Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

• Cependant, la France aide la Belgique à détruire les vestiges féodaux ; une législation égalitaire, le Code civil, des structures administratives et judiciaires rationalisées contribuent à son unification et à sa promotion. L’Empire donne une grande impulsion à l’économie belge ; le Blocus* continental lui-même est bénéfique pour le pays, notamment pour Anvers.

• 1815 : c’est en Belgique, à Waterloo (18 juin), qu’est scellé le sort de l’Empire français.


Le royaume des Pays-Bas*

• 1814 (21 juill.) : hantés par la vieille idée de « barrière » destinée à contenir la France, les Alliés, et surtout l’Angleterre, décident le principe d’une union des Provinces-Unies, des anciens Pays-Bas autrichiens et de l’évêché de Liège en un royaume des Pays-Bas.

• 1815 (16 mars) : ce royaume est créé au profit du prince d’Orange, devenu le roi Guillaume Ier. Hollande et Belgique auraient pu former une monarchie puissante ; économiquement, la Hollande, commerçante et coloniale, offre un débouché à la Belgique, déjà fortement industrialisée.

• Guillaume Ier, qui reste l’homme des Anglais sur le continent, est l’héritier des « despotes éclairés » du xviiie s. Sans doute le dirigisme économique lui rallie-t-il une partie des industriels belges, mais plusieurs maladresses politiques et psychologiques heurtent l’opinion des gens du « Sud » : mesures contre les officiers ayant servi la France à Waterloo, limitation de la liberté de presse (1818), ordonnances linguistiques (1823) qui indisposent les Wallons et même les Flamands, expulsion des frères des Écoles chrétiennes (1825), etc.

• Le clergé belge accuse les Hollandais de calvinisme étroit et de joséphisme ; le concordat de 1827 n’apaise pas les esprits.

• Une certaine union (unionisme) rapproche dans l’opposition à la Hollande les catholiques, désireux d’obtenir notamment la liberté d’enseignement, et les libéraux (souvent anticléricaux), qui réclament la liberté de la presse.

• 1829 : une solution pacifique, fondée sur le rétablissement des libertés fondamentales et sur la séparation administrative entre Nord et Sud, se fait jour autour de Louis de Potter (1786-1859), qui réclame aussi la responsabilité ministérielle. Des campagnes de pétition s’organisent dans ce sens.

• 1830 (15 févr.) : le gouvernement fait arrêter et expulser le chef de l’opposition. La révolution française de juillet aide les Belges à prendre conscience de leur existence en tant que nation. Bruxelles s’insurge (25 août), chasse les troupes néerlandaises (27 sept.), qui évacuent toute la Belgique, sauf Anvers. Les états généraux proclament la séparation du Nord et du Sud (29 sept.) et, le 4 octobre, l’indépendance de la Belgique.

• Bien que cette sécession aille contre les décisions du congrès de Vienne, les Belges peuvent compter sur l’appui de la France de Louis-Philippe et de l’Angleterre de Palmerston.

• 1831 (20 janv.) : la conférence de Londres, réunie depuis le 4 novembre 1830, reconnaît l’indépendance de la Belgique et garantit l’intégrité et l’inviolabilité de son territoire, limité au nord par l’ancienne frontière de 1790.


L’Art en Belgique

Depuis le haut Moyen Âge, une continuité et une unité artistiques caractérisent les régions de Flandres et de Wallonie. Sous les suzerainetés les plus diverses, l’art n’a cessé de rechercher des formes nationales, favorisées par les souverains ; Bruges est la capitale préférée des ducs de Bourgogne, Bruxelles celle de Charles Quint et des archiducs d’Autriche.

L’activité artistique ne semble souffrir ni des discordes civiles ni des occupations étrangères, qui ont fait des ravages dans le patrimoine du pays. Les artistes s’expatrient facilement, sans perdre leurs qualités : goût du travail bien fait, joie de vivre qui n’exclut pas le sens de l’imaginaire et même du fantastique. La Belgique, carrefour historique et intellectuel où toutes les influences européennes se sont entrechoquées, a donné autant qu’elle a reçu : les orfèvres mosans introduisent le réalisme en sculpture, la « manière flamande » incite les Italiens à utiliser la technique de l’huile, et la peinture ne sera plus jamais la même après Rubens.


Périodes préromane et romane


Architecture

Cœur des royaumes francs, la Belgique conserve de rares vestiges d’édifices mérovingiens (à Muizen, près de Malines et à Glons, près de Tongres). Les premières constructions importantes correspondent à la renaissance carolingienne, mais seuls des documents nous renseignent sur ces édifices (Saint-Trond, Tournai, etc.), détruits par les raids normands (846-892) et hongrois (954). L’église Saint-Ursmer de Lobbes subsiste toutefois, et les restes d’un avant-corps, « westbau » (premier exemple de ce type de construction), ont été identifiés à Sainte-Gertrude de Nivelles.

L’architecture romane dérive directement des édifices carolingiens, mais la frontière politique séparant la région de l’Escaut, vassale des rois de France, de la région de la Meuse, vassale du Saint Empire romain germanique, délimite deux domaines artistiques : mosan et scaldien.

L’art mosan a pour berceau Liège*, centre important de la culture médiévale. Le roman mosan (avant-corps, double transept, chœurs opposés, plafonds en bois) subit, surtout à partir de 1150, l’influence rhénane (voûtement, avant-corps monumentaux). À l’exception de Sainte-Gertrude de Nivelles, consacrée en 1046, la plupart des grandes abbatiales ou cathédrales ont été détruites (Saint-Lambert de Liège, Saint-Remacle de Stavelot, 1020-1040), mais de nombreuses églises de campagne subsistent (Saint-Hadelin de Celles). L’architecture civile est peu et mal représentée.

Le roman scaldien (façade-écran, tour-lanterne, chevet plat) s’apparente, antérieurement au xie s., aux écoles du nord de la France (abbatiales Saint-Bavon de Gand* et Saint-Nicolas de Messines). La collégiale de Soignies et surtout la reconstruction de la cathédrale de Tournai* (1110-1171), dont l’élévation à quatre étages servira de modèle à bien des églises gothiques du domaine royal français, marquent un nouvel épanouissement et l’extension de l’art scaldien (Saint-Pierre d’Anderlecht, Saint-Sauveur de Bruges*). Le château des comtes de Gand (xiie s.) est un bel exemple de forteresse monumentale. Quelques maisons romanes existent encore à Gand et à Tournai.