Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vigne et vins (suite)

Le désherbage chimique exige une efficacité réelle sur les mauvaises herbes et son innocuité à l’égard de la Vigne. Les herbicides de contact détruisent seulement les parties touchées lors du traitement. Ils n’empêchent donc pas la repousse des mauvaises herbes. Les herbicides persistants restent dans le sol pour contrarier la germination des graines ou la levée des plantules des mauvaises herbes. Les herbicides curatifs systémiques sont absorbés par la plante et véhiculés vers le système radiculaire. Dans ce mode de culture, une phytotoxicité sur la Vigne n’est pas exclue, ce qui nécessite la mise au point des méthodes d’utilisation dans l’espace et le temps ainsi que la recherche d’herbicides dégradables rapidement. Mais aussi grave est l’influence sur la flore et la faune du sol : l’équilibre biologique du milieu se trouve modifié. On est certain, actuellement, d’une rupture de cet équilibre sans en avoir encore mesuré toutes les conséquences et prévu quand un nouvel équilibre sera atteint.

C’est en fonction de ces graves inconvénients que le paillage par couverture en matière plastique se développe. Utilisé en placage sur les jeunes plants, en interligne dans les Vignes dont le système radiculaire est bien implanté, il peut se combiner avec le désherbage. Le paillage, par son action sur l’humidité, la température et, peut-être, sur certaines propriétés physicochimiques du sol, permet un meilleur développement du système radiculaire et, partant, de la végétation du cep. Mais il n’exclut pas l’emploi des herbicides.

Aussi la non-culture proprement dite se développe-t-elle. En bien des cas, la suppression du travail du sol n’a pas entraîné, sauf dans les sols à forte salinité, une diminution de la production et de la vigueur du cep, ce qui est fondamental pour les récoltes à venir.

Le travail du sol est en pleine évolution dans ses principes et ses applications. Ira-t-on vers la généralisation du désherbage, dont les inconvénients sont réels (défoliation partielle de la Vigne, modification de la microflore du sol) ? Ira-t-on vers une autoproduction d’engrais verts enfouis périodiquement (culture biologique) ou le sol sera-t-il couvert d’un tapis vert permanent en période végétative ?

Les vignobles situés en flanc de coteau sont menacés par l’érosion. Ce facteur commande des modes de culture sans dommages pour la structure du sol. Le sol nu ne peut plus convenir ; un enherbement ou un paillage plastique doivent être préférés.

Ira-t-on vers le sol recouvert de pierraille ?


La fertilisation

La fertilisation de la Vigne est un cas particulier du cas général de la fertilisation des arbres fruitiers. L’alimentation radiculaire se produit en profondeur, et l’épandage d’engrais ne réussit, plus ou moins tardivement, qu’avec une pluviosité naturelle ou une irrigation périodique et une perméabilité du sol suffisantes. C’est pourquoi la fertilisation foliaire peut avoir un réel avenir, à moins que ne se développe la mécanisation de la fertilisation par pal injecteur ou par sous-solage.

On substitue ainsi à l’épandage traditionnel, intéressant toute la surface du sol, une localisation jugée plus efficace.

La Vigne est une grande consommatrice de fertilisants. En outre, on découvre chaque jour quelques carences en oligo-éléments, se traduisant par des altérations au cours des phases végétatives.

Le potassium est de tous les éléments minéraux l’un des plus importants. Les fumures organiques, par suite du rôle de l’humus dans la fertilisation, encouragent l’emploi de l’engrais vert et du compost. Les résidus de marc, après extraction de tout ce qui peut être utile à l’alimentation ou à l’industrie, constituent un apport organique précieux. Mais un excès d’humus peut être à l’origine de pourriture.

L’essentiel est de donner au vignoble une fumure équilibrée. Celle-ci ne peut être la même pour tous les sols et suivant la qualité recherchée, et chaque élément peut avoir, par son excès ou défaut, des conséquences différentes. Il semble que la fumure trop azotée ait une influence favorisante sur le développement de Botrytis cinerea.


La taille

La taille de la Vigne possède des règles générales, qu’on retrouve en arboriculture* fruitière, et ses règles propres, dictées par le microclimat et les objectifs que l’on a choisis.

Dès les premières tailles, on structure le cep. La forme classique en gobelet tend progressivement à faire place à des formes palissées, plus ou moins hautes, allant parfois vers la forme pergola.

On cherche à faciliter les travaux de la Vigne, récolte comprise, s’efforçant de structurer le vignoble pour y appliquer la mécanisation de la vendange et de tous les travaux d’entretien et de fertilisation. L’essentiel est de réaliser une surface foliaire maximale afin de mieux utiliser les radiations solaires.

Les tailles suivantes annuelles, ou tailles d’hiver, conditionnent la productivité et la maturation du raisin. Entre ces deux facteurs, un équilibre convenable doit être établi afin qu’on n’atteigne pas un rendement excessif, qui pourrait être suivi d’une maturité insuffisante.

À ce sujet, la culture en Vigne haute provoque un retard dans la maturation ; ainsi, changer de mode de culture, c’est provoquer une modification du calendrier des vendanges.

À la taille d’hiver peuvent s’ajouter en cours de végétation l’ébourgeonnage, qui facilite la lutte contre les premières attaques du mildiou, l’effeuillage, plus ou moins discuté, et le rognage, appliqué au moment de la floraison pour faciliter la nouaison.

La taille mécanique de la Vigne a été tentée. Mais chaque cep a son individualité propre. L’état sanitaire du sarment, la position et le nombre d’yeux à conserver sont autant d’éléments auxquels le tailleur doit réfléchir : la machine ne peut le faire.


La défense du vignoble

La pathologie et la parasitologie de la Vigne dénombrent un nombre croissant d’accidents. On peut distinguer : les accidents climatiques, tels que gelée, grêle, inondation ; les maladies physiologiques, telles que coulure, brunissure, folletage, chlorose ; les maladies de carence et les intoxications par un excès de salinité et d’acidité ; les maladies à virus et les maladies bactériennes ; les maladies cryptogamiques (oïdium, mildiou, excoriose, pourriture) ; les maladies dues aux Insectes (Phylloxéra, Cochylis, Eudémis, Araignée rouge et autres Acariens).

Les maladies de carence intéressent la connaissance du sol en microconstituants et leur rôle dans les phases végétatives de la Vigne. Les intoxications par le calcium, l’excès de salinité et d’acidité peuvent être supprimés sans conséquence pathogène secondaire.

Les maladies d’origine virale sont, pour beaucoup, potentialisées dans les sols dès avant la plantation. Aussi faut-il réaliser d’abord un bon état sanitaire du sol. Tous les vecteurs de viroses ne sont pas aussi connus que les Nématodes pour le court-noué, et toutes les viroses n’agissent pas également sur la qualité des récoltes.

La lutte contre les viroses est essentiellement réalisée par la production d’un matériel végétal exempt de virus, par la sélection sanitaire et par la thermothérapie (les plants malades sont soumis à l’action de la chaleur). La sélection sanitaire est de beaucoup la plus importante.

Les maladies cryptogamiques ou fongiques sont de deux sortes : les maladies à mycélium superficiel, tributaire d’un traitement préventif et curatif très souvent efficace (c’est le cas de l’oïdium) ; et les maladies à mycélium dans le corps du végétal (feuille ou fruit), tributaire d’un traitement préventif seulement (c’est le cas du mildiou).

Cette prévention exige une connaissance aussi exacte que possible de la biologie du parasite. En ce domaine, le calendrier de traitement peut être exactement fixé en fonction des conditions écologiques générales et des conditions accidentelles.

C’est pourquoi un service d’avertissement bien conçu et bien dirigé est fondamental. Il doit s’intéresser à la fois aux accidents météorologiques et aux attaques parasitaires de la Vigne de quelque nature qu’elles soient.

La défense chimique contre les Insectes déprédateurs évolue en fonction du développement de l’emploi des produits de synthèse en remplacement des insecticides habituels. La lutte biologique la remplace progressivement. On fonde de grands espoirs sur la combinaison de ces deux moyens appelée « lutte intégrée ».

La défense contre les maladies d’origine fongique voit les produits de synthèse se substituer aux produits classiques à base de soufre et de cuivre. En retour, avec la disparition des bouillies habituelles, on voit apparaître d’autres déprédateurs (le Champignon Guignardia baccæ, provoquant l’excoriose, l’Araignée rouge).