Berthelot (Marcelin) (suite)
Il faut enfin signaler sa célèbre quadrilogie : Science et philosophie (1886), Science et morale (1897), Science et éducation (1901), Science et libre pensée (1905). Ainsi que l’a écrit Painlevé, Berthelot y apparaît « comme le représentant de la raison scientifique, de cette puissante et sereine faculté de l’esprit humain qui contemple la nature avec lucidité, construit avec des faits, non avec des mots, et ne se laisse imposer ni frein à ses efforts, ni barrière à ses recherches ». Ce positivisme l’entraîna malheureusement à s’opposer de toute son autorité à l’emploi de la notation atomique.
Sa mort
Dans leurs dernières années, Marcelin et Sophie Berthelot subissent de pénibles épreuves. Après la perte de leur intime ami Renan, ils sont affectés par la mort de leur fille aînée, puis par celle du fils unique de celle-ci, tué à dix-neuf ans dans un accident de chemin de fer. La santé de Mme Berthelot en est profondément affectée : une maladie cardiaque la condamne inexorablement. Le savant, qui a alors quatre-vingts ans, demeure au chevet de la malade et suit avec lucidité le progrès du mal. Lorsque son cœur cesse de battre, Berthelot va s’étendre dans la pièce voisine et, quelques instants plus tard, il rend à son tour le dernier soupir.
R. T.
A. Ranc, Marcelin Berthelot (Bordas, 1948). / L. Velluz, Vie de Berthelot (Plon, 1964).
Les contemporains de Berthelot
Eugène Chevreul,
chimiste français (Angers 1786 - Paris 1889). Fils de médecin, il entre en 1810 au Muséum d’histoire naturelle comme préparateur de Vauquelin, auquel il succède comme professeur en 1830. Dès 1824, il est directeur des teintures à la manufacture des Gobelins. Il s’est fait connaître par son analyse des corps gras d’origine animale (1823), qui l’amène à la découverte des bougies stéariques, et par une théorie des couleurs fondée sur l’emploi des cercles chromatiques (1864). Il vécut plus que centenaire. (Acad. des sc., 1826.)
Charles Friedel,
minéralogiste français (Strasbourg 1832 - Montauban 1899). Fils de banquier, il va s’occuper de minéralogie à Paris, travaille au laboratoire de Wurtz et devient professeur de minéralogie (1876), puis de chimie organique (1884) à la faculté des sciences. Il est connu pour avoir découvert en 1877, avec l’Américain James Mason Crafts (1839-1917), une méthode de synthèse permettant la soudure de chaînes latérales sur le noyau benzénique. (Acad. des sc., 1878.)
Achille Joseph Le Bel,
chimiste français (Pechelbronn 1847 - Paris 1930). Élève de l’École polytechnique, il est d’abord directeur d’usines exploitant les sables pétrolifères de Pechelbronn. Puis il s’établit à Paris et devient le préparateur de Wurtz. S’appuyant sur les travaux de Pasteur relatifs au pouvoir rotatoire des solutions, il énonce, en 1874, les principes de la stéréochimie du carbone. Il explique l’activité optique des composés organiques par l’existence d’un carbone asymétrique, hypothèse émise à la même époque par le Hollandais Van’t Hoff*. (Acad. des sc., 1929.)
Charles Adolphe Wurtz,
chimiste français (près de Strasbourg 1817 - Paris 1884). Élève de Justus von Liebig en Allemagne, il poursuit ses études à Paris, où il devient, en 1853, professeur à la faculté de médecine, puis obtient en 1875 une chaire de chimie organique à la Sorbonne. Apôtre français de la théorie atomique, il s’intéresse surtout à la chimie organique. On lui doit la découverte des aminés et du glycol, ainsi qu’une méthode de synthèse des hydrocarbures. Il est l’auteur d’un Dictionnaire de chimie pure et appliquée (1864 et suiv.). [Acad. des sc., 1867.]