Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

bandage (suite)

Différents types de bandage

Suivant la disposition des tours de bande, on distingue :
— le bandage circulaire, le bandage oblique, le bandage spiral, le bandage croisé — dont les noms indiquent la disposition —, le bandage renversé — où le renversement de la bande permet de suivre les reliefs, tels que celui du mollet —, le bandage en cape ou de tête ;
— le spica, bandage qui prend à la fois la racine du membre et la portion correspondante du tronc (on peut donc réaliser un spica de hanche ou d’épaule) ;
— l’écharpe de Mayor, mode d’immobilisation temporaire de l’épaule réalisé à l’aide d’un grand carré de tissu et qui prend l’avant-bras, le bras et l’épaule (elle est fréquemment employée après réduction d’une luxation de l’épaule) ;
— le bandage en té, découpé suivant la lettre T et qui sert particulièrement pour les pansements de la région ano-génitale ;
— la pelote, bande de caoutchouc habituellement maintenue en place par un tissu élastique au contact d’un orifice herniaire (elle est utilisée dans les hernies ombilicales du nourrisson ainsi que pour les bandages herniaires tout faits) ;
— le bandage herniaire, dont il existe de nombreux modèles ; il s’agit plus d’une prothèse que d’un bandage. Son emploi reste limité à des cas bien particuliers. (On ne l’utilise qu’en cas de contre-indication chirurgicale formelle.)

A. J.

bande dessinée

Récit en images publié en feuilleton dans la presse, puis en fascicules périodiques ou en albums vendus en librairie. Au singulier, le terme désigne le moyen d’expression et, au pluriel, la création objective.



Structure et technique

Bien que de plus en plus utilisée à des fins didactiques ou publicitaires, la bande dessinée a pour vocation de raconter les instants privilégiés de l’existence d’un personnage imaginaire condamné à vivre un éternel présent. L’emprunt de sa technique par des genres connexes ou parasites ne doit pas la faire confondre avec la vulgarisation en images (biographies) ou le roman en images, dont le texte (élément essentiel), découpé en tranches, est surmonté d’une rangée de vignettes (élément accessoire) destinées à l’illustrer.

La technique spécifique de la bande dessinée se caractérise par un découpage du récit visuel en plans exprimant une durée très courte et dont le montage obéit à un rythme obtenu par la manipulation du format de l’image et de l’angle de vision. La structure du récit est fondée sur une imbrication harmonieuse du son (paroles, bruits) et de l’image, celui-là figurant à l’intérieur de celle-ci. La parole, condensée en dialogues, est contenue dans des ballons paraissant s’échapper de la bouche des personnages ou même des objets. L’expression du sentiment, de la parole, des bruits obéit à un véritable code idéographique. Ainsi le contour du ballon : tracé en pointillés ou constitué d’une suite de petites bulles, il signale la pensée ou l’aparté ; tracé en dents de scie, il indique la voix retransmise (téléphone, radio) ou enregistrée (magnétophone). Un ballon orné de stalactites révèle la froideur du ton, l’hostilité. L’épaisseur variable des lettres mesure l’intensité sonore, du ton de la conversation au hurlement ; celui-ci, représenté en rouge, exprime la colère. Divers idéogrammes : étoiles, éclairs, lignes de fuite, petits nuages noirs, gouttelettes, et l’introduction miniaturisée, dans le ballon même, d’oiseaux, de chandelles, de revolvers, de couteaux, d’ampoules électriques précisent ou renforcent la gamme des sentiments suggérés.

Les bruits donnent lieu à un réalisme phonétique très poussé. Une voiture n’émet plus de « teuf-teuf », mais, selon la marque, « vroââr » ou « rac pout pout ». Un cheval au galop fait « cataclop cataclop ». Ces onomatopées graphiques ondulent, éclatent ou serpentent à l’intérieur du cadre, le parcourant en tous sens. Le son est devenu image comme dans les antiques écritures idéographiques. Comme dans l’Égypte ancienne.

Quelques termes

ballon, réserve blanche ectoplasmique rattachée à la bouche d’un personnage par une queue, contenant le texte de ses paroles. Autre dénomination : bulle.

bande quotidienne (de l’américain daily strip), rangée horizontale de trois ou quatre images qui, publiée dans un quotidien, correspond à la page de roman, à la scène de théâtre ou de film. La planche hebdomadaire (Sunday page) ou page de neuf à douze images est l’équivalent du chapitre de roman ou de la séquence de film.

comics (the), appellation générale des bandes dessinées en américain. Comic-strips (de strip, bande) désigne les bandes dessinées publiées dans les journaux. Les comic-books sont des fascicules contenant une histoire complète ; pas de terme spécifique en France, où on les appelle improprement récit complet, petit format, illustré.

fumetti, appellation des bandes dessinées en Italie, par comparaison du fumetto (condensation de la respiration par temps froid) avec le ballon paraissant s’échapper de la bouche des personnages. Néologismes dérivés : fumettismo (tout ce qui relève des bandes dessinées), fumettista (exégète ou critique des fumetti). Les milieux intellectuels commencent à employer l’expression bande disegnate (bandes dessinées) pour réserver « fumetto » au ballon.

phylactère, ruban avec inscriptions déployé dans l’imagerie du xve s. et dont les artistes se servaient pour donner au spectateur le texte des paroles prononcées par les personnages représentés (gloria pour les anges de la Nativité, texte des prophéties, Salutation angélique). Ancêtre du ballon.


Préhistoire

Certains passages du Livre des morts égyptien donnent, 1500 av. J.-C., le plus lointain exemple d’histoires figuratives dont les scènes successives s’ordonnent en bandes superposées, le texte (idéographique) étant situé à l’intérieur de l’image. Parfois, un même personnage est représenté à des échelles diverses ou — pour employer une terminologie moderne — selon des cadrages différents. Après les Égyptiens, la narration en images « parlantes » s’occulte au profit de l’image narrative, muette, tandis que se poursuit la quête d’un support matériel idéal : assez solide (pierre peinte ou sculptée, terre cuite, étoffe brodée, puis imprimée, verre, parchemin) pour conserver l’image, assez efficace pour en assurer la communication. Longtemps, le caractère monumental et l’emplacement exceptionnel du support matériel semblent satisfaire ces deux exigences : frise du Parthénon (ve s. av. J.-C.), colonne Trajane (113 apr. J.-C.), tapisserie de Bayeux (xie s.), miracle de saint Théophile (église de Souillac, xiie s.), vitraux de Chartres et de Bourges (xiie-xve s.).