Baléares (suite)
L’île reste sous domination française pendant sept ans. Le traité de Paris (1763) la rend aux Anglais, qui doivent de nouveau la céder en 1782, cette fois aux Espagnols, la reprenant en 1798. Bien que la paix d’Amiens (1802) la restitue à l’Espagne, les Anglais s’y installent encore de 1805 à 1808. Alors que, pendant l’occupation anglaise, et surtout lors de l’excellent gouvernement de sir Richard Kane (1712-1736), Minorque traverse une période de prospérité économique, elle sombre de nouveau dans la stagnation après 1802.
Le redressement
En 1778, l’implantation à Palma de la « Société des amis du pays » apporte les idées du despotisme éclairé et donne une impulsion à l’économie. Elle introduit des techniques agricoles et de nouvelles cultures, particulièrement celle de l’amandier, protège l’industrie et obtient l’autorisation de commercer avec les colonies américaines.
La venue de réfugiés à la suite de la guerre d’Indépendance donne pendant quelque temps l’impression que l’archipel jouit d’une économie florissante. Cependant, leur départ, et avec lui le retrait des capitaux qu’ils ont apportés, replace les Baléares devant la réalité, et ce n’est qu’à partir de 1830 qu’on assiste véritablement à un redressement. La première ligne régulière reliant les îles à la Péninsule est ouverte en 1838, les biens du clergé sont désamortis dès 1836, le commerce avec les pays d’outre-mer reprend, et la flotte commerciale est pratiquement reconstituée au milieu du xixe s.
Cet essor est entravé à la fin du siècle par la guerre d’Indépendance des colonies, qui bloque le commerce avec les Antilles et déverse sur les îles un grand nombre d’émigrés.
Le xxe siècle et l’apparition du tourisme
Toutefois, l’Exposition des produits baléares, qui a lieu en 1910, prouve qu’une reprise s’est déjà amorcée. Le trafic maritime voit s’ouvrir une nouvelle ère avec la loi sur les communications de 1911. C’est à ce moment-là que naît une nouvelle activité qui ne va cesser de se développer : le tourisme. En effet, la Société d’encouragement au tourisme est fondée en 1905, et cette industrie, bien qu’elle soit mise en sommeil tout d’abord pendant la Première Guerre mondiale, puis de 1936 à 1950 environ, progresse à une telle rapidité qu’elle réussit à occuper la première place dans l’économie de l’archipel.
Lors de la guerre civile (1936), Majorque adhère au Mouvement national (c’est de là que part le général Goded pour soulever Barcelone), alors que Minorque et Ibiza restent du côté des républicains jusqu’en 1939.
R. G.-P.
➙ Aragon / Catalogne / Espagne / Majorque (royaume de) / Reconquista.