Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Berlin (suite)

L’urbanisme socialiste

Peu à peu se dégage une doctrine orientant l’urbanisme dans un sens socialiste. L’immeuble destiné au Conseil d’État (Staatsrat), le ministère des Affaires étrangères, le building de l’enseignant (Haus des Lehrers, 54 m de haut) ainsi que le palais des Congrès sont construits autour de l’Alexanderplatz, qui devient le cœur de la city socialiste. C’est là, jusqu’à la Liebknechtstrasse et le Rathaus, que sont effectuées les opérations les plus grandioses. L’ « opération Alexanderplatz » débute en 1966. Comme dans les villes capitalistes, des buildings marquent le paysage urbain : l’Interhotel (124 m de haut, 2 000 lits, 1 600 places de restaurant), la maison de l’électro-industrie (11 étages, 220 m de large, 3 067 emplois), un grand magasin de 14 000 m2 de surface de vente. La circulation passera en partie sous l’Alexanderplatz ; le débit horaire est porté de 3 600 à 8 500 voitures.

Le vide entre l’« Alex », la Marx-Engels-Platz et l’Unter den Linden doit être comblé par l’aménagement de la zone Rathaus-Liebknechtstrasse. La fonction résidentielle est favorisée par la construction d’immeubles élevés, dont, cependant, les deux étages inférieurs sont réservés au commerce et à la culture. Les magasins sont livrés par des voies souterraines. La tour de télévision (Fernsehturm, surnommé « Telespargel » par les Berlinois) couronne ces aménagements grandioses. D’une hauteur de 361,5 m, elle est desservie par deux ascenseurs d’une capacité de 400 personnes à l’heure. Un restaurant d’une capacité de 250 places a été installé à 207 m du sol ; il pivote de 3600 en une heure. Un autre restaurant de 1 000 places se trouve à la base de la tour, qui est la fierté des Berlinois. L’on ne peut s’empêcher de constater, si l’on fait abstraction de la frontière que constitue le « mur », que, de part et d’autre de ce dernier, les paysages de la city présentent une certaine continuité, quoique se faisant en fonction d’idéologies différentes.


Les activités économiques

La population active industrielle de la ville se monte à 6,3 p. 100 du total de la République démocratique ; la part de la population s’élève à 6,2 p. 100 ; par contre, la valeur de la production industrielle de la ville se chiffre à 6,5 p. 100 du total. Sur le plan des Bezirke (l’équivalent d’un département), Berlin-Est ne vient qu’au sixième rang pour la population active industrielle, étant dépassé par la plupart des districts méridionaux. Comme à Berlin-Ouest, c’est l’industrie électrotechnique qui domine, avec 34 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle. La valeur de la production atteint 23 p. 100 de la valeur totale de la branche en République démocratique. Berlin-Est constitue le plus important centre de cette activité dans le pays (64 000 salariés). Les usines les plus importantes sont situées à Köpenick, à Treptow et à Friedrichshain. Plusieurs fonderies, telles celles de Schöneweide, travaillent en étroite liaison avec les usines électrotechniques, qu’elles approvisionnent en éléments de base.

L’industrie alimentaire, du fait de l’importance du marché urbain, a toujours joué un grand rôle à Berlin. Avec 19 p. 100 des salariés industriels, elle vient au deuxième rang. Des boulangeries et des charcuteries industrielles, des conserveries, des chocolateries sont implantées à Prenzlauer Berg et Weissensee. La Milchhof de Pankow est la troisième laiterie-fromagerie industrielle d’Europe.

La construction de machines constitue la troisième activité avec 35 000 salariés (V E B Berliner Bremsenwerk, V E B Bergmann-Borsig).

Avec la photographie, la pharmacie, la fabrication de colorants, des peintures et des produits cosmétiques, l’industrie chimique arrive au quatrième rang, employant 10 p. 100 des travailleurs de l’industrie. Cette branche concerne des produits de haute valeur marchande. La part de la chimie berlinoise n’est cependant que de 4,5 p. 100 de la valeur de la production chimique de la République démocratique allemande.

Parmi les autres branches industrielles, la confection, avec 6 p. 100, les industries graphiques, avec 4 p. 100, sont directement liées au fait urbain. Elles représentent 27 p. 100 de l’ensemble du secteur du pays.

À beaucoup d’égards, les activités industrielles berlinoises rappellent celles de Berlin-Ouest. Le poids du passé se lit dans les implantations, et la taille des anciens établissements de l’époque capitaliste s’adapte bien aux structures socialistes.

Les fonctions tertiaires n’ont fait que croître. Les « secteurs extérieurs à la production matérielle » (Bereiche ausserhalb der materiellen Produktion) ont vu passer le pourcentage des salariés de 25,3 p. 100 en 1955 à 30,4 p. 100 en 1967. Le commerce, par contre, a vu diminuer, pour les mêmes dates, son pourcentage de 15,3 à 13,3. Cette régression n’est que relative, car elle masque les opérations de rationalisation, l’ouverture de grands magasins notamment, qui ont été réalisées entre-temps. Le district urbain de Berlin arrive en tête de tous les districts par l’importance des secteurs postes et transmissions. Les quartiers centraux sont les mieux équipés en commerces de tous genres ; certains districts périphériques connaissent un sous-développement sur ce plan, ainsi que celui des services.

La capitale est le siège de plus d’un tiers des Vereinigungen Volkseigener Betriebe (V V B), organismes centraux des Volkseigene Betriebe (V E B). Les directions berlinoises déterminent souvent les programmes de production des usines de province.


Berlin-Est, premier centre culturel de la République démocratique allemande

À côté de l’université Humboldt, la capitale abrite de nombreux établissements d’enseignement supérieur ainsi que des instituts de recherche ; 5 académies contribuent au bon renom de la ville (Hygiène sociale, Architecture, Arts, Sciences, Sciences agricoles). La ville compte une douzaine de théâtres. Les « Schauspiele » attirent particulièrement, réunissant plus de 622 000 visiteurs en une année. La fréquentation des Opéras vient en second lieu. Les 23 musées et lieux du souvenir attirent près de 2 millions de visiteurs par an. La ville compte 897 bibliothèques, fréquentées par 227 000 lecteurs inscrits. L’héritage culturel est ancien. La soif de culture du Berlinois est bien connue, et elle est favorisée par les autorités. Les équipements concernant les loisirs et les sports complètent l’éventail des distractions offertes aux habitants de la capitale. Les espaces verts abondent sur les sols glaciaires de l’espace urbain. Les nombreux lacs ont été aménagés et les bateaux-mouches de la « Weisse Flotte » transportent annuellement des centaines de milliers de vacanciers sur la Sprée ou le Müggelsee, l’« océan » de la capitale ; 24 plages disséminées sur les bords des cours d’eau et des lacs accueillent en été les Berlinois qui ne quittent pas la ville ou veulent profiter de quelques heures de répit. Sur le plan des loisirs, les deux Berlins ont donc également beaucoup de ressemblances, sauf pour la circulation automobile, qui est plus intense à l’Ouest.

F. R.