Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

• Le Condroz. On désigne ainsi (en étendant un nom local à toute la région comprise entre l’Ardenne au sens strict et le sillon Sambre-Meuse) une partie plus basse (200 à 300 m), caractérisée par des alignements O.-S.-O. - E.-N.-E. de hauteurs légères (quelques dizaines de mètres) : les « tiges ». Du sud au nord, plusieurs zones se succèdent. Une bande calcaire, vers 250 m, constitue une voie de passage remarquable. La Famenne (à l’ouest de la Meuse) et la Fagne (à l’est) forment une plaine (vers 200 m) humide, correspondant à des schistes. Dans le Condroz proprement dit, les tiges, en alignement, correspondent à des grès et s’élèvent d’une cinquantaine de mètres au-dessus de creux calcaires, dont l’altitude est de l’ordre de 250 m. Enfin, au nord du synclinorium de Dinant, les couches dures anciennes remontent et forment une ligne étroite de hauteurs : la « Petite Ardenne ».

• Le sillon Sambre-Meuse. De même orientation que les reliefs condrusiens, il a une altitude plus basse : de 150 à 100 m. Il est suivi à l’ouest par la Sambre, puis, à partir de Namur, par la Meuse. Il correspond à un deuxième synclinorium, celui de Namur, dans lequel s’est conservé du houiller productif : c’est le bassin charbonnier du Sud. À l’est de Liège, il se prolonge par la vallée de la Vesdre.

• Au sud-est de l’Ardenne au sens strict, la Belgique possède une partie du Bassin parisien : la Lorraine belge. Les altitudes sont assez fortes : de 350 à 400 m ; les reliefs sont liés à la succession de trois cuestas orientées ouest-est ; au pied de la cuesta la plus méridionale on exploite du minerai de fer.

• Climat. En raison de sa position déjà continentale et de son altitude, l’Ardenne a un climat relativement rude : de 100 à 150 jours de gelées, la température du mois le plus froid dépassant à peine 0 °C. Les pluies sont assez abondantes (plus de 1 m) ; en haute Ardenne, la neige reste 80 jours au sol.


Le Nord-Ouest

Les altitudes s’abaissent ; on pénètre dans la partie méridionale du bassin de la mer du Nord ou du delta rhénan. Trois parties, de plus en plus basses se succèdent : au sud-est, des plateaux (Herve, Hesbaye, Brabant méridional, une partie du Hainaut) ; puis des collines (Campine et Flandres) enfin des plaines (plaine maritime flamande et vallée flamande).

• Les plateaux. Leurs altitudes oscillent entre 100 et 200 m. Ils correspondent à un mince placage de couches sédimentaires sur le socle primaire, qui affleure au fond des vallées ; de plus, ils sont recouverts de plusieurs mètres de limons quaternaires. Les cours d’eau, Gette, Dyle, Senne, Dendre, coulent du sud vers le nord, prenant leurs sources tout près du sillon Sambre-Meuse ; les plateaux sont de plus en plus bas et de plus en plus disséqués du sud vers le nord.

Le pays de Herve, entre la Vesdre et la Meuse, est encore élevé (300 m), fortement disséqué par de larges et profondes vallées bocagères : le socle primaire schisteux est à peine recouvert de craie, de sables et d’argiles. La Hesbaye, limitée par la Meuse et la Gette, est sèche au sud, parce que crayeuse, humide au nord, parce qu’argileuse et sableuse. Le plateau brabançon est fait de sables et d’argiles, mais, le plus souvent, masqués par des limons épais. Le Hainaut, enfin, a des aspects variés : le sud est un morceau de l’Ardenne, mais déjà largement recouvert de roches plus récentes ; au centre s’allonge d’ouest en est le creux de la Haine, ou de Mons, dont une partie s’appelle le Borinage ; enfin, la partie nord appartient à l’unité suivante : les collines.

• Les collines. La Campine, au nord, se prolonge aux Pays-Bas. C’est une région plate à l’est (un bas plateau vers 70 à 100 m), une région de basses collines à l’ouest (vers 20 à 50 m). Elle est formée de sables et de cailloutis récents avec intercalations d’argiles.

Les collines de Flandre ont une altitude moyenne de 20 à 50 m. Elles sont taillées dans des argiles, plus rarement dans des sables ; les argiles sur les sables dessinent de légères cuestas ; de Watten, en France, jusqu’à Renaix, les monts de Flandre forment une ligne ouest-est s’élevant parfois à plus de 150 m (mont Kemmel, 156 m ; Pottelberg, 157 m). Les cours d’eau (Escaut, Lys), orientés S.-O.-N.-E., occupent de larges vallées.

• Les plaines. La plaine maritime flamande borde la côte sur une dizaine de kilomètres de profondeur, puis les plaines pénètrent vers l’intérieur, le long de l’estuaire de l’Escaut à l’extrême nord et le long de la « Vallée flamande » au nord de Bruges, de Gand, de Bruxelles et de Louvain ; la Vallée flamande est suivie à l’est par le Rupel et coupée par l’Escaut. La côte, rectiligne et basse, est bordée de cordons de dunes entre lesquels des dépressions humides sont appelées pannes.

• Climat. Plus bas, plus proche de la mer, le Nord-Ouest a un climat plus doux que l’Ardenne. Les moyennes de janvier sont rarement inférieures à 2 °C ; le nombre de jours de gelées n’excède qu’exceptionnellement 50. Quant aux précipitations, elles sont de l’ordre de 600 à 800 mm, avec une prépondérance plus ou moins marquée de saison froide ou intermédiaire (sans que l’été soit très sec).

A. G.


Le royaume de Belgique


La mise en place (1830-1831)


Deux graves problèmes

La jeune Belgique doit faire face à deux problèmes graves : celui de ses frontières et celui de la couronne.

Élu, le 3 novembre 1830, au scrutin direct, censitaire, différentiel et capacitaire, le Congrès national rejette les termes de la conférence de Londres concernant les limites de la Belgique à l’est et au nord. Le ministre des Affaires étrangères, Joseph Lebeau (1794-1865), s’emploie à la révision de cette décision. À Londres, les démarches de J.-B. Nothomb (1805-1881) ont le même but : prouver aux puissances que la Belgique peut relayer les Pays-Bas comme État tampon et dans le rôle de « barrière », et est en droit, par conséquent, d’étendre son territoire sur le Luxembourg, le Limbourg et la Flandre hollandaise.

Lebeau n’obtient que partiellement satisfaction : les préliminaires de paix (26 juin 1831), désignés généralement sous le nom de Dix-Huit Articles, laissent ouvertes des négociations au sujet des territoires contestés. Au Congrès, c’est la tempête contre Lebeau, mais les députés finissent par voter les Dix-Huit Articles (9 juill. 1831).