Viêt-nam (suite)
Époque Ly (1010-1225)
Sous cette première grande dynastie, le Dai Viêt devient un État puissant et commence sa marche vers le sud (Nam-tiên). Thang Long (auj. Hanoi) est choisie comme capitale. On y construit la cité impériale (10 km de périmètre), le temple de la Culture (Van Miêu). Le bouddhisme suscite la floraison d’un art spirituel et raffiné. Plus de mille temples sont construits rien que dans les vingt premières années de la dynastie. Les plus célèbres monuments sont le temple Diên huu, bâti sur une colonne de pierre de 20 m de haut, la pagode Chuong son, haute de 95 m, et la pagode Bao Thiên, de 85 m. L’architecture, la sculpture, la peinture, les jardins, l’art des métaux, l’orfèvrerie, la soierie, la broderie, le laque, la céramique (céladons du Thank Hoa, de Kim Ma, Ngoc Ha, Vinh Phuc, Ha Tay...) atteignent leur apogée.
Époque Trân (1225-1413)
Les guerres mongoles, puis chames ont ravagé le Dai Viêt. On assiste à la militarisation du pays et à la régression du bouddhisme au profit du confucianisme. L’art des Trân est marqué par ce caractère martial et puissant, avec une tendance au réalisme : sculptures du tombeau de Trân Thu Dô et du temple Ninh phuc ; citadelle de Tây dô, bâtie en blocs de pierre de seize tonnes ; portraits peints de généraux vainqueurs des Mongols ; céramique à décor de guerriers en silhouette bistre sur fond clair, bleus et blancs à base chocolatée de Bat Trang ; etc.
En 1400, l’usurpation de Lê Qui Ly, suivie de l’invasion des Ming, provoque une grave crise et de nouvelles destructions du patrimoine culturel du Viêt-nam.
Époque Lê postérieurs (1428-1527)
Lê Loi libère le Dai Viêt de l’occupation chinoise. C’est l’époque du triomphe du confucianisme et de la renaissance des lettres et des arts (reconstruction de la cité impériale sur une plus vaste échelle, restauration du Van Miêu, fondation de la cité de Lam Kinh, construction du Cuu trung dai, etc.). L’art des Lê postérieurs est essentiellement aristocratique.
Époque Mac (1527-1592)
En 1527, Mac Dang Dung usurpe le trône des Lê et précipite le Dai Viêt dans la guerre civile. Le confucianisme tombe en décadence au profit du bouddhisme, qui renaît sous une forme populaire. Si la sculpture continue celle des Lê postérieurs, les structures architecturales évoluent. On voit l’influence de l’architecture des dinh (maisons communales) sur celle des temples bouddhiques (Tây phuong). La céramique bleu et blanc de Bat Trang atteint la perfection et est très appréciée au Japon, où elle est désignée sous le nom de kōchi.
Époque des Nguyên et des Trinh (1592-1789)
Deux seigneuries (Trinh au nord, Nguyên au sud) partagent le pays. L’empereur Lê règne, mais ne gouverne pas. On construit les grandes murailles de démarcation. Le xviie s. est le dernier âge d’or de la sculpture (Ascète et Quan Âm de Ninh Phuc ; Tuyêt son de Tây Phuong ; Minh Hanh de Trach lâm...), qui est essentiellement impressionniste. Le xviiie s. voit le déclin de l’art de cour et l’essor de l’art populaire (sculpture expressionniste, estampes, céramique de Thô ha).
Période « postdaiviêtique »
C’est la période des grands changements.
Époque Tây Son (1789-1802)
La révolution « tâysonienne » abolit les seigneuries Nguyên et Trinh, et anéantit les armées d’interventions siamoise et mandchoue. Quang Trung apporte des réformes dans tous les domaines, encourage l’artisanat, favorise un art d’inspiration populaire sobre et viril. L’architecture s’engage dans une nouvelle orientation : la maçonnerie remplace le bois.
Époque Nguyên (1802-1945)
Les premiers Nguyên abolissent les réformes amorcées par les Tây Son et tentent un retour au passé. Les palais de la nouvelle cité impériale de Huê sont archaïsants et sans vigueur. On construit dans chaque province une citadelle à la Vauban. À partir de la seconde moitié du xixe s., c’est la décadence. Efféminé, l’art des Nguyên ne tarde pas à devenir baroque puis à s’abâtardir. Seuls les arts populaires et certaines branches de l’artisanat continuent à préserver, contre vents et marées, les meilleures traditions de l’ancien art du Dai Viêt.
N. p. L.
➙ Champa / Dông Son.
Viên Khao Cô, la Fondation du royaume des Hung vouong (en vietnamien, Hanoi, 1970-1973 ; 3 vol.). / Histoire du Viêt-nam, t. I (en vietnamien, Hanoi, 1971). / L. Bezacier, le Viêt-nam, manuel d’archéologie, t. I (Picard, 1972). / Viên Nghê Thuât, l’Art des Ly (en vietnamien, Hanoi, 1973). / Nguyên Phuc Long, le « Viêt-nam » de L. Bezacier et les nouvelles recherches archéologiques au Viêt-nam (C. N. R. S., 1975).