Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Y

Yonne. 89 (suite)

Les rivières convergent toutes vers l’Yonne, qui traverse le département perpendiculairement au relief. C’est le long de son cours que se groupent les centres les plus importants. Depuis l’Antiquité, la région s’est construite autour des itinéraires qui mettent en relation le centre du Bassin parisien et les pays de la Saône. L’Yonne a fourni longtemps l’artère la plus aisée. Aménagée, doublée et complétée par un réseau de canaux, elle a permis une ouverture économique précoce, cependant que la grande ligne de Paris à Lyon par Dijon et aujourd’hui l’autoroute facilitent les relations. Mais les effets de cette vie de relation aisée ont été très divers : ils ont fait la puissance de Sens dans l’Antiquité, et l’activité d’Auxerre au Moyen Âge. Avec la croissance de Paris, tout l’actuel département s’est trouvé englobé dans l’aire d’économie métropolitaine, qui permettait à l’énorme agglomération de s’alimenter : les forêts offraient les bois de taillis, les plateaux calcaires les grains, et les pays de côtes, autour de Chablis, d’Auxerre et de Tonnerre en particulier, les vins. Le long des rivières, les grandes carrières de Ravières, d’Ancy-le-Franc ou de Massengis fournissaient à la capitale une bonne partie de sa pierre à bâtir. Et, de tout cet ensemble, les hommes convergeaient sur Paris, tel Restif de La Bretonne qui atteste cette attraction précoce. Le paysage, les villages bien construits, les châteaux comme Ancy-le-Franc, Tanlay témoignent de cette activité, et les cathédrales de Sens et d’Auxerre, la basilique de Vézelay, les vieux quartiers là, mais aussi à Avallon, à Tonnerre ou dans des centres endormis aujourd’hui comme Noyers rappellent aussi tout ce que cette prospère économie d’échanges a apporté aux villes.

La période de grande activité continue au début du xixe s., puis viennent les crises : le vignoble, avili par la plantation de cépages grossiers, ne résiste pas à la concurrence des vins du Midi, cependant que l’économie céréalière est ruinée par l’arrivée des blés américains. La population, qui avait atteint 380 000 habitants en 1851, tombe à moins de 250 000. Les vignes stagnent. Auxerre, à l’écart de la grande ligne ferroviaire Paris-Lyon, souffre particulièrement.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’exode rural, accéléré, et la ruine d’activités industrielles traditionnelles semblent conduire à un déclin irrémédiable. La population est vieillie, aux deux tiers rurales. Tout change avec la politique de décentralisation et avec l’autoroute, comme aussi avec la mécanisation agricole. Celle-ci trouve de bonnes conditions en Champagne crayeuse, où dominent les grandes exploitations, et dans les autres zones du département, où la moyenne se situe à près de 50 ha. Les grains, blé et maïs, occupent de 60 à 75 p. 100 des sols en Champagne, en Gâtinais et dans la vallée de l’Yonne. Leur place est plus modeste, voisine de 50 p. 100, sur les plateaux calcaires ou en Puisaye. Dans la Terre-Plaine et en Morvan dominent les herbages. Le vignoble de qualité se reconstitue lentement.

Cependant, la campagne tire de plus en plus l’essentiel de ses revenus des industries qui se sont implantées dans les petits bourgs et des résidences secondaires. Dans le Sénonais et dans l’Avallonais, celles-ci sont presque aussi nombreuses que les résidences principales.

L’essentiel de la décentralisation industrielle a bénéficié à l’axe de la vallée de l’Yonne et de l’Armançon. Sens compte aujourd’hui 27 930 habitants et Auxerre 39 955, cependant qu’il s’est formé une zone de peuplement industriel dense et dynamique de Saint-Florentin à Joigny en passant par Laroche-Migennes : elle groupe plus de 30 000 personnes. Là, l’expansion est rapide, généralement voisine de 5 ou 6 p. 100 par an. Ainsi se dessine un couloir urbanisé et florissant au milieu de régions dont l’agriculture prospère ne doit pas faire oublier le vide. Tonnerre continue à végéter. Avallon, depuis l’arrivée de l’autoroute, fait un bond en avant.

Jusqu’à présent, la réanimation du département par le tourisme et la décentralisation n’ont pas réussi à faire disparaître les faiblesses démographiques : si le bilan migratoire est positif (excédent de 1 000 personnes par an environ), les jeunes continuent à s’exiler. D’un autre point de vue, une évolution plus rapide, une industrialisation plus massive risqueraient de gâter l’environnement rural, qui est le grand atout de l’Yonne.

P. C.

➙ Auxerre / Bourgogne / Sens.

York

Branche de la famille des Plantagenêts* issue du quatrième fils d’Édouard III*, Edmond de Langley (1341-1402).



Naissance d’une maison

Edmond de Langley, créé comte de Cambridge par Édouard III en 1362, puis premier duc d’York en août 1385 par Richard II (roi de 1377 à 1399), exerce à trois reprises la régence, notamment en 1399 lors du débarquement en Angleterre de son neveu Henri de Lancastre (futur Henri IV), à qui il se rallie rapidement (v. Lancastre). Né de son union avec Isabelle de Castille († 1393), fille de Pierre le Cruel, son fils aîné, Édouard Plantagenêt (v. 1373-1415), contribue en 1397 à l’arrestation de Thomas de Woodstock, duc de Gloucester, l’un des « lords appelants » de 1387. En 1399, il se rallie pourtant aux Lancastres. Devenu duc d’York à la mort de son père (1402), il sert sous Henri IV en Aquitaine et dans le pays de Galles comme lieutenant royal, puis sous Henri V en France, où il est tué à Azincourt (1415).


De la soumission à la révolte

Après l’exécution, le 5 août 1415, du frère d’Édouard, Richard (v. 1375-1415), comte de Cambridge, qui avait comploté contre Henri V (roi de 1413 à 1422), le titre ducal est assuré par le fils du supplicié, Richard (1411-1460). Celui-ci descend d’Édouard III par sa mère, Anne Mortimer (v. 1375?-1415), l’arrière-petite-fille de Lionel d’Anvers, duc de Clarence, second fils d’Édouard III, dont la descendance a été illégalement écartée en 1399 en faveur de celle de Jean de Gand, qui n’était que le troisième fils d’Édouard III. Possédant de ce fait des droits à la couronne supérieurs à ceux du roi Henri VI, Richard apparaît comme un compétiteur potentiel d’autant plus redoutable qu’il hérite en 1425 des biens des Mortimer et qu’il épouse en 1438 la sœur du comte de Salisbury, Cécile Neville (1415-1495), dont la famille est l’une des plus riches et des plus puissantes du royaume.