Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Viêt-nam (suite)

Époque Ly (1010-1225)

Sous cette première grande dynastie, le Dai Viêt devient un État puissant et commence sa marche vers le sud (Nam-tiên). Thang Long (auj. Hanoi) est choisie comme capitale. On y construit la cité impériale (10 km de périmètre), le temple de la Culture (Van Miêu). Le bouddhisme suscite la floraison d’un art spirituel et raffiné. Plus de mille temples sont construits rien que dans les vingt premières années de la dynastie. Les plus célèbres monuments sont le temple Diên huu, bâti sur une colonne de pierre de 20 m de haut, la pagode Chuong son, haute de 95 m, et la pagode Bao Thiên, de 85 m. L’architecture, la sculpture, la peinture, les jardins, l’art des métaux, l’orfèvrerie, la soierie, la broderie, le laque, la céramique (céladons du Thank Hoa, de Kim Ma, Ngoc Ha, Vinh Phuc, Ha Tay...) atteignent leur apogée.


Époque Trân (1225-1413)

Les guerres mongoles, puis chames ont ravagé le Dai Viêt. On assiste à la militarisation du pays et à la régression du bouddhisme au profit du confucianisme. L’art des Trân est marqué par ce caractère martial et puissant, avec une tendance au réalisme : sculptures du tombeau de Trân Thu Dô et du temple Ninh phuc ; citadelle de Tây dô, bâtie en blocs de pierre de seize tonnes ; portraits peints de généraux vainqueurs des Mongols ; céramique à décor de guerriers en silhouette bistre sur fond clair, bleus et blancs à base chocolatée de Bat Trang ; etc.

En 1400, l’usurpation de Lê Qui Ly, suivie de l’invasion des Ming, provoque une grave crise et de nouvelles destructions du patrimoine culturel du Viêt-nam.


Époque Lê postérieurs (1428-1527)

Lê Loi libère le Dai Viêt de l’occupation chinoise. C’est l’époque du triomphe du confucianisme et de la renaissance des lettres et des arts (reconstruction de la cité impériale sur une plus vaste échelle, restauration du Van Miêu, fondation de la cité de Lam Kinh, construction du Cuu trung dai, etc.). L’art des Lê postérieurs est essentiellement aristocratique.


Époque Mac (1527-1592)

En 1527, Mac Dang Dung usurpe le trône des Lê et précipite le Dai Viêt dans la guerre civile. Le confucianisme tombe en décadence au profit du bouddhisme, qui renaît sous une forme populaire. Si la sculpture continue celle des Lê postérieurs, les structures architecturales évoluent. On voit l’influence de l’architecture des dinh (maisons communales) sur celle des temples bouddhiques (Tây phuong). La céramique bleu et blanc de Bat Trang atteint la perfection et est très appréciée au Japon, où elle est désignée sous le nom de kōchi.


Époque des Nguyên et des Trinh (1592-1789)

Deux seigneuries (Trinh au nord, Nguyên au sud) partagent le pays. L’empereur Lê règne, mais ne gouverne pas. On construit les grandes murailles de démarcation. Le xviie s. est le dernier âge d’or de la sculpture (Ascète et Quan Âm de Ninh Phuc ; Tuyêt son de Tây Phuong ; Minh Hanh de Trach lâm...), qui est essentiellement impressionniste. Le xviiie s. voit le déclin de l’art de cour et l’essor de l’art populaire (sculpture expressionniste, estampes, céramique de Thô ha).


Période « postdaiviêtique »

C’est la période des grands changements.


Époque Tây Son (1789-1802)

La révolution « tâysonienne » abolit les seigneuries Nguyên et Trinh, et anéantit les armées d’interventions siamoise et mandchoue. Quang Trung apporte des réformes dans tous les domaines, encourage l’artisanat, favorise un art d’inspiration populaire sobre et viril. L’architecture s’engage dans une nouvelle orientation : la maçonnerie remplace le bois.


Époque Nguyên (1802-1945)

Les premiers Nguyên abolissent les réformes amorcées par les Tây Son et tentent un retour au passé. Les palais de la nouvelle cité impériale de Huê sont archaïsants et sans vigueur. On construit dans chaque province une citadelle à la Vauban. À partir de la seconde moitié du xixe s., c’est la décadence. Efféminé, l’art des Nguyên ne tarde pas à devenir baroque puis à s’abâtardir. Seuls les arts populaires et certaines branches de l’artisanat continuent à préserver, contre vents et marées, les meilleures traditions de l’ancien art du Dai Viêt.

N. p. L.

➙ Champa / Dông Son.

 Viên Khao Cô, la Fondation du royaume des Hung vouong (en vietnamien, Hanoi, 1970-1973 ; 3 vol.). / Histoire du Viêt-nam, t. I (en vietnamien, Hanoi, 1971). / L. Bezacier, le Viêt-nam, manuel d’archéologie, t. I (Picard, 1972). / Viên Nghê Thuât, l’Art des Ly (en vietnamien, Hanoi, 1973). / Nguyên Phuc Long, le « Viêt-nam » de L. Bezacier et les nouvelles recherches archéologiques au Viêt-nam (C. N. R. S., 1975).

vieux-catholiques

Chrétiens qui se sont séparés de l’Église romaine, soit après la crise janséniste (Pays-Bas), soit après la définition du dogme de l’infaillibilité pontificale par le premier concile du Vatican.



Vieux-catholiques de l’Église d’Utrecht

Après le triomphe de la Réforme aux Pays-Bas, les protestants avaient laissé subsister le siège d’Utrecht. Ce diocèse fut, cependant, réduit à l’état de mission par Rome, qui y créa un vicariat apostolique dépendant directement du pape. Cette situation entraîna de nombreux démêlés entre Rome et le clergé d’Utrecht.

À partir des premières années du xviiie s., Utrecht devint le refuge de nombreux jansénistes français persécutés dans leur pays pour y avoir diffusé leurs idées (v. jansénisme). Après la promulgation de la bulle Unigenitus en 1713, qui condamnait les doctrines jansénistes, ils accoururent en foule à Utrecht. En France, la crise fut aiguë, et, lorsque le Régent se montra favorable aux évêques « appelants » (ainsi nommés parce qu’ils en appelaient du pape à un concile général), le pape Clément XI, par représailles, refusa de nommer les évêques aux sièges qui venaient à vaquer.

Pour remédier à cet état de choses, des parlementaires proposèrent l’élection des évêques par le peuple. L’idée fit son chemin, sinon en France, où les choses n’allèrent pas jusqu’à la rupture, du moins aux Pays-Bas. À Utrecht, en effet, un conflit violent entre Rome et les catholiques éclata en 1702. En 1723, à la suite de nouvelles difficultés au sujet de la nomination d’un vicaire apostolique, le chapitre cathédral d’Utrecht se crut autorisé à élire lui-même son archevêque et il fit appel, pour le sacrer, à un « appelant » français, Dominique Varlet (1678-1742), évêque suspens de Babylone, qui s’était réfugié à Utrecht. Varlet consacra en 1724 l’archevêque Cornelis Steenoven (1662-1725). Benoît XIII ayant répondu par une excommunication, la rupture fut consommée. Utrecht devint alors le centre de l’Église des « vieux-catholiques ». Deux évêques suffragants furent nommés, à Haarlem en 1742 et à Deventer en 1758. En 1763, un concile réuni à Utrecht précisa les assises dogmatiques de l’Église.