Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

benzolisme (suite)

Éléments législatifs

La législation française confond benzène et homologues dans le même tableau.

La prévention se limite à l’étiquetage des solvants, à l’aspiration des vapeurs de solvant (plus lourdes que l’air), à la surveillance hématologique des ouvriers, à l’élimination des postes de travail dangereux des personnes prédisposées ou déjà intoxiquées.

La gravité du benzolisme a conduit les entreprises à utiliser des solvants de remplacement moins dangereux (cyclohexane), dont les qualités techniques ne sont toutefois pas équivalentes à celles des benzols.

E. F.

 G. Saita, Malattie causate da benzolo e omologhi (Rome, 1954). / V. Raymond, A. Vallaud et P. Salmon, l’Hygiène et la sécurité dans l’emploi des benzols (Institut national de sécurité, 1956 ; nouv. éd., 1968).

Berain (Jean)

Ornemaniste français (Saint-Mihiel 1639 - Paris 1711).


En 1659 paraissait, signé d’un nouveau venu, Jean Berain, de Saint-Mihiel où sa famille exerçait la profession d’arquebusier, un recueil de dessins extrêmement précis et bien conçus pour décorer les pièces d’acier ; il sera réédité en 1667. La qualité de l’exécution et le sens décoratif dont témoignaient ces compositions furent remarqués par Colbert et son premier commis Charles Perrault, qui discernèrent en Berain l’auxiliaire à donner à Henri de Gissey (1612-1673), premier titulaire de la charge de dessinateur de la chambre et du cabinet du roi, dépendant des Menus Plaisirs. Berain le remplaça dans cette charge et en reçut le brevet en 1675. Il allait, pendant trente-cinq ans, fournir, conformément au statut de l’emploi, « toutes sortes de desseins, perspectives, figures et habits qu’il convient à faire pour les comédies, ballets, courses de bagues et carrousels ». Il devenait en même temps le costumier de l’Opéra et l’organisateur des solennités funéraires.

Berain avait au Louvre logement et ateliers, voisinant avec l’ébéniste Boulle*. On note, dans leurs compositions respectives, des rencontres d’autant plus révélatrices que les deux talents étaient plus différents. Boulle était essentiellement un plasticien, Berain un graphiste. Son style est d’un graveur, et se ressentira toujours de la stricte discipline du métier de sa jeunesse. Berain entrait en charge à l’époque triomphale du règne de Louis XIV. Les festivités se multipliaient au point de ne pas laisser à Berain le loisir de tout dessiner de sa main : il esquissait les « idées » des décors et des habits, que mettaient en forme ses collaborateurs. De carnaval en carnaval, il créait des travestis pour toute la Cour. À ces créations éphémères mais brillantes, l’artiste appliquait une faculté d’invention exceptionnelle. Les parodies du cérémonial oriental étaient fréquentes ; on mettait à la mode la chinoiserie. Dans un recueil de dessins de cheminées qu’il fit paraître en 1699, Jean Berain présente, assis, un Chinois entre deux singes, premier exemple qu’on puisse dater formellement. L’imagination du maître inventera des thèmes plus étranges, habillant des danseurs en quilles, en bouteilles de vin d’Espagne, en hauts-de-chausses de suisses...

À partir de 1683, Louis XIV ne prit plus à ces divertissements une part active, mais son fils le Grand Dauphin avait hérité son goût des parades et des mascarades. Il se plaisait à figurer sous des déguisements indécelables. Pour les carrousels, la tâche était lourde. Préparant pour l’un d’eux un combat des Abencérages contre les Zégris, dans l’Espagne maure, Berain donna les esquisses de quatre-vingts costumes et du même nombre de caparaçons, tous différents. Le succès du carrousel fut si grand que les dames exigèrent de prendre part au prochain. Berain imagina la visite de la reine des Amazones, Thalestris, au roi de Macédoine, que, naturellement, représenta l’héritier du trône.

Cette œuvre immense, toutes fugitives qu’en fussent les réalisations, a certainement influé sur l’évolution du goût public plus que n’a fait l’art officiel. Elle n’est pourtant qu’une partie de la production du grand artiste. On lui doit notamment le décor du plafond de l’hôtel de Mailly-Nesle, des projets de meubles étudiés dans le détail, ce qui est rare, des compositions pour la tapisserie. C’est d’après ses modèles que la manufacture de Beauvais* tissait la tenture des Grotesques à fond jaune, indéfiniment répliquée au cours du xviiie s. Entre 1694 et 1698, Beauvais encore exécutait, pour l’hôtel du comte de Toulouse, aujourd’hui siège de la Banque de France, l’admirable tenture des Triomphes marins, exemple typique de la rocaille baroque telle que la concevait l’époque de Louis XIV. L’année même de la mort de Jean Berain, en 1711, paraissait le grand recueil de son œuvre d’ornemaniste : cheminées et commodes, lampadaires et coffres, orfèvreries et chapiteaux. Le style Louis XIV y est résumé dans sa solennité.

Le maître laissait un fils, prénommé Jean comme lui, né en 1674, et que son père introduisit dans l’administration des « Menus » en 1695. Il lui confiera l’organisation, en 1704, des festivités ordonnées à l’occasion de la naissance d’un premier fils du duc de Bourgogne, qui ne vécut pas. Jean II en fut récompensé par le brevet de dessinateur de la chambre et du cabinet, qui l’associait à son père et lui promettait sa « survivance ». Mais les années sombres étaient venues ; le trésor était épuisé. Demeuré seul responsable de l’organisation des cérémonies, Jean II était loin de posséder le génie d’invention et de renouvellement de son père. Il s’éteindra en 1726, assez obscurément, mais sera remplacé par un nouveau Jean Ier, Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750) [v. rocaille].

G. J.

 Joanès Berain, Œuvre (Caudrilier, 1711). / R.-A. Weigert, Jean Ier Berain (Éd. d’art et d’histoire, 1937 ; 2 vol.). / Catalogue d’exposition : le Décor Berain, musée des Tapisseries, Aix-en-Provence (1954).