volcan (suite)
Du point de vue agricole, si les paroxysmes éruptifs sont évidemment catastrophiques, leurs conséquences lointaines sont, au contraire, particulièrement bénéfiques. Les cendres fines fournissent en quelques années un excellent sol, aux qualités physiques et chimiques incomparables (porosité, richesse en potasse et en acide phosphorique). Tufs volcaniques et anciennes coulées boueuses sont aussi très favorables dans les régions suffisamment humides. Les laves compactes mettent plus de temps à s’altérer et à donner un sol cultivable ; néanmoins, pour celles qui sont de nature basique, on arrive aussi à une richesse agricole certaine. Ainsi s’expliquent les populations très denses qui réussissent à vivre dans des pays essentiellement volcaniques comme le Japon, les Philippines, l’Indonésie, Hawaii, l’Amérique centrale ou les Petites Antilles. Plus près de nous, la fertilité des pentes de l’Etna ou du Vésuve sont classiques, mais on sait aussi que les planèzes sont connues dans tout le Massif central français pour la qualité de leurs pâturages en hauteur et de leurs terres à blé dans les zones plus basses.
Le pittoresque des régions volcaniques présente également une valeur économique et humaine. Le tourisme se développe de façon notable dans le « Parc des volcans » de l’Auvergne, dans chaque « Volcanic National Park » des États-Unis (Katmai, Crater Lake, Lassen, Yellowstone), autour des volcans et des geysers de Nouvelle-Zélande et d’Islande, etc. Les paroxysmes éruptifs attirent eux-mêmes une clientèle avide de spectacles grandioses : ainsi, une compagnie aérienne d’Hawaii, prête à faire faillite, a retrouvé toute sa prospérité grâce à une opportune émission de laves au Kilauea ; Naples reçoit désormais moins de visiteurs depuis que le Vésuve s’est endormi (1944), tandis que les flots de touristes vont à l’Etna, presque constamment actif ; les bouches éruptives du Japon sont entourées chaque jour de centaines ou de milliers d’admirateurs. Enfin, les lettres et les arts ont fait une part assez large aux volcans. Ceux-ci sont évoqués dans maintes poésies, dans maints épisodes romanesques et ils constituent le « personnage » principal d’innombrables gravures ou peintures, sans oublier les délicates estampes japonaises où figure si souvent l’illustre Fuji-Yama.
B. C.
➙ Roche / Sismologie.
K. Sapper, Vulkankunde (Stuttgart, 1927). / A. Rittmann, Vulkane und ihre Tätigkeit (Stuttgart, 1936, nouv. éd., 1960 ; trad. fr. les Volcans et leur activité, Masson, 1963). / J. Orcel et E. Blanquet, les Volcans, regards vers les profondeurs terrestres (Bourrelier, 1953). / E. Aubert de la Rüe, l’Homme et les volcans (Gallimard, 1958). / V. Binggeli, Vulkane (Berne, 1965). / C. Ollier, Volcanoes (Cambridge, Mass., 1969). / List of the World Active Volcanoes (Tōkyō, 1971). / H. Tazieff, les Volcans et la Dérive des continents (P. U. F., 1972). / B. Gèze, « Les roches volcaniques et la volcanologie », dans Géologie, t. I, sous la dir. de J. Goguel (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1973).