Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vigne et vins (suite)

Ce qui est essentiel, c’est de donner au consommateur un vin irréprochable quant à ses qualités réelles. Uniformité et limpidité cristalline sont deux caractères dont le consommateur doit se méfier. Quand on confronte les qualités des vins provenant d’une vinification où les constituants des raisins sont utilisés et conservés au maximum, où les levures ont cédé les matériaux utiles, pour le développement de la qualité recherchée, aux vins de coupage, victimes de manipulations nombreuses, d’additifs excessifs en nombre, on aboutit à la remarque suivante : si l’on est partisan d’une qualité répondant aux critères de plaisir gustatif et de valeur hygiénique et nutritionnelle, le vin de coupage doit devenir de plus en plus rare. Car celui-ci, par suite des opérations multiples qu’il a subies, est décharné avec l’élimination des constituants précieux indiqués plus haut. Il est évident que, si le coupage tend vers l’assemblage et si les traitements diminuent, l’altération sera moins grave.

Parmi les traitements autorisés, voici quelques observations sur l’enrichissement des moûts et des vins et la désacidification.

L’enrichissement des moûts est pratiqué exceptionnellement dans les années à maturité insuffisante. Sa réglementation se limite dans le temps et l’espace. Cet enrichissement peut être exécuté de différentes façons. La méthode la plus économique est sujette à fraude : c’est l’addition de saccharose, ou sucrage, ou chaptalisation, ou gallisation. L’addition de moûts concentrés est plus rationnelle, car elle favorise l’équilibre alcool/extraits. Sur le plan socio-économique, le sucrage est un facteur de division viticole, alors qu’une réglementation d’emploi de la production et d’emploi du moût concentré serait un facteur d’union.

La concentration partielle de la totalité des moûts peut donner d’excellents résultats. Cela dépend de la composition du moût. La concentration des vins par le froid, surtout, rompt l’équilibre naturel entre ses constituants. Le déséquilibre est d’autant plus grand que la concentration est élevée ; en particulier, le rapport alcool/extrait augmente et le rapport acide tartrique/acidité totale diminue. Les vins deviennent plus alcoolisants, ce qui diminue leur valeur hygiénique. L’enrichissement des vins par concentration partielle des moûts ou addition de moûts concentrés est préférable, même s’il s’agit de vins spéciaux ; c’est malheureusement une addition d’alcool.

La désacidification est une opération très délicate et complexe par ses résultats ; les sels sodiques sont interdits. À tout prendre, le mélange des vins doit être préféré à cette méthode.

M. F.

 J. Renaud, Biologie du vin (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1950 ; 2e éd., 1963). / R. Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au xixe siècle (l’auteur, Paris, 1959). / J. Lafon et P. Couillaud, Maladies et parasites de la vigne (Baillière, 1959-60, 2 vol. ; nouv. éd., 1966). / M. A. Amerine et W. V. Cruess, The Technology of Wine Making (Westport, Connect., 1960 ; 3e éd., avec la coll. de H. W. Berg, 1972). / J. Carles, la Chimie du vin (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 2e éd., 1966). / J. Ribéreau-Gayon et E. Peynaud, Traité d’œnologie (Béranger, 1960-61 ; 2 vol.). / B. Blanchet, Code du vin et textes vitivinicoles français et communautaires (Éd. de la Journée vinicole, Montpellier, 1961 ; nouv. éd., 1968). / L. Levadoux, la Vigne et sa culture (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 2e éd., 1966). / L. Orizet, les Vins de France (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964 ; 2e éd., 1969). / M. Chauve » et A. Reynier, Manuel de viticulture (Baillière, 1967). / A. Lichine et coll., Encyclopedia of Wines and Spirits (New York, 1967 ; trad. fr. Encyclopédie des vins et alcools, Laffont, 1972). / G. Debuigne, Dictionnaire des vins (Larousse, 1969). / H. Johnson, The World Atlas of Wine (New York, 1971 ; trad. fr. l’Atlas mondial du vin, Laffont, 1972). / E. Peynaud, Œnologie pratique. Connaissance et travail du vin (Dunod, 1971). / P. G. Garoglio, Enciclopedia vitivinicola mondiale (Milan, 1973). / J. Branas, Viticulture (Impr. P. Dehan, Montpellier, 1974). / P. Galet, Cépages et vignobles de France (Impr. P. Dehan, Montpellier, 1974).
On peut également consulter le Bulletin de l’Office international du vin (Paris, 1935 et suiv.) et les Annales de l’amélioration des plantes (Institut nat. de la recherche agronomique, 1951 et suiv.).

Vignole (le)

En ital. il Vignola, surnom de Iacopo Barozzi, architecte italien (Vignola 1507 - Rome 1573).


Né d’un père milanais et d’une mère allemande, Iacopo apprend la peinture à Bologne et s’intéresse à la perspective et à l’architecture. Venu à Rome, il travaille au Vatican avec Peruzzi* et Sangallo* le Jeune, fait des relevés de monuments et devient secrétaire de l’Académie vitruvienne. Chargé de reproduire des statues antiques pour le roi de France, il vient en 1541 à Fontainebleau* avec ses moules, exécute des fontes et décore les jardins. De retour à Bologne, il se souviendra au palazzo Bocehi du maniérisme du Primatice* et de Serlio* ; mais une cabale lui enlève la direction (assumée depuis 1543) de la fabrique de San Petronio et le force à partir pour Rome.

Le Vignole va construire pour Jules III la villa Giulia (1551-1555 [aujourd’hui Musée étrusque], avec Bartolomeo Ammannati et Vasari*) et travailler pour les Farnèse à la façade postérieure de leur palais. Pour le cardinal Alexandre Farnèse, il élève à Caprarola, près de Viterbe, un autre palais (1559-1573) : cercle inscrit dans un pentagone (fortification préexistante) selon une disposition qu’admirera Montaigne, le tout associé à une scénographie ascensionnelle. On lui doit d’autres palais, des villas et leurs jardins (villa Lante à Bagnaia, près de Viterbe, à partir de 1566). S’il refuse de réaliser l’Escorial, le Vignole exécutera du moins en 1572 la synthèse de vingt-deux projets de concours, qui sera utile à Juan de Herrera.