Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

Mais cette zone basse était zone de subsidence au Carbonifère, et elle correspond aux bassins houillers du Sud, ou bassins wallons. La circulation et le charbon ont attiré aux xixe et xxe s. presque toute la sidérurgie belge, une grande partie de la métallurgie, des industries chimiques (Solvay, la carbochimie) et les industries du feu (verrerie, céramique, produits réfractaires). Aujourd’hui, le charbon recule, et les bassins du Sud sont plus touchés que le bassin campinois. Les effectifs houillers sont passés de 116 000 en 1955 à 10 000 en 1974. L’industrie est alimentée essentiellement par des matières premières importées, et c’est pourquoi la base économique de la Wallonie dépend de plus en plus de ce qui fut le moteur initial : la circulation.

Il existe de profondes différences d’ouest en est. Après trois régions à population dense (Borinage et région de Mons, Centre, région de Charleroi), la Sambre, puis la Meuse restent fortement rurales, malgré les noyaux urbains de Namur, d’Andenne et de Huy ; la vie intense reprend avec la région de Liège ; la Vesdre prolonge cette activité avec beaucoup moins d’intensité. Les régions industrielles diffèrent entre elles par leurs activités, mais ce qui les distingue surtout, c’est leur structure urbaine et le rôle directeur de leur centre.

Le secteur Mons-Borinage est le plus touché par la récession houillère ; en 1970, il ne restait plus qu’un puits. La région souffre de son enclavement entre les Flamands et la France, de ses liaisons insuffisantes, de l’absence de capitaux locaux, du fait que le Borinage s’est édifié, sans structure, en dehors de Mons, du fait aussi du vieillissement de la population dès la fin du xixe s. Une certaine reconversion se fait, notamment sur la bordure nord (zone de Ghlin-Baudour), mais, de 1950 à 1965, la région a perdu 25 000 emplois et n’en a gagné que 11 000 nouveaux.

La région du Centre et celle de Charleroi ont des industries assez étroitement liées au charbon : sidérurgie, métallurgie (machines, matériel ferroviaire), produits céramiques, verre, industries chimiques (c’est ici que Solvay fonda sa première usine de soude).

La région du Centre est mal structurée au point de vue urbain. La Louvière ne peut guère être considérée comme un « lieu central ». Par contre, Charleroi a des fonctions centrales. Ces régions sont heureusement situées au sud de l’axe ABC et bien reliées à Bruxelles et à Anvers ; la reconversion houillère est bien amorcée dans la zone de Manage, Seneffe, Feluy (complexe pétrochimique).

Après Charleroi, la vallée reprend un aspect agreste, à peine interrompu par Namur, chef-lieu de province, centre touristique et universitaire, par Huy et Andenne (industries et tourisme).

À l’est, la région liégeoise groupe 600 000 habitants ; la cité des princes-évêques est devenue la première ville de Wallonie. C’est la partie du bassin houiller la moins touchée par la récession. Des industries anciennes sont vivaces (cristallerie [Saint-Lambert], armurerie). Les non-ferreux ont pris une grande extension ; la région liégeoise est, depuis. John Cockerill, le premier centre sidérurgique belge (Ougrée, Marihaye, Cockerill, Espérance-Longdoz) ; la métallurgie de transformation a suivi. Cette industrie, un peu trop consacrée aux produits métallurgiques semi-finis, a besoin de se diversifier ; au nord, elle prend une nouvelle extension sur la vaste plaine alluviale de la Meuse. Cette industrie « de l’intérieur » est heureusement reliée à la mer par le canal Albert, et Liège ne cesse de proclamer sa vocation de grand carrefour européen.

Depuis le xixe s., la région de Verviers s’était surtout consacrée au travail de la laine, favorisé par l’abondance de l’eau ardennaise (barrages de la Gileppe et de la Vesdre). Cette industrie est en crise, et la reconversion (édition, tourisme) est insuffisante pour éviter le déclin de cette région.

• La région bruxelloise. Le deuxième grand axe industriel de la Belgique est l’axe nord-sud ABC (Anvers-Bruxelles-Charleroi). Avec 225 000 actifs de l’industrie, soit 18 p. 100 des actifs belges (22 p. 100 des entreprises), Bruxelles est le premier centre industriel belge. Les industries y sont liées à la main-d’œuvre, au marché de consommation et aux capitaux (56 p. 100 des sièges sociaux). S’y concentrent le quart des constructions mécaniques belges (montage automobile, matériel ferroviaire, appareillage électrique, radiotélévision), le quart de la chimie (savons, peintures, pharmacie), le tiers de la confection, 40 p. 100 de l’imprimerie, de nombreuses industries alimentaires.

Ces industries se localisent principalement dans la partie basse de l’agglomération, le long de l’axe nord-sud de la vallée de la Senne. Elles se poursuivent vers le sud (Halle, Tubize [textiles chimiques], Clabecq [aciéries], en direction de Feluy et de Charleroi), et vers le nord également (Vilvoorde, Willebroek, se rattachant à Malines et Louvain [montage automobile, constructions métalliques, chimie, industries alimentaires] et atteignant la région anversoise).

• La région anversoise. Dans toute l’Europe du Nord-Ouest, les régions portuaires ont connu un développement spectaculaire récent. La région anversoise arrive de loin en tête ; c’est le deuxième centre industriel belge avec un dixième de la main-d’œuvre. Toutes les industries sont liées au commerce portuaire. Avant 1960 se juxtaposaient les rizeries, les huileries, les bois, les non-ferreux, les réparations navales, les diamants, un peu de chimie (raffinerie de pétrole, produits photographiques Gevaert). Anvers est un siège de montage automobile (Ford et Chrysler), le premier centre de raffinage belge (capacité : 30 Mt), le premier centre pétrochimique et un grand centre chimique (caoutchouc synthétique, engrais, plastiques, textiles chimiques). Cette ville a attiré de grandes firmes internationales (Bayer, BASF). Quoique non accessible aux navires de plus de 85 000 t, le port a des atouts : les terrains disponibles, la puissance financière, l’appui du gouvernement, les relations internationales.

• La Flandre. La région côtière. Depuis la création du port de Zeebrugge, des industries, liées à la mer, s’étaient développées à Bruges : cokerie, verrerie, réparation navale. La ville a su, tout en maintenant ses industries traditionnelles (textiles, meubles), développer de nouvelles branches (machines agricoles, radio-télévision).

La tradition textile se maintient à Gand, premier centre cotonnier belge. Le port a permis le développement de la papeterie, de l’industrie chimique ; sur la rive orientale du canal de Terneuzen, une vaste zone industrielle est occupée par le montage automobile (Volvo), par la sidérurgie « sur l’eau » (Sidmar), par le raffinage et par la pétrochimie (Texaco, 5 Mt).

Le tourisme côtier attire en été une moyenne journalière de 100 000 résidents, sans compter les touristes de passage. La côte, sableuse et dunaire, est presque entièrement occupée par les villes balnéaires, reliées entre elles par un semis continu de villas. Ostende est le centre le plus actif, et Knokke-Le Zoute, la station la plus luxueuse.