Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Żeromski (Stefan)

Écrivain polonais (Strawczyn, près de Kielce, 1864 - Varsovie 1925).


L’enfance de Żeromski se déroule dans la belle région montagneuse et forestière du massif de la Sainte-Croix (Świętokrzyskie Góry) ; l’atmosphère de patriotisme qui règne dans la maison et la beauté de la nature qui entoure l’enfant le marqueront pour toute sa vie.

À l’époque de la nouvelle entreprise de russification de la vie polonaise après l’échec de l’insurrection de 1863, Żeromski fréquente le lycée de Kielce. Dans son Journal, tenu de 1882 à 1891, il note tous les événements de cette période : élève médiocre, refusé aux examens, il parviendra à une érudition étendue grâce à son effort personnel. Il gagne d’abord sa vie comme précepteur dans de riches familles établies à la campagne, puis se rend à Varsovie, où il entre à l’École vétérinaire, l’unique établissement scolaire admettant des élèves sans baccalauréat ; mais il doit interrompre ses études en raison de difficultés matérielles et des premières atteintes de la tuberculose. Il retrouve la campagne, où il observe avec passion la vie quotidienne.

En 1889, il donne ses premiers textes de prose. C’est à Nałęczów, près de Lublin, qu’il compose ses premiers récits importants, contes et nouvelles, notamment l’Inflexible Héroïne, mais, afin de rétablir sa santé, il part pour la Suisse, où il séjourne de 1892 à 1896 ; il travaille comme bibliothécaire au Musée national polonais de Rapperswil et, dans cette atmosphère de pays libre, entouré d’émigrés polonais, il voit mûrir à la fois son talent d’écrivain et ses idées politiques et sociales. Toujours sensible à l’injustice et à la misère, il deviendra le porte-parole du progrès social, et ses héros porteront en eux une force invincible dirigée contre la violence et l’oppression. Il écrit cependant des nouvelles et des contes lyriques ou naturalistes sur la campagne polonaise (Nous serons la proie des corbeaux, 1896), qui attirent l’attention par la richesse et la beauté mélodique de sa langue.

Revenu en Pologne, il s’installe à Varsovie (1897-1904), où il poursuit son activité de bibliothécaire à la bibliothèque des Zamoyski et où il compose ses premiers romans : les Travaux de Sisyphe (1898), étude psychologique sur le jeune écolier dans une école russifiée ; les Sans-logis (1900), analyse des conflits entre le besoin de justice et les intérêts personnels ; les Cendres (1904), histoire des guerres napoléoniennes et de la légion polonaise qui y participa, évocation lyrique de la naissance d’une vie nouvelle sur les décombres du pays occupé.

Après un voyage en Italie, Żeromski s’établit à Zakopane, dans les Tatras, où l’élite artistique et politique polonaise cherche alors un refuge. Sous l’influence des nouvelles tendances littéraires et d’inquiétudes mystiques, il compose un poème historique symbolique sur la naissance de l’État polonais, le Roman de Walgierz Udały (1906). Mais, déçu par l’échec des idées révolutionnaires en 1905, il s’abandonne au pessimisme : ce drame de l’homme se reflète dans l’œuvre de l’écrivain, le poème historique la Chanson de l’hetman (1908), le drame la Rose (1909) et surtout le roman naturaliste Histoire d’un péché (1908).

De 1909 à 1912, Żeromski séjourne à Paris, où déjà d’autres écrivains poursuivis par l’occupant — dont Władysław Reymont, Wacław Sieroszewski et Andrzej Strug — se sont établis. Il subit l’influence de la littérature française. Il écrit alors une tragédie, Sułkowski (1910), et les romans l’Ombre (1912) et le Fleuve fidèle (1912), consacré au souvenir de l’insurrection de 1863.

À la veille de la Première Guerre mondiale, il revient en Pologne, où il travaille à sa trilogie, la Lutte contre Satan (1916-1919). En 1918, une tragédie le frappe : son fils, âgé de dix-neuf ans, meurt d’une maladie de cœur.

Żeromski joue désormais un rôle très actif dans la vie sociale ; il rédige des articles et des appels. Mais, impressionné par la beauté de la côte baltique, il renouvelle son inspiration avec des récits comme Vent de mer (1922), le Sous-Marin (1924) et plusieurs pièces de théâtre, dont La caille s’est enfuie (1924). Son roman l’Avant-printemps (1925) est un événement littéraire et politique qui suscite discussions et polémiques devant la sévérité de l’accusation qu’il porte contre la société. Żeromski compose cependant son dernier ouvrage, le beau poème la Forêt de sapins (1925), qui évoque le pays de son enfance et où il dit adieu à son sol natal. Sa mort fut pour la Pologne un deuil national.

K. S.

 I. Kwiatkowska-Siemienska, Stefan Żeromski. La nature dans son expérience et sa pensée (Nizet, 1964). / A. Hutnikiewicz, Stefan Żeromski (en polonais, Varsovie, 1970).

Zimbabwe

Nom bantou appliqué par les Portugais aux capitales de plusieurs souverains de l’Afrique du Sud-Est.


Le terme est plutôt réservé à un site archéologique du sud-est de la Rhodésie actuelle, quelquefois appelé Grand Zimbabwe. Ce site est un ensemble de ruines uniques en Afrique noire par leur ampleur et leur qualité. Celles-ci forment trois groupes. Dans une vallée, le « temple elliptique » est un enclos renfermant deux tours coniques, ceint d’un mur de 2,5 km de développement, pouvant atteindre 9 m de hauteur et 4,5 m d’épaisseur. Mur et tours sont faits de moellons de granit soigneusement appareillés. Au-dessus de la vallée s’élève une acropole fortifiée. Entre le « temple » et l’acropole s’étendent une quantité de ruines qui peuvent avoir été des maisons d’habitation.

Connue des Portugais au xvie s. par le récit de marchands arabes, Zimbabwe fut visitée pour la première fois par un Européen en 1871. Ces ruines donnèrent lieu à d’extravagantes supputations : palais de la reine de Saba, centre d’esclavage portugais, etc. La datation précise des différents éléments et l’ethnie exacte des constructeurs demeurent des sujets de controverse. Mais les fouilles de G. Caton-Thompson en 1929, celles de R. Summers, de K. R. Robinson et de A. Whitty en 1958 ainsi que la prospection d’autres sites sur le plateau rhodésien permettent de restituer Zimbabwe à une civilisation indubitablement africaine. Actuellement, 330 ruines ont été recensées, les plus connues étant celles de Dhlo-Dhlo, de Khami, de Nanetali et d’Inyanga. Plus de 1 000 mines d’or et plus de 150 mines de cuivre préhistoriques ont été repérées.