Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Basile II (suite)

Des débuts difficiles

Basile dut d’abord réprimer la sédition du général Bardas Skléros au prix d’une guerre civile de trois ans (976-979), puis secouer la tutelle tyrannique de son grand-oncle Basile, qu’il exila (985). Autrement dangereux fut le soulèvement des « Comitopoules », les fils d’un gouverneur provincial de Macédoine. Le seul survivant des quatre frères, Samuel, fonda dans les Balkans un puissant Empire bulgare et ressuscita le patriarcat national. Les premières offensives byzantines furent malheureuses, et le nouveau tsar étendit sa domination de l’Adriatique à la mer Noire, et cela avec d’autant plus de facilité que Basile II dut affronter au même moment une double insurrection : celles de Bardas Skléros et de Bardas Phokas (987), qui se partagèrent l’Empire, le premier se réservant l’Asie Mineure et le second les provinces européennes avec la capitale. Mais, au cours de la brouille qui éclata entre les deux usurpateurs, Skléros fut éliminé de la compétition. Resté seul prétendant au trône, Phokas entreprit d’assiéger Constantinople. Basile II aux abois fit appel au prince russe Vladimir : à la tête d’un contingent russe de 6 000 hommes, l’empereur triompha de son adversaire, qui trouva la mort au combat d’Abydos (13 avr. 989). Basile récompensa son allié en lui offrant la main de sa sœur Anne, à la condition qu’il reçût le baptême ainsi que tout son peuple. La Russie de Kiev entra ainsi dans la sphère d’influence byzantine et fut dirigée par des métropolites grecs.


Politique agraire

Mû par une haine violente à l’égard des familles de magnats qui lui avaient disputé le trône de ses pères et par son souci de protéger les biens des paysans et des soldats, l’empereur renforça la politique agraire antiaristocratique amorcée par Romain Lécapène au moyen de mesures radicales : confiscation des plus grandes propriétés, abolition de la prescription de quarante ans touchant les biens illégalement acquis, limitation de l’extension de la propriété foncière ecclésiastique, obligation aux latifundiaires de compléter les contributions insuffisantes des pauvres.


Guerres contre la Bulgarie

Basile II entreprit avec la même énergie la lutte contre les ennemis du dehors, dont le représentant le plus dangereux était le tsar de Bulgarie Samuel : la destruction de son empire fut l’affaire de sa vie. Après avoir repoussé les assauts des Fāṭimides* contre les possessions byzantines de Syrie et remis de l’ordre en Arménie et Ibérie, il tourna ses forces contre le souverain bulgare, qui n’avait cessé d’agrandir son royaume au détriment de Byzance. La grande offensive conduite par l’empereur en personne commença en 1001 suivant un plan soigneusement calculé. Cette guerre ininterrompue de quatre ans priva Samuel de la moitié de son territoire.

La seconde campagne se termina par la victoire décisive de Bélasica, au nord de Serrès, le 29 juillet 1014. L’armée bulgare fut écrasée, et, aux 15 000 prisonniers, Basile réserva un sort atroce : à tous il fit crever les yeux, sauf à un homme sur cent, qui, seulement éborgné, servait de guide aux autres, et il renvoya à Samuel ce lamentable troupeau. Le tsar mourut quelques semaines plus tard (6 oct. 1014). Sa mort entraîna la décomposition du premier Empire bulgare : le fils de Samuel, Gabriel Radomir, fut assassiné en 1015, et le pays progressivement soumis. La conquête de Dyrrachium (auj. Durrësi) [févr. 1018] mit fin à la guerre : pour célébrer sa victoire, le basileus fit une entrée triomphale à Ohrid, capitale des Bulgares, et, avant de regagner Constantinople, se rendit à Athènes. Dans le Parthénon, devenu église vouée à la Mère de Dieu, Basile remercia le ciel de ses victoires. La maîtrise de Byzance sur toute la péninsule des Balkans était rétablie. Mais sa conduite envers le pays soumis fut un modèle de mesure et de clairvoyance politiques.

Dans ses dernières années, Basile intervint dans le Caucase et annexa la région du Vaspourakan et une partie de l’Ibérie. Il se préparait à partir contre les Arabes de Sicile quand la mort le surprit, le 15 décembre 1025 : il laissait un empire qui s’étendait des montagnes d’Arménie à l’Adriatique et de l’Euphrate au Danube.

P. G.

➙ Bulgarie / Byzantin (Empire) / Macédonienne (dynastie).

 G. Schlumberger, l’Épopée byzantine à la fin du xe siècle (Hachette, 1896-1905 ; 3 vol.). / J. C. S. Runciman, A History of the First Bulgarian Empire (Londres, 1930).

Basilicate

En ital. Basilicata, région de l’Italie méridionale ; 9 991 km2 ; 609 000 hab.


La Basilicate, appelée autrefois Lucanie, comprend les provinces de Potenza et de Matera. Bordée par les Pouilles au nord et à l’est, la Campanie à l’ouest, la Calabre au sud, elle s’ouvre sur le golfe de Tarente et atteint la mer Tyrrhénienne au golfe de Policastro par une étroite fenêtre de 15 km. C’est une des régions les plus pauvres du Mezzogiorno, avec un revenu par habitant de moitié inférieur à la moyenne italienne.

Les conditions naturelles expliquent dans une large mesure cette situation. Le relief est composé de trois unités inégalement réparties : des montagnes à l’ouest (47 p. 100 de la superficie), des collines à l’est (45 p. 100), une plaine au sud-est (8 p. 100). La montagne apennine, élément essentiel du paysage, présente une série de massifs dont les altitudes s’élèvent du nord vers le sud, avec le volcan Vulture (1 327 m), les masses calcaires du Volturino (1 836 m) et du Sirino (2 005 m), et, au contact de la Calabre, le Pollino (2 271 m). Les altitudes s’abaissent à l’est, dans le secteur des collines, marneuses et argileuses, intensément disséquées par l’érosion. Quant à la plaine, qui se termine sur 35 km par une côte basse et régulière, elle a été formée par les apports de cinq fleuves (Sinni, Agri, Cavone, Basento, Bradano). La disposition du relief nuance les données du climat méditerranéen, plus humide sur le versant tyrrhénien, plus rude en montagne, plus sec (500 mm de pluies) et plus torride l’été (35 °C de maximum absolu moyen en août à Metaponte), sur le versant ionien. Il résulte de ces conditions naturelles la difficulté des communications, l’abondance des éboulements (les « frane »), l’insalubrité des plaines.