteaux portants et poutres (comme l’est une structure de fer ou d’acier). Le béton permet aussi la réalisation de surfaces planes, portantes ou non (plan, voiles). Il s’agit donc là de formes rectilignes, mais, le béton étant coulé dans des « banches » (comme l’était le pisé de terre), on est parvenu, en substituant le contre-plaqué aux planches primitivement employées, à réaliser des surfaces courbes, voire des volumes cylindriques, c’est-à-dire qu’on a retrouvé une possibilité d’expression plus variée.

Rapidement, on en vint à concevoir le moulage d’éléments non plus en place (comme cela se pratique encore souvent dans des constructions simples pour linteaux, par exemple), mais au sol, c’est-à-dire suivant une méthode de préfabrication. Le précurseur a été Charles-Henri Besnard (1881-1946), qui réalisa des « sheds » (1917) et construisit avec ce procédé l’église Saint-Christophe de Javel (Paris, projet 1921, exécution 1926-1929).

• La maîtrise de l’emploi du béton fut l’œuvre commune des ingénieurs et des architectes : aujourd’hui calcul technique et imagination créatrice sont indissolublement liés. Le domaine du béton est immense, car on ne peut dénier aux « ouvrages d’art » relevant des travaux publics la qualité d’œuvre d’architecture : il suffit d’évoquer les hangars à dirigeables d’Orly (1916-1924, détruits) ou le pont de Saint-Pierre-du-Vauvray (1922, détruit) pour se rendre compte que la pervibration dans le premier cas, la précontrainte dans le second ont permis à Eugène Freyssinet (1879-1962) la réalisation d’œuvres esthétiquement satisfaisantes, alors que l’esthétique traditionnelle y a été supplantée par la précision de calcul, l’invention technique et l’économie des moyens ; ne pourrait-on en dire autant, d’ailleurs, des barrages, dont Tony Garnier (1869-1948) avait pressenti la valeur architecturale ? Cet architecte avait, entre 1901 et 1904, conçu un projet de « cité industrielle » entièrement construite en béton (édition 1917) ; parmi les ouvrages qu’il construisit à Lyon, les abattoirs de la Mouche (1906-1913), le stade (1913-1920) reprennent des dispositions figurant dans ce projet, qui eut une importante influence tant dans le domaine de l’architecture que dans celui de l’urbanisme. Lors de la révolution architecturale des années 20, la construction de maisons individuelles a donné lieu, de la part des architectes, à une recherche de l’expression propre au matériau par les murs nus, les volumes rectilinéaires (figurant déjà chez Tony Garnier), ou leur juxtaposition dans une composition fondée sur le cube ou le parallélépipède, formes élémentaires (maison Schrœder, Utrecht, 1924, par Gerrit Thomas Rietveld [1888-1964] ; maison Bertrand, Paris, 1925, par André Lurçat [1892-1970] ; maison de la cité du Weissenhof, Stuttgart, 1927, par Le Corbusier* ; hôtels à Paris, 1926-1927, par Robert Mallet-Stevens [1886-1945]).

• Des progrès considérables ont été réalisés tant dans le domaine des calculs que dans celui des procédés (coffrages métalliques fixes ou glissants, coffrages perdus, large emploi des systèmes de contrainte, réalisation physique ou chimique de bétons poreux, à air inclus, etc.) ; ils ont défini les emplois spécifiques du béton, et, par un phénomène remarquable, ils ont révélé aux maîtres d’œuvre non seulement des possibilités d’emploi étendues, mais aussi de nouvelles expressions architecturales. L’une des possibilités techniques dont l’application fut particulièrement précoce est le coulage de dalles très puissantes ; l’emploi du béton en faible épaisseur (voile) est postérieur, bien que sa première réalisation remonte à 1910 (couverture de la gare de Paris-Bercy par l’ingénieur Simon Boussiron [1873-1958]). La dalle eut d’humbles mais utiles emplois comme soubassement ou comme plancher. Déjà son emploi pour remplacer la toiture donna un aspect caractéristique aux constructions du « style international » ; Frank Lloyd Wright*, à la « maison sur la cascade » (Bear Run, 1936), a fondé toute la composition sur le jeu de dalles à différents niveaux.