Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

barbituriques (suite)

Les barbituriques se présentent le plus souvent sous forme de poudres cristallines insolubles dans l’eau, mais solubles dans les solutions alcalines diluées, en raison de leur caractère acide. Ils possèdent en commun un certain nombre de caractères analytiques permettant de les dépister, notamment dans les liquides organiques (urine) en cas d’intoxication. La classification chimique des barbituriques repose sur la nature des groupements substitués sur la malonylurée ; elle permet de grouper les quelques centaines d’uréides connus, sans préjuger de leurs propriétés particulières. Les praticiens préfèrent classer les barbituriques selon la longueur de leur action hypnogène : prolongée (plus de 6 heures), intermédiaire (de 3 à 6 heures), brève (moins de 3 heures), très brève (quelques minutes). Cette classification chronologique des barbituriques est mieux adaptée aux besoins thérapeutiques. Les barbituriques actuellement le plus fréquemment utilisés en France sont :
— le barbital, diéthylmalonylurée, et le phénobarbital, phényléthylmalonylurée, à action prolongée ;
— le butobarbital, butyléthylmalonylurée, et l’amobarbital, isoamyléthylmalonylurée, à action intermédiaire, le sécobarbital, allylméthylbutylmalonylurée, et le pentobarbital, éthylméthylmalonylurée, à action brève ;
— l’hexobarbital, cyclohexène-diméthylmalonylurée, et le penthiobarbital, éthylméthylbutylthiomalonylurée, à action très brève.

Les barbituriques sont le plus souvent prescrits par les voies orale et rectale ; ceux à action très brève sont injectés par voie endoveineuse pour obtenir une anesthésie générale rapide. Enfin, à doses généralement faibles, les barbituriques figurent fréquemment dans la formule de nombreux médicaments magistraux ou spécialisés.

R. D.


Toxicologie

L’effet toxique des barbituriques ne peut être différencié de l’effet pharmacologique, dont il n’est que l’exagération ; le sommeil profond provoqué par l’absorption de 0,05 à 0,30 g de ces corps devient coma après ingestion de 0,30 à 3 g et coma gravissime avec arrêt respiratoire pour des doses allant jusqu’à 25 g à l’occasion d’intoxication volontaire.

Constatation remarquable : quelle que soit la dose absorbée, les barbituriques ne déterminent pas de lésion cellulaire, mais seulement une inhibition réversible, portant essentiellement sur une partie des phénomènes d’oxydo-réduction (zone dite « flavo-protéinique »). Cette notion explique l’efficacité remarquable des méthodes de réanimation générale, qui permettent de guérir 99 p. 100 des intoxications graves par barbituriques, alors que les thérapeutiques antérieures par des antagonistes convulsivants ne permettaient la survie que dans deux tiers des cas graves.

La mort au cours du coma barbiturique s’observe surtout à l’occasion d’arrêts respiratoires imprévisibles, observés après absorption de barbituriques à effet court (pentobarbital, sécobarbital) ou ultra-court (hexobarbital, thiopental), ou après administration par voie intraveineuse. Dans les cas très graves, secourus tardivement, des broncho-pneumonies, un collapsus irréversible peuvent aussi conduire à la mort, mais la mortalité reste faible avec un traitement associant intubation et assistance ventilatoire, transfusion modérée et aminés pressives du type métaraminol.

Le dosage des barbituriques dans le sang et dans les urines au cours d’une intoxication aiguë donne des chiffres variables selon le type de barbiturique et l’équilibre acido-basique* de l’intoxiqué. Avec le phénobarbital, le taux sanguin varie de 80 à 250 mg par litre et le taux urinaire de 50 à 300 mg par litre, selon que l’urine est acide ou alcaline. Avec le sécobarbital, le taux sanguin dépasse rarement 30 mg par litre. Le diagnostic chimique de l’intoxication implique donc l’identification du type de barbiturique en cause.

L’intoxication chronique par les barbituriques s’observe soit chez des sujets anxieux, insomniaques, soit chez des toxicomanes. L’hypnotique est souvent consommé en association avec d’autres produits sédatifs ou euphorisants. Les effets obtenus par un usage prolongé subissent une variation dans le temps : pendant une huitaine de jours, la dose efficace doit être multipliée par deux ou trois en raison d’une adaptation enzymatique de dégradation hépatique, puis vient une période d’accoutumance, après laquelle le sujet peut absorber quotidiennement cinq à six fois la dose initiale. Cette absorption n’est pas sans inconvénients et provoque, après plusieurs mois, des troubles du comportement : asthénie, irritabilité, contrôle moteur médiocre. L’arrêt du barbiturique peut déclencher des phénomènes de sevrage : anxiété, insomnie, agitation et confusion mentale, convulsions. La réduction des prises devrait être obtenue progressivement et sous surveillance médicale. L’association alcool-barbituriques est particulièrement déconseillée pour la conduite d’automobiles.

L’absorption de doses modérées de barbituriques conduit rarement à des phénomènes d’intolérance ; par contre, l’usage de barbituriques est très dangereux chez les sujets atteints de porphyrie congénitale (excès de porphyrine issue du métabolisme de l’hémoglobine*), chez qui il peut déclencher des crises paralytiques mortelles.

E. F.

Barbizon (école de)

Ensemble de peintres français du xixe s. qui pratiquèrent, dans la forêt de Fontainebleau, un art du paysage de tendance plutôt réaliste.


Le terme a été consacré dès les dernières années du xixe s., bien que les paysagistes qui séjournaient à Barbizon, surtout soucieux d’exprimer leur individualité, n’aient jamais eu la volonté de former une école. Au reste, il est significatif que l’expression ne se réclame pas d’une doctrine, d’un système pictural, d’un maître, mais se fonde seulement sur une communauté de thèmes (la forêt) et de séjour (l’auberge Ganne). Si Barbizon définit pour nous les peintres qui, autour de Théodore Rousseau, représentaient l’« école moderne du paysage » (Baudelaire), il ne faut pas oublier que presque tous les paysagistes du siècle sont passés par Fontainebleau, qu’ils fussent tenants du paysage historique, réel ou inspiré. Barbizon témoigne avant tout, devant le motif, de la vitalité et de la diversité du paysage français dans le deuxième tiers du xixe s.