Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bantous

Désignation ethno-linguistique d’un ensemble s’étendant en principe depuis le Cameroun jusqu’en Afrique du Sud, mais dont l’emploi actuel français tend à se spécifier dans le domaine linguistique.


Le nom de Bantous a été donné à ces populations par un philologue allemand, Wilhelm Heinrich Immanuel Bleek (1827-1875), dont la thèse (1851) et l’ouvrage principal (1862-1869) s’appliquaient à l’étude linguistique du groupe de langues de l’Afrique du Sud que l’on a nommées après lui bantoues. En fait, c’est surtout le problème linguistique qui a « fait » le groupe bantou : le rôle joué par les oppositions phonologiques d’un système de tons, des similitudes de noms désignant « le père », « la mère », etc. Cependant, un certain nombre de traits culturels communs, s’ajoutant aux faits linguistiques, tout en recouvrant des systèmes politiques divers (le matriarcat et le patriarcat), ont permis d’envisager le groupe bantou comme ayant une certaine autonomie et couvrant une surface très étendue dans l’Afrique. Les systèmes culturels dits « bantous », à propos desquels on a pu parler d’une « philosophie bantoue », ont cependant une réalité, notamment au Cameroun. C’est pourquoi, aujourd’hui, on convient de distinguer entièrement, quoique paradoxalement, le point de vue linguistique du point de vue anthropologique.

Parmi les langues bantoues habituellement citées, on distingue plusieurs sections :
— section occidentale : douala (Cameroun Sud), fang ou pahouin (Cameroun, Gabon), kongo (embouchure du Congo), lingala (Congo-Kinshasa), en voie d’extension considérable, tchokwé, lounda et mboudou (Angola), héréro (Afrique du Sud-Ouest) ;
— section orientale : kikuyu* (Kenya), ganda (Ouganda), ruanda (Ruanda), swahili, chambala, tchagga et nyamwezi (Tanganyika), louba (sud-est du Congo-Kinshasa), ngamya (Nyassaland), bemba (Zambie), chona (Rhodésie), tsonga (Mozambique) ;
— section méridionale : zoulou et xhosa (Natal), swazi (Swaziland), tswana (Bechuanaland), sotho (Basutoland).

Culturellement, on laissera ici de côté les ethnies qualifiées parfois de « Bantous du Sud-Est », c’est-à-dire les Ngonis, les Tongas et les Sothos, bien que ce soit toujours sous le qualificatif indifférencié de « Bantou » que les recensements de la république d’Afrique du Sud classent les populations noires, qu’ils dénombraient en 1960 comme approchant les 11 millions. Nous étudierons plus particulièrement les Bantous du Cameroun.

Selon les classifications camerounaises de 1968, le groupe se divise en Bantous (les Bassas, les Bakokos et les Fangs*) et en « semi-Bantous » (Bamoums et Bamilékés*). Mais les auteurs africains confrontés à l’analyse du problème bantou ne peuvent qu’avancer la grande facilité à l’adaptation dont font preuve ceux qui se rattachent au groupe bantou, la diversité des systèmes, dans lesquels « l’organisation politique est extrêmement sommaire et se confond pratiquement avec la vie clanique ». Les chefs actuels sont non seulement le résultat persistant d’une pure création de l’administration coloniale, soucieuse d’appuis et qui subsisterait après l’indépendance, mais aussi les héritiers présumés des fondateurs de clans. La religion est, selon l’analyse la plus fréquente, assimilable à un monothéisme strict, où la mythologie est féconde en mythes de la création et où le rituel se relie à une morale rigoureuse.

M. F.

 P. Tempels, Bantoe filosofie (Anvers, 1946 ; trad. fr. la Philosophie bantoue, Présence africaine, 1949). / L. A. Fallers, Bantu Bureaucracy (Cambridge, 1956). / E. Mveng, Histoire du Cameroun (Présence africaine, 1963).

baptistère

Édifice utilisé pour l’administration du baptême, spécialement à l’époque paléochrétienne*.


Le christianisme est apparu dans le monde méditerranéen à une époque où beaucoup d’hommes étaient à la recherche d’une communion religieuse — d’une foi d’abord, explication du monde, de la vie et de la mort, d’une protection divine aussi et d’un groupe où leur âme puisse s’épanouir dans l’amitié. Chacune de ces religions, chacun de ces « mystères » avait sa vie propre, en dehors des mythologies officielles, sans liaison avec les cultes de l’Empire. Et chaque groupe avait sa cérémonie d’initiation, dont l’accomplissement séparait à jamais le néophyte du reste des hommes. Pour les chrétiens, c’est le baptême qui marque cette barrière. C’est la cérémonie baptismale qui sanctionne l’accès aux vérités révélées, qui donne aussi la force de s’engager sur la route du salut.

Les récits évangéliques présentent le baptême comme le rite du précurseur, de Jean-Baptiste*, qui plongeait ses disciples dans l’eau du Jourdain, où il devait baptiser Jésus lui-même ; et l’Église naissante reprit immédiatement cet usage : « Baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », avait dit le Christ aux Apôtres.

Les Actes des Apôtres montrent les auditeurs des missionnaires demandant et recevant le baptême. La forme du rite n’est précisée qu’une fois, lorsque Philippe, ayant rencontré sur la route et converti l’eunuque de la reine d’Éthiopie Candace, le conduit jusqu’à la rivière.

Lorsque les communautés se furent installées, il fallut prévoir pour le baptême un local approprié. La plus ancienne église connue, celle de Doura-Europos, sur l’Euphrate, une maison transformée vers 230 pour l’usage exclusif de la communauté, possède un baptistère, avec une cuve sous un dais et des peintures qu’on interprète à partir de la signification du sacrement : effacement des péchés passés, et tout d’abord du péché originel, par la générosité du bon pasteur ; recours à la force du Dieu fait homme, affirmée par ses miracles, reçue par l’onction ; certitude du salut par la résurrection. La salle est petite, mais son décor la met à part.