Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Pour ce qui est des Poissons, Cuvier les divisait en deux grands groupes : les chondroptérygiens (à squelette cartilagineux) et les poissons proprement dits (à squelette osseux), et cette classification fut suivie par A. Latreille, Constant Duméril, Henri Ducrotay de Blainville, Lacepède, etc. Louis Agassiz (v. paléontologie) la perfectionna en faisant intervenir la forme des écailles. L’Histoire naturelle des poissons (1829-1849) de Cuvier et Valenciennes comprend 22 volumes et 650 planches, mais ne traite qu’une partie des poissons osseux. Leurs organes sensoriels firent l’objet d’études spéciales (système latéral : Franz Leydig, 1850 ; organes électriques : Carlo Matteucci et Savi, 1844 ; etc.).

La séparation entre les Reptiles et les Amphibiens, déjà pressentie par Alexandre Brongniart, fut réalisée par de Blainville (1816).

L’Erpétologie générale de Constant Duméril et G. Bibron (1835-1850) [10 vol.] est à ces deux classes ce que l’ouvrage de Cuvier et Valenciennes est aux Poissons. Parmi les nouvelles espèces d’Amphibiens découvertes au siècle dernier, il faut mentionner l’axolotl, rapporté du Mexique par A. de Humboldt*, et qui est néoténique (reproduction à l’état larvaire). C. Duméril (1806) divisa les Amphibiens en Anoures et Urodèles.

Les Oiseaux firent l’objet, pour ce qui est des espèces américaines, des monographies somptueusement illustrées de John James Audubon (v. 1780-1851) et de Charles Lucien Bonaparte (1803-1857). Citons également celles qui sont dues à René P. Lesson et Gould pour diverses familles. Les migrations aviaires furent étudiées par Hermann Schlegel (1828), Johan Axel Palmén (1876), tandis que leur « baguage » fut introduit par H. C. C. Mortensen (1890). Le comportement des Oiseaux fit l’objet des observations de Christian et Alfred Brehm (1861-1869), tandis que R. Owen décrivait le premier Archæopteryx, espèce fossile découverte en 1861. La classification des Mammifères fut entreprise par divers auteurs (Illiger, 1811 ; de Blainville, 1816 ; Owen, 1841) qui utilisaient tel ou tel caractère anatomique, les travaux de G. Cuvier sur leur squelette et leur dentition constituant la base des travaux ultérieurs.


Écologie et zoogéographie

Le terme même d’œcologie (aujourd’hui écologie), qui désigne la science étudiant les rapports des organismes avec le milieu, fut créé par Ernst Haeckel (1866) [v. écologie et évolution biologique].

L’action de divers facteurs physiques ou chimiques (température, lumière, teneur de l’air en oxygène ou en gaz carbonique, etc.) fut étudiée chez divers animaux (Invertébrés et Vertébrés). C’est ainsi que, chez des Tardigrades et des Rotifères, Louis Doyère découvrit le phénomène dit aujourd’hui d’« anabiose » (ou dessèchement), qui leur donne la possibilité de résister à la chaleur et qui s’observe aussi chez certains Nématodes. C’est Karl August Möbius (1825-1908) qui créa les termes d’espèces eurythermes ou sténothermes, selon qu’elles supportent des variations larges ou étroites de température. Le même auteur (1877) forgea le terme de biocénose pour désigner l’ensemble des êtres vivant dans un milieu donné. L’étude des lois régissant les populations fut entreprise par Malthus* (1798, 1803) et perfectionnée par Adolphe Quetelet (1835), William Farr (1843) et A. Spencer (1852).

La zoogéographie*, ou répartition géographique des animaux, dont l’étude avait été amorcée par Buffon au xviiie s., fut poursuivie par Lacepède, qui divisait la surface du globe en 26 régions zoologiques délimitées par l’orographie, l’hydrographie, le climat, l’altitude et la distribution des animaux déjà connus. On trouve des idées voisines chez Humboldt (1808) et, pour ce qui est des Mammifères, chez Illiger (1804-1811) et Philip L. Sclater (1858), pour ce qui est des Reptiles chez A. Günther (1858), tandis que Ludwig K. Schmarda (1853) donnait le premier ouvrage d’ensemble sur la question. Citons encore les contributions d’Alfred Russel Wallace et de Thomas Henry Huxley (v. évolution biologique).


Zoologie marine

Si l’étude morphologique et biologique des animaux marins fut entreprise dès l’Antiquité par Aristote et poursuivie dans les siècles ultérieurs, ce n’est qu’à partir du xixe s. qu’elle fit l’objet de travaux systématiques. Pour ce qui est de la France, citons les observations de Jean-Victor Audouin et de H.-Milne Edwards (1832-1834) sur la faune littorale de la Manche et de l’Atlantique, où ils distinguèrent plusieurs zones de peuplement. Armand de Quatrefages de Bréau (1810-1892) entreprit des recherches analogues (1841-1853). Le plus grand zoologiste « marin » français du siècle dernier fut Henri de Lacaze-Duthiers (1821-1901), le fondateur des laboratoires maritimes de Banyuls et de Roscoff et l’auteur de remarquables travaux sur divers Invertébrés.

D’autres zoologistes de divers pays européens s’illustrèrent également dans ce domaine : Filippo Cavolini (1756-1810) et Stefano Delle Chiaje (1794-1860) en Italie ; Edward Forbes (1815-1854) et Thomas Henry Huxley (1825-1895) en Grande-Bretagne ; Michael Sars (1805-1869) en Norvège ; Japetus Steenstrup (1813-1897) au Danemark ; Johannes Müller (1801-1858) et Martin H. Rathke (1793-1860) en Allemagne, déjà cités à propos de leurs études sur l’Amphioxus.

Pour une meilleure étude des animaux marins, la création de laboratoires situés au bord de la mer devint indispensable. Dès 1843, P. J. Van Beneden avait créé, en Belgique, une station zoologique à Ostende. En France, c’est Victor Coste (1807-1873) qui fonda à Concarneau (1859) le premier laboratoire maritime. Puis ce fut la création de ceux de Roscoff (1872), de Sète (1879), de Banyuls (1881), d’Arcachon (1883), de Villefranche-sur-Mer (1886), qui dépendait à l’origine de l’université de Kiev (Russie) et fut ensuite rattaché à celle de Paris, d’Endoume-Marseille (1888), etc.

En Italie, la station zoologique de Naples fut fondée en 1874 par un Allemand, Anton Dohrn, tandis qu’en Angleterre était créé le laboratoire de Plymouth (1881), en Russie ceux de Sébastopol (mer Noire) et de Mourmansk (océan Arctique), aux États-Unis celui de Woods Hole (1886). En Afrique du Nord furent fondées les stations marines d’Alger et de Salammbô (Tunisie), et au Viêt-nam celle de Nha Trang.