Bellini (les) (suite)
G. Bellini et l’école vénitienne
Bellini ne fait peut-être pas figure de révolutionnaire, mais le retentissement de son œuvre fut capital. Aux peintres de Venise, il enseigna la plénitude de la forme, les ressources de la couleur, le goût de la nature, l’expression du sentiment. Dans son atelier, rival de celui d’Alvise Vivarini (v. 1446 - apr. 1503), il forma de nombreux élèves, dont certains allèrent travailler sur la terre ferme : Andrea Previtali († 1528) à Bergame, Antonio Solario à Naples. Dans la première moitié du xvie s., beaucoup de peintres devaient encore subir l’attrait de sa manière, dont la mode s’écartait pourtant : Vincenzo Catena († 1554), Francesco Bissolo († 1531), Bartolomeo Veneto, Rocco Marconi († 1529), voire Titien dans sa jeunesse.
Gentile Bellini
Gentile subit d’abord comme son frère l’influence de Mantegna, qui apparaît notamment dans une grande figure de Saint Laurent Giustiniani (1465, Académie de Venise) et dans les deux volets d’orgue de San Marco. Contrairement à Giovanni, ce n’est pas dans l’invention qu’il devait ensuite donner sa mesure, mais dans le réalisme descriptif. Il avait peint à Venise les portraits des doges ; celui de Mahomet II, conservé à la National Gallery de Londres, rappelle qu’il se rendit à Constantinople en 1479. Revenu dans sa ville natale, il mit à l’épreuve son talent de portraitiste dans ces grandes toiles à nombreux personnages qui lui valurent la célébrité. Si l’incendie de 1577 a détruit les compositions historiques qu’il avait peintes avec la collaboration de Giovanni au palais des Doges, on a gardé (à l’Académie) le cycle qui décorait la Scuola di S. Giovanni Evangelista (v. 1495). De ces peintures, représentant les miracles opérés par une relique de la Croix, trois sont de Gentile, les autres de Giovanni Mansueti († 1527), Lazzaro Bastiani († 1512) et Carpaccio*. Maints détails de la vie vénitienne y sont rendus avec une exactitude qui n’exclut pas la poésie. Dans les premières années du xvie s., Gentile reçut la commande d’un ensemble de ce genre destiné à la Scuoda Grande di S. Marco ; pour évoquer l’Orient dans la Prédication de saint Marc à Alexandrie (Brera, Milan), il utilisa les carnets de dessins rapportés de son voyage à Constantinople.
B. de M.
V. Goloubew, les Dessins de Iacopo Bellini (G. Van Oest, 1912). / L. Dussler, Giovanni Bellini (Francfort, 1935). / R. Palluchini, Giovanni Bellini (Milan, 1959). / M. Röthlisberger, Studi su Jacopo Bellini (Venise, 1960). / Tout l’œuvre peint de Giovanni Bellini (Flammarion, 1975).
CATALOGUE D’EXPOSITION. Mostra di Giovanni Bellini (Venise, 1949).