Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Zaïre (suite)

Cependant, il était indispensable que le paysan participât plus directement au développement des cultures commerciales ; d’où les pressions en vue des « cultures éducatives », imposant à chaque producteur en puissance la mise en place d’une parcelle de coton, de tabac, de café, etc., susceptible de lui fournir un revenu monétaire. Cette politique s’appuya fortement sur la création de paysannats où les ruraux étaient encadrés, mais elle se heurta à de gros obstacles matériels et psychologiques et ne survécut pas à l’indépendance. Néanmoins, elle réussit à modifier profondément la situation ancienne, transformant à la fois certaines méthodes et la mentalité du paysan.

Au cours des années 1960 à 1970, la situation politique a provoqué d’abord un recul considérable de la production agricole (destructions sur les plantations, insuffisance de la main-d’œuvre, abandon des contraintes officielles...). Une sérieuse reprise s’est manifestée depuis 1966, et les chiffres les plus récents sont presque tous comparables à ceux de 1958 ou de 1959. Les productions d’huile de palme (200 000 t) et d’huile de palmiste (45 000 t) proviennent surtout de la « cuvette ». Dispersées dans la zone forestière, les plantations d’hévéas ont fourni 40 000 t de caoutchouc. La culture du caféier s’était développée surtout dans les régions orientales (du lac Kivu à la frontière soudanaise), la variété Arabica (12 000 t), plus recherchée, prenant de l’importance par rapport à la variété Robusta (65 000 t). En raison de l’altitude plus élevée, c’est là également qu’est cultivé le théier, tandis que le cacaoyer est beaucoup plus dispersé, de la boucle du Zaïre au Mayombe. La canne à sucre a très bien réussi dans les deux zones où de grandes plantations ont été établies : à Moerbeke, près de Thysville, dans le Bas-Zaïre, et dans la plaine de la Ruzizi, près de la frontière du Ruanda. Les besoins des villes ont fortement stimulé les cultures vivrières : le Bas-Zaïre participe tout entier au ravitaillement de Kinshasa, et le développement de cette activité est aussi particulièrement net le long des voies ferrées : Lubumbashi-Dilolo et Lubumbashi Ilebo (anc. Port-Francqui).

Par contre, la production de coton a du mal à se relever d’une chute brutale : alors qu’en 1959 le Zaïre récoltait plus de 60 000 t de coton-fibre et en exportait une bonne partie, il ne dispose plus maintenant que de 20 000 à 25 000 t. La régression est plus ancienne pour d’autres textiles, comme l’urena et le pounga, dont on a pu croire un moment qu’ils se substitueraient au jute, mais que maladies et difficultés de commercialisation ont fait pratiquement abandonner.

L’élevage n’est une activité importante que dans l’est du Zaïre, où il correspond à une tradition ancienne. Plusieurs centaines de milliers de bovins sont aux mains de paysans, pour qui les animaux sont un signe de prestige, mais non un placement rentable. On connaît les inconvénients de cette « boomanie » : surcharge des pâturages, très mauvais rendement en viande et en lait d’animaux non sélectionnés et mal nourris. Il s’est avéré nécessaire de créer des ranches pour l’approvisionnement des grandes agglomérations ; les bêtes, trypanotolérantes, disposent d’une superficie considérable et reçoivent une ration d’appoint. Les plus importants se trouvent dans le Bas-Zaïre, au Shaba méridional et près de Kananga. Quant aux volailles et au petit bétail, on les trouve partout ; mais les techniques d’élevage sont médiocres, sinon inexistantes, les animaux vivant dans une liberté presque totale et se nourrissant par eux-mêmes.

La pêche a subi également une nette évolution. Elle continue d’être active sous ses formes artisanales dans les lacs et les cours d’eau du territoire ; mais aux claies de branchages, aux poisons végétaux, aux harpons, utilisés depuis toujours, aux nasses immergées en plein courant, comme celles des célèbres Ouagénias de Kisangani, sont venus s’ajouter les filets de Nylon, les lignes, les hameçons d’acier, qui hâtent la disparition des formes collectives de pêche. Par contre, les campagnes annuelles de basses eaux mobilisent des milliers d’individus, qui migrent vers les lieux de pêche et fument le poisson, lequel part ensuite vers les villes. Sur certains lacs, comme le Tanganyika, la pêche industrielle s’est développée quelque peu ; elle a pris davantage d’ampleur sur la côte atlantique, où Pemarza utilise désormais de grands bateaux, qui débarquent annuellement 15 000 t.


Ressources naturelles et industrialisation

Le Zaïre est particulièrement bien doté en ressources naturelles, qui ont été mises en valeur avec rapidité en dépit des obstacles rencontrés. Ceux-ci restent importants dans le domaine forestier : proche du littoral, le Mayombe a été intensément exploité, mais sa superficie était réduite ; si la forêt dense de la cuvette est riche en essences utiles, elle est malheureusement éloignée de la côte, et de ce fait à peine entamée encore. Sur les 200 000 m3 de bois sortis des coupes, la moitié alimente le marché intérieur. Par contre, les gisements minéraux sont d’une exceptionnelle abondance ; liés aux terrains les plus anciens, ils se dispersent du nord-est au sud-ouest du pays, et quelques-uns se situent aussi dans le Mayombe.

Le cuivre est partout au Shaba méridional, où il est associé à divers métaux, comme le zinc, le cobalt, le germanium, le cadmium, l’or. Les prospections se poursuivent, qui amènent de nouvelles découvertes. Économiquement, l’extraction et le raffinage étaient l’apanage de l’Union minière du Haut-Katanga (U. M. H. K.), qui, depuis sa nationalisation, est devenue la Générale des carrières et des mines (GECA-MINES). Les activités minières n’ont jamais été interrompues, et la production ne cesse de croître : 500 000 t de cuivre en 1973, 100 000 t de zinc, 15 000 t de cobalt, 320 t de cadmium. Plus au nord, notamment à Kisengé, se trouvent plusieurs gisements de minerai de manganèse (370 000 t), tandis que la cassitérite est à Manono et dans le Maniema (7 000 t d’étain). L’or, sous-produit de l’industrie lourde, est aussi exploité dans le Kivu et surtout dans le nord, notamment par l’Office des mines d’or de Kili-Moto (5 500 kg). Il faudrait citer encore de nombreux minerais rares, comme le wolfram (350 t), la colombo-tantalite (132 t), le germanium (15 t). Les diamants, en majorité destinés à l’industrie, proviennent pour la plupart du Kasaï ; mais les 14 millions de carats officiellement contrôlés ne représentent pas toute la production, une contrebande active s’alimentant à des exploitations artisanales clandestines. Mbuji-Mayi est le centre de la région diamantifère.