Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Z

Zohar (le) (suite)

À ce commentaire sont mêlés, d’une façon anarchique, vingt et un opuscules aux titres prometteurs de révélations ésotériques (Livre du secret, Midrash caché [Ne’elam], etc.). Ces révélations sont communiquées à ses sept disciples par un maître appelé la « lampe sainte » ; il les y initie, au cours de promenades champêtres, dans un paysage dont la description voudrait suggérer que l’on est en Terre sainte. Ce maître est présenté comme étant Rabbi Siméon bar Yohay, rabbin de l’Antiquité qui fut le disciple de Rabbi Akiba, mort en martyr en 132 de l’ère chrétienne. Inquiété par les Romains, contre lesquels il prêchait une lutte incessante, Rabbi Siméon dut se cacher, avec son fils, dans une grotte. C’est là qu’il aurait, selon la légende, rédigé le Zohar, d’après un écrit contenant les secrets communiqués à Adam par l’ange Raziel.

Selon le Zohar, Dieu est l’infini absolu, le Ein Sof, le « caché de tous les cachés ». Hors d’atteinte de l’esprit humain, il est comme l’Ayin (non-existant). Il manifesta son existence en faisant émaner de son « Moi » dix rayons, les Sefirot (le terme vient du mot saphir de l’Exode). Cristallisant chacune un aspect de la personne divine, dont elles sont aussi peu distinctes que la chaleur l’est du charbon incandescent ou la flamme de la bougie, les Sefirot sont en même temps les agents de Dieu. Continuant le processus d’émanation de la première d’entre elles (Keter, la Couronne), elles s’unissent par couples masculin-féminin pour engendrer les Sefirot suivantes et communiquent entre elles par des « conduits » (Sinorot). Leur agencement rend compte à la fois des rapports du Dieu unique avec le monde multiple, de la genèse du Mal à partir d’une création bonne, de l’influence réciproque du monde supérieur sur le monde inférieur et vice versa ainsi que de la possibilité d’une restauration du Bien primitif. La dernière de ces Sefirot s’appelle Malkout (l’Empire). Représentant l’harmonie de toutes les autres, elle traduit la présence de Dieu dans l’univers. C’est pourquoi on l’appelle également Shekhina (l’Immanence).

Le Zohar exprime le rôle réparateur de la communauté d’Israël qui doit rétablir l’équilibre entre la Rigueur et la Clémence. Dans le dispositif des Sefirot, la dernière Sefira, Malkout, représente la communauté d’Israël, mais aussi la présence divine.

Sur le plan social, le Zohar ne s’élève pas, à la différence du Raya Mehemna, contre l’exploitation du peuple par des oppresseurs issus de lui. On aurait plutôt tendance à faire l’éloge de la pauvreté, présentée comme une voie d’accès à la piété. Elle est comparée à la Shekhina, qui, tel le pauvre vivant d’aumônes, est alimentée par l’influx des Sefirot. La Shekhina, en exil, est pauvre ; le pauvre est donc très proche d’elle. On ne prône pas, en revanche, l’ascétisme ni, surtout, l’abstinence sexuelle : le mariage est une réalisation symbolique de l’union de Dieu avec la Shekhina.

La psychologie du Zohar distingue trois niveaux d’âme : Nefesh (le souffle vital), Ruah’ (l’esprit) et Neshamah (l’âme). Ces niveaux ne sont pas séparés, mais sont contenus les uns dans les autres, les plus bas étant l’enveloppe de ceux qui sont à un degré plus haut. L’homme quelconque n’a qu’une Neshamah atrophiée, comme l’est parfois son Ruah’, que l’étude de la Torah contribuera à développer ; seule l’étude de la cabale entraînera le développement de la Neshamah. Le péché n’est le fait que du Nefesh ; la Neshamah est au-delà de la faute. Chacun des éléments de l’âme dépend d’une Sefira, qui agit sur lui et sur laquelle il agit.

Le sort de l’âme se joue pendant la vie terrestre, et le péché peut la perdre, tandis qu’une existence pure peut la sauver. Toutes les âmes préexistent depuis la Création. Elles sont « gravées dans le ciel » sous la forme des corps qu’elles devront animer ; elles savent déjà ce qu’elles apprendront plus tard. Toutes les âmes masculines sont déjà unies à des âmes féminines ; le mariage terrestre ne fera que confirmer ce mariage céleste. Avant de descendre sur la terre, les âmes convoquées par Dieu s’engagent à accomplir des actes pieux. Pendant leur séjour terrestre, elles tissent le « vêtement » qu’elles porteront après la mort. Les âmes des pécheurs seront « nues », ou, du moins, leur « vêtement » aura des trous. Les âmes des justes remonteront vers Dieu ; celles des pécheurs invétérés seront amenées au tribunal et soumises au feu purificateur de la géhenne, voire, dans les cas les plus graves, définitivement brûlées. La moindre intention de repentir garantit que l’âme ne sera pas définitivement rejetée. La plupart des âmes obtiennent ainsi leur grâce, c’est-à-dire une nouvelle chance, en revenant sur la terre : c’est là la théorie de la transmigration (Gilgul) des âmes. Cette transmigration pourra se reproduire plusieurs fois dans des corps différents jusqu’à ce que s’achève la purification.

La doctrine du Zohar conquit très vite les esprits et les cœurs. Elle fut, pour les Juifs chassés d’Espagne en 1492, un motif de consolation et une source d’inspiration qui les sauvèrent du désespoir : ils virent dans leur tragédie un reflet du drame cosmique qui devait se dénouer dans la Rédemption finale. Les enseignements du Zohar furent médités et développés par les cabalistes de l’école de Safed. Ils intéressèrent aussi les réformateurs et les mouvements mystiques chrétiens.

E. G.

➙ Cabale / Judaïsme.

Zola (Émile)

Romancier français (Paris 1840 - id. 1902).



La vie et l’apparition de l’œuvre


1840-1858

Émile Édouard Charles Antoine Zola naît le 2 avril 1840 à Paris, 10, rue Saint-Joseph. Il est le fils de François Zola (1795-1847), qui, né à Venise, a fait ses études à Padoue, a été officier d’artillerie, est venu en France pour échapper à la domination autrichienne et, après avoir été officier de la Légion étrangère en Algérie (1831-32), s’est installé à Marseille comme ingénieur civil. Au cours d’un voyage à Paris, François Zola a remarqué et épousé (en 1839) Émilie Aubert, fille d’un artisan peintre-vitrier et d’une couturière, Louis et Henriette Aubert, d’origine beauceronne.