Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

virus (suite)

Les picornavirus sont des virus à A. R. N. à symétrie cubique, n’ont pas d’enveloppe et se caractérisent également par leur petite taille. Dans ce groupe entrent les « entérovirus », c’est-à-dire les virus de la poliomyélite*, les virus coxsackie et ECHO, et les rhinovirus (infections O. R. L.). Le plus connu est bien sûr le poliovirus (3 types), à l’origine d’importants travaux de virologie fondamentale (culture cellulaire notamment) et de vaccination. Les coxsackies peuvent être responsables d’affection neurotropes ou cardiaques, mais ils ont beaucoup moins d’importance.

Le virus de la rage* se situe à côté des myxo- et arbovirus, et c’est à son propos qu’eurent lieu les premiers travaux de ce qui allait devenir la virologie avant même la connaissance des virus.

Les problèmes posés par les hépatites* virales sont complexes, et les fractions antigéniques reconnues (antigène « Australia ») sont pour les uns des fragments de virus, pour les autres des témoins de l’infestation.

Les bactériophages (virus des Bactéries) ont un rôle en pathologie humaine et en thérapeutique en raison de leur action chez les Bactéries, qu’ils sont capables de détruire.


Le diagnostic des maladies à virus

Il est souvent difficile. Parfois la clinique est suffisante (zona*). Souvent la symptomatologie est pauvre, et la biologie usuelle ne renseigne pas correctement (méningite virale ou tuberculeuse [v. méninges]). Le diagnostic d’une maladie virale repose sur des éléments indirects (agglutinines froides, réactions non spécifiques), l’isolement du virus (en culture cellulaire ou chez l’animal inoculé) à partir du sang, de la salive, du liquide céphalo-rachidien, etc., et le titrage du taux des anticorps spécifiques dans le sérum du malade. Seule une ascension significative du taux des anticorps spécifiques permet d’affirmer qu’il existe une infection en évolution (importance pour le diagnostic de rubéole* chez la femme enceinte par exemple), qu’il s’agisse d’anticorps déviant le complément, hémadsorbant ou inhibant l’hémagglutination.

Les nécessités de l’étude des virus, l’importance du diagnostic biologique ont contribué au développement des techniques de laboratoire.

La culture tissulaire a été considérablement développée. Elle permet la reproduction des virus et l’observation de l’effet cytopathogène utilisé pour le diagnostic et les études de génétique bactérienne. On utilise des cellules humaines « Hexa » ou « Kb », des souches de fibroblastes humaines, etc.

Les cultures cellulaires ont permis l’étude des rapports entre virus et cellules ainsi que celle de la reproduction des virus.

Le virus est absorbé à la surface de la cellule de manière non spécifique, puis de manière active. Il semble alors disparaître (éclipse). Il s’agit en fait de la phase de multiplication, où les éléments du virus sont synthétisés par la cellule parasitée. Ces particules fabriquées séparément sont ensuite assemblées. Le virus, lors de la pénétration, perd sa capside, qui facilite le passage dans la cellule. Seul pénètre l’acide nucléique, qui va coder le système cellulaire pour l’« élaboration » des éléments viraux.

Le génome viral (l’acide nucléique) est l’élément infectant dont la protéine-enveloppe ne fait que favoriser l’entrée dans la cellule. Certains acides nucléiques isolés sont d’ailleurs infectants seuls, alors que le virus complet ne l’est pas.


Virus et pouvoir pathogène

Les virus dévient le métabolisme cellulaire par l’introduction de leur propre acide nucléique dans le noyau. L’effet cytopathogène observable est variable. Certains virus entraînent l’apparition de vacuoles cytoplasmiques, et d’autres la formation d’inclusions nucléaires (herpès) ou de syncitiums (rougeole). Certains virus n’entraînent pas d’effet visible, ou bien seule une modification du rythme de croissance est observée. Les conséquences pathologiques sont liées soit à l’action directe sur les cellules, soit à l’inflammation (réaction de l’organisme). Il existe une immunité générale et une immunité tissulaire locale. La reconstitution des cellules lésées est souvent longue. Parfois, les virus disparus, persistent des séquelles temporaires ou définitives (poliomyélite).


Épidémiologie des infections virales

Les virus sont transmis par voie aérienne (grippe, adénovirus), par voie digestive ou par les deux voies. Les arbovirus sont transmis par des Arthropodes qui piquent les sujets malades et contaminent des sujets sains.

Entre les épidémies, les virus résistants peuvent persister dans l’air ou l’eau. Certains réservoirs animaux en permettent la conservation.

Les explosions endémiques s’expliqueraient par l’apparition de souches mutantes contre lesquelles les sujets immunisés contre le virus de l’épidémie antérieure n’ont pas d’anticorps (grippe). D’où l’idée des vaccins prospectifs actuellement utilisés.

Les épidémies sont favorisées actuellement par les voyages à partir des zones d’endémies.

La lutte contre les maladies à virus comporte peu de moyens curatifs. Mis à part la thiosemicarbazone sur les pox-virus (d’un emploi d’ailleurs plus préventif que curatif), la 5-2-désoxyuridine dans les herpès-viroses, la cytarabinoside dans les zonas généralisés, il n’y a pas d’antiviraux.

Il faut donc assurer la prophylaxie par la destruction des Insectes vecteurs, l’hygiène et la vaccination.

Les virus et les cancers

La relation entre virus et cancer* est un des problèmes majeurs de la recherche médicale actuelle.

Certains virus sont capables de provoquer des cancers, comme l’a démontré Peyton Rous dès 1910, suivi par de nombreux auteurs. Mais il est impossible de généraliser. Le SV 40, découvert dans des cultures de rein de Singe, carcinogène chez le Hamster, peut également transformer des cellules humaines en culture en cellules cancéreuses.

Certains adénovirus, même des plus banals, peuvent également avoir « in vitro » le pouvoir de transformer les cellules. Il est donc difficile de nier le rôle probable, sinon exclusif, des virus dans l’apparition de certains cancers.