Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belladone

Plante vivace de la famille des Solanacées, charnue, formée de grosses tiges aériennes atteignant 1,50 m. Les feuilles ovales, isolées, de couleur vert foncé à la face supérieure, ont une nervure médiane saillante. Les fleurs, dont la corolle est violacée, sont solitaires, à l’aisselle des feuilles.


La Belladone est cultivée pour les besoins de l’industrie pharmaceutique. La récolte se fait au début de la floraison (époque où la teneur en principes actifs est la plus stable et la plus élevée). La sélection des variétés et l’emploi des engrais azotés ont permis d’augmenter la teneur en alcaloïdes, auxquels la plante doit son activité : l’hyosciamine, la belladonine et surtout l’atropine, qui apparaît pendant la dessiccation de la plante. On y trouve également diverses bases et un acide dit « chrysatropique ».

La Belladone a une action analogue à celle de son principal alcaloïde : l’atropine. Elle dilate la pupille, diminue les sécrétions, accélère les battements du cœur et diminue le péristaltisme intestinal. Par son action sur le système nerveux central, elle est analgésique et antispasmodique.

Elle est très employée en médecine, notamment contre les sueurs profuses, l’hypersécrétion et les douleurs gastriques, les coliques hépatiques, néphrétiques et intestinales, la toux de la bronchite et les quintes de la coqueluche. C’est un antinévralgique excellent, mais sa toxicité nécessite un contrôle médical rigoureux pour tous ces emplois.

La toxicité de la Belladone, connue depuis fort longtemps, en limitait l’emploi avant qu’elle ne soit présentée sous des formes pharmaceutiques stables. Cette toxicité est variable selon les sujets, mais les vieillards y sont particulièrement sensibles. Chez les enfants, les intoxications sont dues le plus souvent à l’absorption des baies, qui ont l’aspect de petites cerises de couleur violet noirâtre, à pulpe rouge violacé. Les feuilles de Belladone, récoltées et mélangées par erreur à d’autres plantes pour la préparation des tisanes, ont provoqué des intoxications mortelles. Pour un adulte de 70 kg, la dose mortelle est atteinte avec 2 g de poudre de feuilles, 3 à 5 g de teinture ou 10 mg d’atropine. Les symptômes de l’intoxication sont des troubles visuels, une soif intense, de l’agitation, un raidissement musculaire, du délire, des convulsions, puis un coma accompagné de déshydratation, de rétention d’urine, de tachycardie. Les premiers soins consistent à évacuer le toxique par des vomissements provoqués et par le lavage gastrique. Des enveloppements humides et froids sont utiles, la suite des soins relevant de la technique hospitalière.

Alcaloïdes de la Belladone et des Solanacées

L’atropine est un alcaloïde de formule C17H23O3N, inactif sur la lumière polarisée (mélange racémique d’hyosciamine et de son isomère). Extraite industriellement de la Belladone, elle se présente sous l’aspect de fines aiguilles blanches, soyeuses. Elle est employée sous forme de sulfate ou de valérianate par voie buccale ou injectable.

L’hyosciamine, ou duboisine, est l’isomère lévogyre de l’atropine. Son action est comparable à celle-ci ; elle est employée surtout en collyres à l’état de sulfate pour son pouvoir mydriatique.

L’hyoscine, ou scopolamine, de formule C17H21NO4, est lévogyre ; son action est plus forte et plus brève que celle de l’atropine. On l’emploie en collyre : et en injections sous-cutanées comme antispasmodique ainsi que contre les tremblements.

Tous ces corps sont toxiques.

Plantes voisines de la Belladone

À côté de la Belladone, il existe dans la famille des Solanacées des plantes qui possèdent une activité analogue, due à des alcaloïdes voisins. Le Datura, ou Stramoine (Datura stramonium), appelé également à cause de son fruit pomme épineuse, pousse dans les lieux incultes et les décombres ; il fait aussi l’objet de cultures. Seule sa feuille est utilisée en thérapeutique. Le Datura sert à préparer des cigarettes contre l’asthme et entre dans la composition de l’huile de jusquiame composée. La toxicité du Datura est encore plus grande que celle de la Belladone ; elle est due à l’hyosciamine, à l’atropine et à la scopolamine qu’elle contient. La Jusquiame noire (Hyoscyamus niger), dont on emploie la feuille récoltée au moment de la floraison, sert à préparer l’extrait et la teinture de jusquiame noire ainsi que l’huile de jusquiame composée (produits toxiques).

P. C.

Bellini (les)

Peintres vénitiens nés et morts à Venise : Iacopo (v. 1400 - v. 1470) et ses deux fils Gentile (1429? - 1507) et Giovanni (v. 1429-1516), ce dernier de loin le plus important des trois.



Iacopo Bellini

Peu de peintures certaines subsistent de cet artiste. Ses madones à l’expression grave et au coloris somptueux gardent quelque chose de la tradition byzantine, encore vivace à Venise* dans la première moitié du xve s. D’autres compositions qui lui sont attribuées (Descente aux limbes, musée de Padoue) se rattachent au style gothique international et à l’art de Gentile da Fabriano (v. 1370-1427), lequel vint à Venise pour décorer le palais des Doges. Mais Iacopo avait surtout travaillé à de grandes peintures décoratives aujourd’hui disparues, notamment celles qui, à la Scuola di San Marco, formaient un cycle narratif dont son fils Gentile ainsi que Carpaccio* devaient s’inspirer. Du moins peut-on apprécier sa science de la composition, sa passion de l’étude et l’étendue de sa curiosité dans les deux livres de dessins sur parchemin qui sont conservés au Louvre et au British Museum. L’esprit de la Renaissance, révélé à Iacopo par les artistes florentins, inspire la construction rationnelle de l’espace et le déploiement de nobles architectures ; mais l’on y voit aussi s’exprimer le goût, déterminant pour l’école vénitienne, du paysage et du détail familier.