Compositeur autrichien (Windischgrätz [auj. Slovenjgradec, Slovénie] 1860 - Vienne 1903).
Un état pathologique qui se détériore progressivement et conduit Wolf à la folie et à la paralysie générale, une instabilité et une indiscipline qui provoqueront son renvoi du conservatoire de Vienne (1877) et conditionneront toute sa vie, des périodes d’exaltation succédant à des périodes de dépression influenceront ce créateur qui composera peu en quantité et très irrégulièrement.
Il a laissé notamment un quatuor à cordes (1878-1884), le poème symphonique Penthesilea (1883-1885), la Sérénade italienne (1892), l’opéra Der Corregidor (1895) et deux cents lieder environ, écrits, pour la plupart, en quatre années, et qui représentent l’essentiel de son message : cinquante-trois Mörike-Lieder (1888), vingt Eichendorff-Lieder (dont treize en 1888), cinquante et un Goethe-Lieder (1888-89), quarante-quatre Spanische Lieder (1889-90), quarante-six Italienische Lieder, en deux livres (Livre I, 1890-91 ; Livre II, 1896), trois Michelangelo-Lieder (1897).
Wolf considère la poésie comme la source même de la musique. Il accorde la primauté au texte, dont il sait rendre toutes les subtilités. Très rarement, il emploie la forme de la chanson à couplets ; l’immense majorité de ses lieder épouse un développement libre. Leur longueur, déterminée par celle du poème, comporte quelques mesures ou s’étend sur plusieurs pages.
Si Wolf a subi l’influence des idées wagnériennes, il a su conserver son originalité et il n’a jamais imité son aîné. Il transpose dans le lied le principe de la déclamation continue. Sa mélodie se situe entre le récitatif arioso de Wagner et le futur Sprechgesang de Schönberg. Comme l’orchestre chez Wagner, le piano tient chez Wolf un rôle essentiel et se voit confier toute l’expression ; de vastes préludes ou postludes encadrent souvent le texte chanté. À sa manière, le lied wolfien se réclame de la notion wagnérienne d’art total. Les hardiesses rythmiques et harmoniques donnent une saveur personnelle à son style. Parti du chromatisme de Tristan, Wolf aboutit à une liberté et à une mobilité tonales annonciatrices de l’atonalisme.
D’une variété infinie, les lieder de Wolf excellent dans l’expression de sentiments contradictoires et font de son auteur, après Schubert et Schumann, le plus grand représentant de ce genre à la fin du xixe s.
Y. de B.
➙ Lied.
C. Rostand, Hugo Wolf (Seghers, 1967).