Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Adorno (Theodor Wiesengrund) (suite)

Le sociologue Adorno appliqua son attention à des problèmes de sociologie de la consommation culturelle, musicale notamment, préfaçant en quelque sorte les travaux actuels d’un Enzensberger. Mais l’ex-élève de Berg, très au fait de l’évolution interne de l’école de Schönberg, en fut un des principaux théoriciens, tout en portant son attention à une « sociologie de la création musicale », dont son livre sur Wagner est un des plus remarquables exemples. L’idée de « dialectique négative » y est présente, tout comme elle l’est, tel un leitmotiv, dans l’œuvre entière.

Les œuvres d’Adorno

• Musicales : Adorno est l’auteur d’un certain nombre de pièces dont l’esthétique générale relève de l’enseignement de Berg ; on citera en particulier les Lieder op. 1 et 7 pour voix et clarinette, sur des poèmes de Stefan George (1944).

• Philosophiques : à part la thèse sur Kierkegaard, Dialektik der Aufklärung (1947), Zur Metakritik der Erkenntnistheorie. Studien über Husserl und die phänomenologischen Antinomien (1956), Drei Studien zu Hegel (1963).

• Sociologiques : The Authoritarian Personality (paru à New York, en anglais, en 1950 ; l’ouvrage est écrit en collaboration dans le cadre des Studies in Prejudice, éditées par Max Horkheimer et Samuel H. Flowerman), Minima Moralia. Reflexionen aus dem beschädigten Leben (1951), Prismen. Kulturkritik und Gesellschaft (1955), Noten zur Literatur I, II et III (1958, 1961, 1965), Eingriffe. Neun kritische Modelle (1963), Jargon der Eigentlichkeit. Zur deutschen Ideologie (1964), Negative Dialektik (1966), Ohne Leitbild. Parva Aesthetica (1967).

• Musicographiques : Philosophie der neuen Musik (1949 ; trad. française : Philosophie de la nouvelle musique, Gallimard, 1962), Versuch über Wagner (1952 ; trad. française : Essai sur Wagner, Gallimard, 1966 ; la majeure partie du texte allemand est nettement antérieure : 1937 et 1938), Dissonanzen. Musik in der verwalteten Welt (1956), Mahler. Eine musikalische Physiognomik (1960), Einleitung in die Musiksoziologie (1962), Der getreue Korrepetitor, Lehrschriften zur musikalischen Praxis (1963), Alban Berg. Der Meister des kleinsten Übergangs (1968) et Komposition für den Film (en collaboration avec Hans Eisler, 1969).

Il faut citer également les articles traitant de musique, qui ont été à plusieurs reprises réunis ensuite en volumes (Moments musicaux, Impromptus, Quasi una fantasia), ainsi que ceux qui abordent les questions de méthode et de fond de la sociologie, pratiquée dans le cadre de l’école de Francfort.

D. J.

adrénaline

Substance d’origine biologique intervenant comme hormone ou neurohormone (médiateur chimique) et qui fait partie du groupe des catécholamines. Obtenue à l’état cristallisé, en 1901, par Jokichi Takamine et Thomas Bell Aldrich à partir des surrénales de bœuf, elle a reçu sa formule exacte en 1906.



Historique

Dès la fin du siècle dernier, on avait remarqué que des injections d’extraits aqueux de la médullo-surrénale provoquaient une hypertension. On s’est ensuite progressivement aperçu que ce même effet pouvait être obtenu à partir d’autres tissus. Ainsi fut découverte et isolée l’adrénaline. D’autre part, en 1921, Otto Loewi montrait, par perfusion de cœurs d’Amphibiens isolés, l’existence des médiateurs chimiques (v. acétylcholine), substances produites par les terminaisons nerveuses. W. B. Cannon et Bacq devaient alors prouver qu’à l’extrémité des fibres postganglionnaires orthosympathiques était sécrété l’un de ces médiateurs, qu’ils appelèrent la sympathine.


Adrénaline et noradrénaline

L’analyse chimique de la sympathine devait montrer sa parenté chimique étroite avec l’adrénaline. Ainsi prit-elle le nom de noradrénaline, ou adrénaline nerveuse. On a donc été amené à distinguer deux formes d’adrénaline : l’adrénaline vraie, sécrétée par la médullo-surrénale, et la noradrénaline, sécrétée au niveau des fibres nerveuses.

On est actuellement beaucoup moins catégorique sur cette distinction, car il a été montré que les fibres nerveuses produisaient aussi bien de l’adrénaline que de la noradrénaline et que la médullo-surrénale était capable de fournir, outre l’adrénaline, de la noradrénaline, du moins chez le jeune. D’ailleurs, la parenté chimique entre ces deux substances s’explique par la parenté originelle des organes qui les sécrètent. En effet, chez l’embryon, les ganglions sympathiques prennent naissance à partir du même territoire que la médullo-surrénale.


Adrénaline et orthosympathique

Les effets d’une injection d’adrénaline dans le système circulatoire sont identiques à ceux que produit l’excitation de l’orthosympathique. L’adrénaline est ainsi classée parmi les substances orthosympathicomimétiques ; quant aux fibres nerveuses orthosympathiques qui produisent adrénaline ou noradrénaline, elles sont dites adrénergiques. L’injection d’une très faible dose d’adrénaline (1.10–4 à 1.10–6) suffit pour entraîner un certain nombre de réactions organiques inverses de celles que provoque l’injection d’acétylcholine. C’est ainsi que l’adrénaline provoque la vaso-constriction (diminution du diamètre des artérioles), exception faite pour les vaisseaux pulmonaires, cérébraux et coronaires, qui montrent au contraire une légère vaso-dilatation, et la tachycardie (augmentation du rythme cardiaque), ce qui entraîne une hypertension transitoire. L’adrénaline est aussi à l’origine de la dilatation des bronches, du ralentissement des mouvements péristaltiques du tube digestif, de la dilatation pupillaire, ou mydriase, de l’installation d’une hyperglycémie transitoire, d’une augmentation du métabolisme basai et d’une modification du métabolisme minéral.


L’adrénaline et les cas d’urgence

Les sécrétions importantes d’adrénaline dans l’organisme sont surtout dues à une « décharge » de la médullo-surrénale. Cette « décharge » est consécutive à une réaction de l’être vivant à une situation critique. Elle a lieu au moment d’une émotion violente (frayeur, colère) et favorise des réactions salutaires (défense ou fuite) en augmentant les apports d’oxygène et de glucose aux muscles et au système nerveux par un afflux du sang à leur niveau, afflux consécutif à une vaso-constriction périphérique, à une décharge de la rate et à une accélération du rythme cardiaque. C’est un exemple d’adaptation aux conditions du milieu, mécanisme dont l’homme moderne n’a que trop tendance à abuser.