Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vienne (suite)

Le port et le trafic sur le Danube

Le Danube devrait constituer un des axes fluviaux essentiels de l’Europe. L’histoire n’en a pas toujours voulu ainsi. En effet, la menace turque et le morcellement politique des pays danubiens ont empêché le Danube de jouer un rôle fédérateur. Pourtant, avant 1914, le grand fleuve exerçait une influence grandissante sur les pays riverains.

Le démembrement de l’Empire en 1918 porta un coup très dur à la navigation sur le Danube : l’unité politique et économique des pays danubiens était rompue. L’Anschluss marqua la fin de l’indépendance autrichienne. Et pourtant il y a eu un renouveau. Le poussage a été introduit. Une société d’État transporte actuellement près de 3 Mt de marchandises ; elle compte 1 500 employés et possède de nombreuses filiales tant en Autriche qu’à l’étranger. Grâce à elle, Vienne redevient un port actif. L’achèvement de la liaison Main-Danube, vers 1985, doit faire de Vienne un des grands ports danubiens. L’Autriche deviendra-t-elle alors une annexe des provinces rhénanes ?

Actuellement, les ports de Vienne sont avant tout installés le long de la rive droite du Danube. Les véritables bassins font encore défaut. Vienne est une ville qui s’est donné un port ; ce n’est pas un port qui a donné naissance à une ville.


Les activités industrielles

La population active industrielle représente 53 p. 100 de la population totale. Ce taux peut étonner. Mais il s’inscrit dans l’évolution historique de la ville. La perte des fonctions impériales a amené celle d’emplois dans les domaines tertiaire, administratif et surtout politique. Cela a obligé les responsables à opérer une véritable reconversion de l’économie urbaine. Jusqu’en 1918, le développement industriel de Vienne s’est placé dans le cadre du développement de l’Empire. La grande industrie était implantée dans les pays tchèques. Vienne s’était orientée vers des industries en relation avec la vie de cour, pour une clientèle de haut niveau de vie. Pour des raisons politiques évidentes, on évita l’implantation de grosses usines dans la capitale. C’est ce qui explique que les établissements industriels sont de taille moyenne : ceux qui ont entre 100 et 500 ouvriers emploient la plus grande partie des travailleurs. Les plus grandes entreprises ont été créées pour des raisons nationales (arsenal) ou pour des besoins municipaux (gaz, eau, électricité). Les nationalisations opérées après 1945 ont favorisé des regroupements, sans altérer en profondeur l’image industrielle de la ville. Aujourd’hui, la métallurgie, l’électromécanique, la mécanique de précision et l’industrie électrique arrivent en tête. Manquant de matières premières, l’Autriche est obligée de développer ces industries de transformation (leurs exportations jouent un rôle non négligeable).

En deuxième position vient la confection, qui est une vieille tradition viennoise : le « chic viennois » était en relation avec la vie de cour. Sur le plan des effectifs, les industries alimentaires talonnent la confection. Il s’agit d’entreprises travaillant pour le marché urbain et l’exportation, utilisant une partie des produits agricoles du bassin de Vienne (céréales, betteraves à sucre). Là aussi, l’influence de la vie de cour est à souligner. L’industrie chimique suit. Il s’agit de l’industrie pharmaceutique plus que de la chimie lourde. Les industries graphiques occupent une quinzaine de milliers de personnes, illustrant aussi les aspects administratifs et intellectuels de Vienne. La main-d’œuvre féminine est importante : elle représente environ les quatre cinquièmes de la main-d’œuvre masculine. Les capitaux urbains (cour, nobles, bourgeois, mais aussi gouvernement et municipalité) ont joué un rôle déterminant dans l’essor industriel. L’industrie est implantée essentiellement dans le sud-ouest, le sud-est, le nord (rive droite et un peu plus à l’est, à Floridsdorf). Il faut ajouter la zone de Schwechat, qui tend à se rattacher à la zone du sud-est.

La tradition socialiste du gouvernement municipal maintient l’importance des activités industrielles, et cela d’autant plus que la province de Vienne est la première d’Autriche sur le plan industriel.


La métropole économique de l’Autriche

La dissolution de l’Empire ayant coûté à Vienne le rang de métropole impériale, la ville a dû, en conséquence, réorganiser l’espace national après 1918. Elle présente la plus forte concentration de fonctionnaires de toute l’Autriche. Elle réunit trois fonctions politico-administratives : elle est une commune autonome urbaine ; elle est une province ; elle est le siège du gouvernement fédéral (Parlement, Chancellerie, présidence de la République).

La population active dans les secteurs « commerce et transmissions » dépasse 200 000 personnes. Les maisons de gros de Vienne livrent dans toutes les provinces, sauf peut-être dans le Vorarlberg, qui évolue dans l’orbite helvético-germanique. Sur le plan de l’attraction du commerce de détail, la ville dessert plusieurs provinces : Basse-Autriche, Nord de la Styrie, Burgenland. Elle est incontestablement la seule grande place bancaire autrichienne. Enfin, la Bourse de Vienne, organisme à influence nationale et internationale, profite à l’économie urbaine. L’hermétisme de la frontière avec les pays de l’Est ne permet malheureusement pas à Vienne de jouer un rôle de plaque tournante au centre de l’Europe. Une trentaine de sociétés aériennes internationales desservent l’aéroport (trafic passagers de 1 830 000 personnes en 1972).


Le premier centre intellectuel des pays allemands du Danube

Pendant longtemps, la capitale culturelle et intellectuelle de la civilisation germanique se trouvait sur les bords du Danube et non pas sur la Sprée. Ce n’est qu’à la veille de la Première Guerre mondiale que Berlin a éclipsé Vienne. L’université de Vienne, fondée en 1365, a longtemps été la plus importante de l’Empire. L’université technique (Technische Hochschule, fondée en 1872) a des effectifs moins importants que l’université classique, mais elle joue un rôle de premier ordre pour l’économie urbaine et nationale.