Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vision (suite)

 A. Rochon-Duvigneaud, les Yeux et la vision des Vertébrés (Masson, 1943). / Y. Le Grand, Optique physiologique (Éd. de la « Revue d’optique », 1948-1956, 3 vol. ; nouv. éd., Masson, 1964-1972, 2 vol. parus) ; les Yeux et la vision (Dunod, 1959) ; Lumière et vie animale (P. U. F., 1967). / M. H. L. Pirenne, Vision and the Eye (Londres, 1948, 2e éd., 1967 ; trad. fr. l’Œil et la vision, Gauthier-Villars, 1972). / E. Baumgardt, les Mécanismes de la vision (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 3e éd., la Vision, 1968).


La vision chez l’homme


Voies nerveuses optiques

L’excitation lumineuse des cellules photosensibles de la rétine (cônes et bâtonnets) est transmise au cortex cérébral visuel par l’intermédiaire des voies optiques. Les voies optiques ont un trajet long et complexe : elles parcourent sagittalement toute la base du crâne ; partant du nerf optique, elles se terminent à la partie toute postérieure du cerveau. Elles sont d’abord extra- puis intracérébrales.

Le message visuel est élaboré par les cellules visuelles à cônes et à bâtonnets, qui le transmettent aux cellules bipolaires rétiniennes, qui, à leur tour, le transmettent aux cellules ganglionnaires. Les axones des cellules ganglionnaires parcourent la surface de la rétine et convergent tous vers la papille, qui est le début du nerf optique. La papille est donc une zone non visuelle où la rétine est absente : c’est une zone aveugle ; elle se trouve en dedans et en haut du centre visuel (macula). La papille optique, portion intra-oculaire du nerf optique, est entourée de choroïde et de sclérotique.

Le nerf optique (IIe nerf crânien) comprend trois portions :
— une portion intra-orbitaire, le nerf optique occupant l’axe du cône musculo-aponévrotique orbitaire et se dirigeant en arrière et en dedans du pôle postérieur du globe oculaire jusqu’au fond de l’orbite ;
— une portion intracanaliculaire, le nerf optique passant de l’orbite à l’intérieur du crâne en franchissant le canal optique contenu dans l’os sphénoïde ;
— une courte portion intracrânienne, qui se termine à l’angle antérolatéral du chiasma.

Le chiasma optique est une lame de substance blanche, quadrilatère, formée par la réunion des deux nerfs (droit et gauche) optiques, dont une partie des fibres vont s’entrecroiser ; il émet par ses angles postérieurs les bandelettes optiques. Les faisceaux directs ou temporaux cheminent dans les deux régions latérales du chiasma. Les faisceaux croisés proviennent des fibres rétiniennes situées du côté nasal (donc correspondant à la vision du champ temporal). Il se produit pour ces fibres une décussation qui les amène du nerf optique droit à la bandelette optique gauche et du nerf optique gauche à la bandelette optique droite. Le chiasma entre en rapport avec le plancher du IIIe ventricule, la loge hypophysaire et le polygone de Willis (cercle artériel du tronc cérébral).

Les bandelettes optiques sont étendues du chiasma aux corps genouillés externes, à hauteur des tubercules quadrijumeaux antérieurs. Elles contournent donc la face latérale du tronc cérébral à son niveau pédonculaire.

C’est dans le corps genouillé externe que se fait la synapse entre le neurone rétino-diencéphalique et le neurone diencéphalo-cortical : c’est donc une zone de relais, mais également d’amplification du message visuel.

Les radiations optiques de Gratiolet représentent la dernière portion des voies optiques : elles sont totalement intracérébrales. Elles forment une large lame de substance blanche décrivant une courbe antéropostérieure à concavité interne. Elles traversent successivement le champ de Wernicke, le centre ovale et se terminent dans le fond et sur les deux lèvres de la scissure calcarine du lobe occipital. Cette zone de terminaison correspond à l’aire cérébrale visuelle, ou aire striée — domaine des perceptions visuelles élémentaires —, entourée des aires péristriée et parastriée.


Analyse de la fonction visuelle

Elle comporte plusieurs étapes.


Acuité visuelle

La mesure est un élément essentiel de l’examen ophtalmologique. On admet que l’acuité visuelle normale correspond à la possibilité de séparer deux points vus sous un angle de 1′. On utilise en pratique médicale des échelles faites de lettres majuscules d’imprimerie : il existe en général dix lignes superposées représentant une acuité visuelle de 1/10 pour les plus gros caractères à 10/10 (vision normale) pour les plus petits ; la lecture doit se faire à une distance de 5 m. Dans les pays anglo-saxons, l’acuité visuelle n’est pas chiffrée de 1/10 à 10/10, mais sous forme de la fraction de Snellen (du nom de Herman Snellen, 1834-1908) : 20/20 correspond à 10/10 et 20/200 à 1/10. Pour les sujets illettrés et les jeunes enfants, on emploie des échelles de dessins ou les optotypes E de Snellen, ou les anneaux brisés de Landolt.

L’acuité visuelle de près est mesurée en général à l’aide du test de Parinaud (du nom d’Henri Parinaud, 1844-1905) : texte imprimé comportant des paragraphes à caractères de taille décroissante, qui doit être lu à une distance normale de lecture (33 cm).

La vision nette implique la formation des images sur la rétine et plus spécialement sur la macula. L’oeil normal est dit « emmétrope » : l’image d’un objet situé à l’infini se forme sur la rétine, ce qui n’est pas le cas dans les anomalies de réfraction, ou amétropies.

La myopie est une amétropie telle que l’image d’un objet situé à l’infini se forme en avant de la rétine : l’image est donc vue floue et elle peut être ramenée sur la rétine par un verre divergent (ou concave). On exprime en pratique l’importance d’une myopie par la puissance du verre qui la corrige (exprimée en dioptries négatives). L’œil myope est un œil « trop grand » ; il faut séparer la myopie bénigne, inférieure à 6 dioptries, de la myopie forte avec atteinte de la choriorétine. La fréquence de la myopie augmente indiscutablement dans les populations urbaines d’origine indo-européenne.