Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcan (suite)

Du point de vue agricole, si les paroxysmes éruptifs sont évidemment catastrophiques, leurs conséquences lointaines sont, au contraire, particulièrement bénéfiques. Les cendres fines fournissent en quelques années un excellent sol, aux qualités physiques et chimiques incomparables (porosité, richesse en potasse et en acide phosphorique). Tufs volcaniques et anciennes coulées boueuses sont aussi très favorables dans les régions suffisamment humides. Les laves compactes mettent plus de temps à s’altérer et à donner un sol cultivable ; néanmoins, pour celles qui sont de nature basique, on arrive aussi à une richesse agricole certaine. Ainsi s’expliquent les populations très denses qui réussissent à vivre dans des pays essentiellement volcaniques comme le Japon, les Philippines, l’Indonésie, Hawaii, l’Amérique centrale ou les Petites Antilles. Plus près de nous, la fertilité des pentes de l’Etna ou du Vésuve sont classiques, mais on sait aussi que les planèzes sont connues dans tout le Massif central français pour la qualité de leurs pâturages en hauteur et de leurs terres à blé dans les zones plus basses.

Le pittoresque des régions volcaniques présente également une valeur économique et humaine. Le tourisme se développe de façon notable dans le « Parc des volcans » de l’Auvergne, dans chaque « Volcanic National Park » des États-Unis (Katmai, Crater Lake, Lassen, Yellowstone), autour des volcans et des geysers de Nouvelle-Zélande et d’Islande, etc. Les paroxysmes éruptifs attirent eux-mêmes une clientèle avide de spectacles grandioses : ainsi, une compagnie aérienne d’Hawaii, prête à faire faillite, a retrouvé toute sa prospérité grâce à une opportune émission de laves au Kilauea ; Naples reçoit désormais moins de visiteurs depuis que le Vésuve s’est endormi (1944), tandis que les flots de touristes vont à l’Etna, presque constamment actif ; les bouches éruptives du Japon sont entourées chaque jour de centaines ou de milliers d’admirateurs. Enfin, les lettres et les arts ont fait une part assez large aux volcans. Ceux-ci sont évoqués dans maintes poésies, dans maints épisodes romanesques et ils constituent le « personnage » principal d’innombrables gravures ou peintures, sans oublier les délicates estampes japonaises où figure si souvent l’illustre Fuji-Yama.

B. C.

➙ Roche / Sismologie.

 K. Sapper, Vulkankunde (Stuttgart, 1927). / A. Rittmann, Vulkane und ihre Tätigkeit (Stuttgart, 1936, nouv. éd., 1960 ; trad. fr. les Volcans et leur activité, Masson, 1963). / J. Orcel et E. Blanquet, les Volcans, regards vers les profondeurs terrestres (Bourrelier, 1953). / E. Aubert de la Rüe, l’Homme et les volcans (Gallimard, 1958). / V. Binggeli, Vulkane (Berne, 1965). / C. Ollier, Volcanoes (Cambridge, Mass., 1969). / List of the World Active Volcanoes (Tōkyō, 1971). / H. Tazieff, les Volcans et la Dérive des continents (P. U. F., 1972). / B. Gèze, « Les roches volcaniques et la volcanologie », dans Géologie, t. I, sous la dir. de J. Goguel (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1973).

volcanique (relief)

Les reliefs volcaniques présentent une réelle originalité : leurs formes spécifiques les singularisent dans les paysages géomorphologiques, où ils apparaissent souvent comme des éléments surajoutés sans rapport avec les structures qu’ils recouvrent, ce qui a fait dire qu’ils étaient des « reliefs postiches » (E. de Martonne).


Leur diversité est grande, qu’il s’agisse des formes construites par les éruptions ou des formes de démantèlement par l’érosion des édifices volcaniques, ou encore des formes de déchaussement de structures volcaniques enfouies.


Les formes construites

Les produits des éruptions s’accumulent à la surface du sol en des formes variées. Les plus connues sont les cônes, qui s’édifient aux abords des bouches d’émission. Suivant leur aspect, on peut les classer en quelques grands types.


Les cônes

• Les cônes de débris et de cendres sont construits par la retombée de projections liées à des éruptions de type vulcanien ou strombolien. Il s’agit généralement d’appareils modestes, dont l’altitude relative est faible, de l’ordre de quelques centaines de mètres au maximum. Mais leurs flancs sont fort raides : correspondant à la pente d’équilibre d’un talus d’éboulis, ils atteignent couramment 35°, voire 40° dans le cas de débris grossiers (type strombolien). Les cônes cendreux (type vulcanien) ont souvent des flancs moins inclinés, présentant un aspect cannelé : l’émission de vapeurs d’eau lors des éruptions favorise en effet les coulées boueuses et les ravinements, qui atténuent la raideur des pentes tout en les ciselant. Au sommet de ces cônes s’ouvre un cratère dont les parois verticales, qui tendent à s’ébouler, résultent de l’arrachement provoqué par le souffle de l’éruption. Souvent, enfin, des fissures de décollement se disposent concentriquement au cratère.

Les cônes simples sont relativement rares. Le plus connu est celui du Paricutín, qui s’est édifié en 1943 à l’ouest de Mexico ; en France, on peut citer le puy des Goules, dans les monts Dôme de l’Auvergne. Plus souvent, les cônes de scories ont été construits par plusieurs éruptions, et les matériaux qui les constituent sont hétérogènes. Les apports successifs se ravinent les uns les autres parfois ; mais, plus généralement, les éruptions échelonnées dans le temps donnent naissance à des cônes emboîtés : dans un vaste cratère ouvert au sommet du cône principal soit par une violente explosion (cratère d’explosion), soit par un affaissement du cœur du volcan (cratère d’effondrement ou caldeira), une nouvelle éruption construit un cône de scories qu’entoure une dépression annulaire appelée atrio, du nom de celle qui ceinture le cône emboîté du Vésuve. D’autres fois, le nouveau cône se forme au pied d’un autre plus ancien : on dit que ce sont des cônes sécants. Assez fréquemment, enfin, le cône est éventré sur un côté et laisse place à une coulée de lave : c’est le cône égueulé, qui correspond à une éruption de type strombolien s’accompagnant de l’émission de lave à la base du cône ; tel est le puy de Louchadière en Auvergne.