Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Baléares (suite)

L’île reste sous domination française pendant sept ans. Le traité de Paris (1763) la rend aux Anglais, qui doivent de nouveau la céder en 1782, cette fois aux Espagnols, la reprenant en 1798. Bien que la paix d’Amiens (1802) la restitue à l’Espagne, les Anglais s’y installent encore de 1805 à 1808. Alors que, pendant l’occupation anglaise, et surtout lors de l’excellent gouvernement de sir Richard Kane (1712-1736), Minorque traverse une période de prospérité économique, elle sombre de nouveau dans la stagnation après 1802.


Le redressement

En 1778, l’implantation à Palma de la « Société des amis du pays » apporte les idées du despotisme éclairé et donne une impulsion à l’économie. Elle introduit des techniques agricoles et de nouvelles cultures, particulièrement celle de l’amandier, protège l’industrie et obtient l’autorisation de commercer avec les colonies américaines.

La venue de réfugiés à la suite de la guerre d’Indépendance donne pendant quelque temps l’impression que l’archipel jouit d’une économie florissante. Cependant, leur départ, et avec lui le retrait des capitaux qu’ils ont apportés, replace les Baléares devant la réalité, et ce n’est qu’à partir de 1830 qu’on assiste véritablement à un redressement. La première ligne régulière reliant les îles à la Péninsule est ouverte en 1838, les biens du clergé sont désamortis dès 1836, le commerce avec les pays d’outre-mer reprend, et la flotte commerciale est pratiquement reconstituée au milieu du xixe s.

Cet essor est entravé à la fin du siècle par la guerre d’Indépendance des colonies, qui bloque le commerce avec les Antilles et déverse sur les îles un grand nombre d’émigrés.


Le xxe siècle et l’apparition du tourisme

Toutefois, l’Exposition des produits baléares, qui a lieu en 1910, prouve qu’une reprise s’est déjà amorcée. Le trafic maritime voit s’ouvrir une nouvelle ère avec la loi sur les communications de 1911. C’est à ce moment-là que naît une nouvelle activité qui ne va cesser de se développer : le tourisme. En effet, la Société d’encouragement au tourisme est fondée en 1905, et cette industrie, bien qu’elle soit mise en sommeil tout d’abord pendant la Première Guerre mondiale, puis de 1936 à 1950 environ, progresse à une telle rapidité qu’elle réussit à occuper la première place dans l’économie de l’archipel.

Lors de la guerre civile (1936), Majorque adhère au Mouvement national (c’est de là que part le général Goded pour soulever Barcelone), alors que Minorque et Ibiza restent du côté des républicains jusqu’en 1939.

R. G.-P.

➙ Aragon / Catalogne / Espagne / Majorque (royaume de) / Reconquista.

Baleine

Mammifère marin de l’ordre des Cétacés, le plus grand et le plus gros animal qui ait jamais existé sur terre et dans les mers.



Description

Le corps de la Baleine est pisciforme, muni de deux nageoires pectorales longues, étroites et puissantes, les « battoirs ». Certaines espèces ont un aileron dorsal, les membres postérieurs ont disparu, la queue à deux pointes est aplatie dans un plan horizontal.

La tête, volumineuse et large, mesure à peu près le tiers de la longueur du corps. La bouche est immense, avec des mâchoires à contour elliptique, les supérieures portant à la place de dents des productions épidermiques, les « fanons », ce qui a fait donner aux Baleines le nom de Mysticètes (ou Cétacés à fanons), par opposition aux Odontocètes (Cétacés à dents).

Ces fanons, suspendus aux maxillaires supérieurs, ont parfois près de 3 m de long ; ils sont falciformes et composés d’une multitude de fibres longitudinales qui se divisent en fibres plus petites. Leur bord externe est uni et convexe, mais le bord interne est effiloché. Cet ensemble de fanons empilés les uns devant les autres forme un V qui se rejoint à l’extrémité antérieure de la bouche. Ils jouent le rôle d’un filtre grossier destiné à retenir les animalcules dont se nourrit l’animal.

Sur la partie supérieure de la tête se trouvent deux orifices, les « évents », pouvant s’obturer par une valvule. C’est par là que les Baleines respirent et rejettent l’air après les plongées. Il se produit alors une colonne de vapeur, le « souffle », visible d’assez loin.

Les organes des sens des Baleines semblent rudimentaires, mais leurs yeux, à cristallin sphérique comme ceux des Poissons, leur permettent d’accommoder dans l’eau. Dans l’air, ils pourraient seulement leur permettre d’apprécier la quantité de lumière et les gros obstacles.

Les oreilles externes sont réduites à de simples orifices, terminaisons des canaux conduisant aux oreilles moyennes. L’oreille interne faciliterait la perception de certaines vibrations ; en tout cas, l’audition joue chez les Mysticètes un rôle qui n’est pas négligeable. De plus, des poils tactiles disposés sous le menton et en rangées linéaires le long des mâchoires les aideraient à percevoir certains stimuli vibratoires.


Biologie, alimentation, migration

Ces énormes animaux se nourrissent de crevettes pélagiques, que les baleiniers appellent le « krill ». L’une d’elles, Euphausia superba, est la plus importante : elle vit dans les mers dont la température oscille entre – 1,8 °C et + 1,8 °C, en bancs immenses, jusqu’à 10 m de fond ; elle se raréfie en profondeur et disparaît à – 100 m. Dans ces mers froides, les crevettes trouvent en abondance leur nourriture, composée de Diatomées microscopiques. Pour se nourrir, les Baleines arrivent la gueule ouverte dans les bancs de crevettes, qui s’engouffrent avec l’eau dans leur énorme bouche. La Baleine remonte sa langue vers le plafond de la cavité buccale ; l’eau est chassée sur les côtés et filtrée par les fanons. Les crevettes retenues sont alors facilement dégluties. On estime que les Baleines pourraient ramasser à chaque pêche de 500 à 1 000 kg de krill, suivant la densité des bancs. Les Baleines vivant dans l’hémisphère austral se repaissent de cette nourriture de fin octobre à début avril ; puis arrive l’hiver austral, et les animaux, repus, commencent une lente migration vers le nord pour gagner les eaux tropicales et équatoriales. Des couples se forment rapidement, et, deux par deux, les Baleines partent à l’aventure, vivant uniquement sur leurs réserves, la couche de lard qui les enrobe (le « blubber »). Vers le mois d’octobre cesse la période des accouplements, les couples se dissocient, puis chacun s’en retourne vers le sud pêcher la crevette pour son propre compte. Au mois d’avril de l’année suivante ont lieu les naissances.