Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

baptistes (suite)

• C’est le baptême par immersion qui est le signe extérieur de cette résurrection transformant la vie de celui que le Saint-Esprit a fait entrer en communion avec le Christ. Evidemment, ce baptême ne saurait être autre chose qu’un acte de l’homme adulte, capable de confesser sa foi et de s’engager sur le chemin de l’obéissance. Personne n’est chrétien du fait qu’il est né dans une famille chrétienne. Chacun peut le devenir par l’intervention du Saint-Esprit, créant en lui la foi et la vie nouvelle.

• La communauté est une cellule du peuple nouveau et témoin, rassemblement de ceux qui, arrachés au monde pécheur, annoncent et anticipent le royaume de Dieu. Elle ne connaît ni sacerdoce ni hiérarchie et se suffit pleinement à elle-même : le lien entre les différentes communautés est de nature fédérative.

• La vocation première de chaque communauté est la mission : les baptistes sont à l’origine du grand mouvement d’évangélisation protestant contemporain. C’est un cordonnier anglais, William Carey (1761-1834), baptisé en 1783 dans un fleuve du sud de l’Angleterre, qui, le 2 octobre 1792, fonde la première « société missionnaire » : « Les chrétiens, dit-il, sont là pour convertir les païens. » En 1793, les premiers missionnaires baptistes vont en Inde ; sept ans après, le premier chrétien indien est baptisé ; la Bible est traduite et imprimée en vingt-six langues et dialectes. En 1810, il apparaît nécessaire de coordonner l’action des différentes sociétés de mission que les baptistes ont créées, notamment aux États-Unis, mais c’est seulement en 1910, à Édimbourg, que sont jetées les bases du Conseil international des missions, qui jouera un rôle décisif dans l’animation et l’unification du mouvement œcuménique.

• Le pacte constantino-carolingien entre l’Église et l’État est radicalement dénoncé : l’Église doit renoncer à toute forme de puissance et ne saurait, de ce fait, signer aucun concordat ; pauvre, éventuellement persécutée, elle n’a d’autre arme que le témoignage de sa pauvreté. De ce fait même, les communautés baptistes regroupent le plus souvent de « petites gens » et ont un authentique enracinement populaire.

Né en Angleterre au xviie s., le mouvement baptiste devait donner à ce pays, au milieu du xixe s., en la personne de Charles Haddon Spurgeon (1834-1892), un des plus grands évangélistes de tous les temps.

En 1620, le Mayflower emmenait vers l’Amérique un certain nombre de « pèlerins » baptistes qui essaimèrent rapidement, au point qu’actuellement un habitant des États-Unis sur quinze (notamment des Noirs) est membre d’une des grandes fédérations baptistes. Les origines piétistes de leurs communautés n’ont pas empêché plusieurs d’entre eux de jouer un rôle important dans les luttes politiques intérieures et extérieures de leur pays : c’est le cas, notamment, de Martin Luther King (1929-1968) et de Harvey Cox, un des plus écoutés parmi les théologiens actuels de la « sécularisation ».

En Allemagne, J. Gerhard Oncken (1800-1884), fils d’un combattant de la résistance nationale contre Napoléon, se convertit à Londres et est baptisé dans l’Elbe en 1834 ; il crée un mouvement qui compte aujourd’hui 600 communautés et 110 000 membres. C’est de là qu’au cours du xixe s. est entreprise l’évangélisation de la Russie, qui s’étend jusqu’en Sibérie. Le mouvement, âprement combattu par le pouvoir clérical du régime tsariste, traverse victorieusement les persécutions qui, notamment en 1881, s’abattent sur lui. Après la révolution bolchevique, il connaît un spectaculaire essor : 500 000 en 1917, les baptistes d’U. R. S. S., soumis à de dures pressions « administratives », sont actuellement 3,5 millions et dénombrent officiellement 5 400 paroisses. Un hommage public leur a été rendu en 1963 par le responsable des questions idéologiques auprès du Comité central du parti communiste soviétique, Leonid Fedorovitch Ilitchev (parlant des « vertus » exceptionnelles de ces chrétiens : sobriété, conscience professionnelle, lutte pour la paix, solidarité avec les victimes de la construction du socialisme), et par l’écrivain Alexandre Soljenitsyne (personnage d’Aliocha le baptiste, dans Une journée d’Ivan Dénissovitch, 1962). En France, les baptistes comptent une centaine de communautés, pour la plupart rattachées à la Fédération protestante de France.

G. C.

➙ Églises protestantes / Protestantisme / Réforme.

 G. Rousseau, Histoire des Églises baptistes dans le monde (Société de publications baptistes, 1952). / T. Ohm, Wichtige Daten der Missionsgeschichte (Munster, 1956 ; trad. fr. les Principaux Faits de l’histoire des missions, Casterman, 1961).

Bārābudur

Grand temple bouddhique du centre de Java, exemplaire de l’art indo-javanais.


Situé dans la plaine de Kedu, au nord de Jogjakarta, l’immense Bārābudur est un des principaux sanctuaires édifiés par la puissante dynastie bouddhiste des Śailendra entre le viiie et le xe s. Il appartient à la phase de l’art indonésien appelée « Java central » ou « art indo-javanais », car les apports indiens, bien qu’assimilés, restent reconnaissables.


Description

Le Bārābudur est en fait une colline maçonnée. Le matériau est l’andésite, taillée en gros blocs assemblés sans mortier et sculptée après la pose. Le sanctuaire consiste en un étagement pyramidal de quatre galeries à plan carré, deux fois redenté en faible saillie sur chaque face, de près de 112 m de côté à la base. Au-dessus, une plate-forme, également redentée, supporte trois terrasses circulaires concentriques entourant un stūpa central, proportionnellement très réduit et qui couronne le tout. Les trois terrasses portent ensemble soixante-douze petits stūpa ajourés, abritant chacun l’image en ronde bosse d’un bouddha ésotérique (ou Jina). Enserrant la base du monument, un épais massif quadrangulaire a été ajouté à un stade ultérieur, masquant une série de bas-reliefs en pourtour. Des escaliers aux quatre orients permettent d’accéder à tous les niveaux et d’y effectuer la circumambulation rituelle. À chacun des quatre premiers étages, le dévot avance dans la galerie en ayant à sa droite les bas-reliefs sculptés sur le mur de soutènement de l’étage supérieur et à sa gauche d’autres bas-reliefs couvrant la face interne d’un « mur-parapet ». Sur près de 5 km de longueur, quatorze cent soixante panneaux narratifs instruisent le pèlerin au cours de son ascension matérielle et mystique : ainsi, les panneaux de la base (masqués) représentent les cieux et les enfers ainsi que la rétribution des actes dans l’au-delà ; ceux de la première galerie, la vie du bouddha historique Śākyamuni et ses Vies antérieures. À la partie haute des « murs-parapets » des quatre galeries et de la plate-forme supérieure, tournées vers l’extérieur et les quatre orients, quatre cent trente-deux niches, dont l’ouverture est ornée du motif, omniprésent dans l’art de Java central, dit « à kāla et makara », abritent l’image en ronde bosse d’un Jina, celui qui correspond au point cardinal qu’il régit : par exemple, les quatre-vingt-douze bouddhas des galeries de la façade orientale (principale) sont le Jina Akshobhya, reconnaissable à son « geste de la prise de la Terre à témoin ».