Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vischer (les) (suite)

La personnalité artistique de chacun des membres de la dynastie Vischer est assez difficile à définir, d’abord en raison du travail en commun dans l’atelier familial, mais aussi parce que, pratiquant essentiellement la fonte, ils travaillent souvent d’après des modèles fournis par d’autres artistes. Cependant, l’ensemble de leur production illustre bien une adhésion progressive à la Renaissance italienne.

M. L.

 S. Meller, P. Vischer der Ältere und seine Werkstatt (Leipzig, 1925). / H. Stafski, Der jüngere Peter Vischer (Nuremberg, 1962). / K. Pilz, Der Sebaldusgrabmal (Nuremberg, 1970).

Visconti (les)

Famille qui domina à Milan.


Les Visconti seraient issus d’une famille de petits nobles titulaires, au moins dès 1157, d’un tiers de la décime de la paroisse de Marliano (auj. Mariano), reçue sans doute en fief de l’archevêque de Milan Landolfo (978-998). Puis ils reçoivent l’office, bientôt héréditaire, de vicomte, auquel ils doivent leur nom et auquel est attaché l’emblème de la biscia (vipère tortueuse engoulant un enfant).


L’élimination des Della Torre (1256-1309)


La lutte contre la première seigneurie des Della Torre (1256/1262-1277)

Chefs des populares qui expulsent nobles et clercs de Milan en 1256, les Della Torre (ou Torriani) imposent à Milan leur seigneurie avec l’appui du parti guelfe. À ce titre, ils s’opposent à l’entrée de l’archevêque nommé par le pape Urbain IV en 1262, Otton (Ottone) Visconti (v. 1207 - Chiaravalle Milanese 1295). Ce dernier, qui met en interdit son chef-lieu et obtient de ce fait l’appui des nobles exilés et celui du pape, apparaît finalement comme le chef des guelfes face aux Della Torre, soutenus depuis 1273 par l’empereur Rodolphe de Habsbourg, qui les attire dans le camp gibelin. Mais, vainqueur de ces derniers à Desio le 21 janvier 1277, il entre enfin à Milan le 22.


La première seigneurie des Visconti (1277-1302)

Otton, reconnu seigneur de la ville par les conseils, rappelle les nobles et devient le chef du parti gibelin ; les Della Torre, qui s’allient aux guelfes de Toscane, sont bientôt battus près de Gorgonzola. La nécessité de lutter contre l’hérésie et celle de conserver l’appui du pape Martin IV, nettement antigibelin, obligent Otton à mettre fin à cette situation paradoxale. Il exile les nobles les plus gibelins à la fin de 1282 et confie son armée à son petit-neveu Mathieu Ier (Matteo) Visconti (Invorio, près de Novare, 1250 - Crescenzago 1322). Homme de guerre et juriste, celui-ci détruit en 1287 le refuge, des nobles gibelins, Castelseprio. Élu capitaine du peuple en 1287, nommé podestat en 1288, bénéficiaire principal de la réforme des statuts de la Commune, réalisée entre septembre 1288 et septembre 1289 à l’initiative de son oncle, il impose à de nombreuses villes de Lombardie des membres de sa famille comme podestats et s’empare de Côme, de Lodi et de Pavie en 1291 ; capitaine du Montferrat en 1292, vicaire impérial en 1294 à l’initiative du roi des Romains, Adolphe de Nassau, il associe enfin à son pouvoir son fils aîné, Galéas Ier (Galeazzo) [v. 1277 - Pescia, près de Pistoïa, 1328]. Mais, celui-ci ayant épousé en 1300 Béatrice d’Este, la fiancée d’Alberto Scotti, seigneur de Plaisance, Mathieu Ier abandonne à ce dernier la capitainerie du peuple en 1302.


Un effacement temporaire (1302-1309)

Malgré la reconquête prudente de la ville par Guido Della Torre entre 1302 et 1307, Mathieu Ier Visconti retrouve le pouvoir après le couronnement à Milan de l’empereur Henri VII le 6 janvier 1311. Menacé par la révolte de Brescia, contraint de payer ses mercenaires, le souverain attribue à Mathieu le 13 juillet 1311, contre 60 000 florins, le titre de vicaire impérial pour Milan et son district. Dès lors, les Visconti, chefs des gibelins d’Italie, sont les maîtres incontestés de Milan.


La seigneurie des Visconti (1311-1397)

Mathieu Ier, bien secondé par ses fils, s’empare entre 1313 et 1315 de Pavie, de Novare et de Verceil, et fait attribuer à Galéas la seigneurie de Plaisance. Adversaire du nouveau seigneur de Gênes, le roi Robert de Naples (1318), frappant de trop lourds impôts le clergé, il est excommunié par le pape Jean XXII, mais déjoue les projets de ses adversaires avant de mourir le 24 juin 1322. Seigneur de Milan de 1322 à 1328, son fils Galéas Ier résiste à la « croisade antiviscontéenne » organisée par le pape puis aide le seigneur de Lucques Castruccio Castracani à vaincre les Florentins à Altopascio en 1325. Emprisonné pourtant par son ex-allié, l’empereur Louis IV de Bavière, chassé par les guelfes de Milan en 1327, il laisse en 1328 sa succession au fils que lui a donné Béatrice d’Este, Azzon (Azzone) [1302-1339]. Ce dernier, pourvu par Louis IV, en janvier 1329, du titre de vicaire impérial de la Lombardie pour le prix de 25 000 florins, est proclamé le 15 mars 1330 par le conseil général de la Commune dominus generalis et perpetuus civitatis et districtus Mediolani. Il entreprend une politique de grands travaux favorables à la reprise des activités commerciales de sa ville ; il fait construire l’église San Gottardo, où est érigé son mausolée. Réconcilié avec le pape Jean XXII, il obtient pour son oncle le chanoine Giovanni Visconti (1290-1354) la gestion de l’Église de Milan. Il fait chasser Jean de Bohême, qui tentait de se créer un royaume en Italie du Nord, occupe Bergame (1332), Verceil et Crémone (1334), Côme et Lodi (1335), Plaisance (1336) et enlève même Brescia (1337) aux Della Scala.

Azzon, qui impose aux cités lombardes dont il est seigneur l’adoption des statuts milanais de 1330, jette définitivement les bases juridiques de l’État milanais, à la tête duquel lui succèdent sans difficulté ses deux oncles Luchino (1292-1349) et Jean (Giovanni) [1290-1354], avec le titre conjoint de domini generales. Seigneur de Milan (1339-1349), le premier occupe Bellinzona, Locarno (1340-41), Asti (1341), Parme (1346), Tortone, Alexandrie, Alba (1347) ; il réforme la jurisprudence milanaise pour renforcer la cohésion de l’État viscontéen. Évêque de Novare, archevêque de Milan en 1339, son frère Jean acquiert Bologne en octobre 1350, devient seigneur de Gênes en 1353 et dote de nouveaux statuts sa capitale.