Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aviculture (suite)

C’est ainsi qu’on a souvent recours chez le dindon et la pintade à l’insémination artificielle, malgré les difficultés de récolte de la semence chez le mâle, qui ne possède pas un organe copulateur bien différencié, et l’échec de toutes les méthodes de conservation. Alors que le sperme des mammifères se conserve parfaitement pendant de longues périodes grâce à l’emploi de dilueurs appropriés et par congélation, on ne sait pas conserver le sperme des volailles au-delà de quelques heures ; tout au plus arrive-t-on à pouvoir pratiquer une dilution de la semence qui réduit le nombre de mâles nécessaire.

Si la semence ne se conserve pas in vitro, la durée de survie des spermatozoïdes dans les voies génitales femelles est très grande, jusqu’à 3 semaines chez la poule, dans l’oviducte de laquelle on a mis en évidence deux lieux de stockage : d’une part dans les replis de la base du pavillon de l’oviducte, zone où s’effectue la fécondation, et d’autre part au niveau de la jonction utéro-vaginale. Il en résulte que la fréquence des inséminations peut se limiter à une ou deux par semaine.

L’œuf fécondé garde tout son potentiel de développement pendant une semaine, puis l’éclosabilité diminue rapidement, excluant la conservation des œufs au couvoir au-delà de 15 jours.

L’incubation naturelle par la poule n’est plus pratiquée parce que pleine d’aléas, condamnable sur le plan sanitaire et inconcevable sur le plan économique.

L’incubation artificielle, dont la durée varie avec les espèces (21 jours chez la poule, 28 jours chez le dindon et le canard, 35 à 36 jours chez le canard de Barbarie, 28 à 30 jours chez l’oie, 27 jours chez la pintade), s’effectue dans des machines dont la capacité est de plusieurs dizaines de milliers d’œufs. Température, humidité relative, concentrations en oxygène et en gaz carbonique, retournement des œufs sont les quatre principaux facteurs à considérer. Pour réaliser un meilleur équilibre thermique, le chargement de l’incubateur se fait par fractions, l’œuf étant endothermique au début de son développement et exothermique à la fin. L’éclosion s’effectue dans un compartiment spécial, un éclosoir, situé pour des raisons d’hygiène dans un local différent ; le réglage de l’éclosoir est sensiblement différent de celui de l’incubateur ; l’humidité relative et le taux de gaz carbonique doivent en particulier pouvoir atteindre des niveaux très élevés au moment du bêchage du poussin, cependant qu’on n’effectue plus de retournement et qu’il convient de pouvoir aérer largement sur la fin pour sécher le poussin ; les œufs y sont passés 3 jours avant la sortie des poussins.

Le jeune poussin dont le jaune, ou vitellus, n’est pas entièrement résorbé au moment de sa sortie de l’éclosoir peut être transporté facilement, à condition d’être préservé du froid, sans recevoir d’alimentation et sans être abreuvé pendant 24 à 48 heures.


La sélection

La génétique a trouvé dans la production avicole un champ d’application particulièrement intéressant, étant donné le pouvoir de multiplication des oiseaux, le court intervalle entre générations et le caractère de la production se prêtant à la spécialisation.

Quelques firmes à travers le monde ont le monopole des opérations de sélection. En France, l’Institut national de la recherche agronomique poursuit dans sa station du Magneraud, en Charente-Maritime, des recherches appliquées qui aboutissent, en liaison étroite avec des professionnels, à la diffusion d’un certain nombre de souches.

Les firmes les plus puissantes et celles qui ont le plus de réussites diffusent leurs produits à travers le monde par l’intermédiaire d’un réseau de bureaux commerciaux. On arrive ainsi à une simplification génétique assez considérable des populations de volailles exploitées et à une régression des races traditionnelles, auxquelles ne s’intéressent plus que des éleveurs qualifiés de « sportifs », dans la mesure où ils ont le souci de maintenir le standard de ces races et où le caractère extérieur de l’animal, sa beauté l’emportent dans leurs préoccupations.

L’aviculture moderne a toutefois su reconnaître l’intérêt de ces élevages, qui constituent pour le généticien un réservoir de gènes et une réserve pour l’avenir. Le travail de sélection est fondé sur l’amélioration d’un certain nombre de souches pures dont on est amené à spécialiser les caractères, car il est difficile de réunir toutes les qualités, et des caractères qui s’excluent parfois, sur une même souche.

Les poussins qui sont mis à la disposition du producteur d’œufs ou de poulets sont toujours des animaux de croisement industriel, constituant la 1re génération du croisement de deux souches pures ou de lignées déjà hybrides. On arrive ainsi, par exemple, à transmettre au produit toutes les qualités d’une lignée paternelle sélectionnée pour sa conformation, alors que la lignée maternelle a gardé des qualités d’élevage et de reproduction suffisantes pour arriver à une production économique du poussin.

On exploite ainsi au maximum l’effet d’hétérosis ou de vigueur des hybrides. De plus, les lots mis en élevage présentent une grande homogénéité. Ces poussins hybrides sont désignés par le nom de la firme qui les distribue ou par un sigle commercial quelconque. Ces animaux sont très spécialisés dans leur destination, au point que les coquelets, frères des poulettes qui seront exploitées pour la ponte, ne sont pas utilisables pour la chair et sont sacrifiés au couvoir qui les a vus naître.

Si l’amélioration génétique a atteint un niveau élevé pour la poule, et dans une moindre mesure pour le dindon, il n’en va pas de même pour les autres espèces, qui sont encore exploitées dans des structures de production traditionnelles et qui se prêtent moins aux opérations de contrôle.

Le schéma des opérations de sélection

On place 400 poules et 40 coqs en poulailler pedigree, par parquets de 10 poules et 1 coq ; cela constitue la souche qui va faire l’objet d’une amélioration génétique au fil des générations. On leur fait produire une génération de 8 000 descendants, que l’on prend le soin de parfaitement identifier par familles de frères et sœurs (il y a un coq par parquet pedigree — la production de chaque poule, recueillie dans un nid-trappe, est identifiée — les éclosions se font dans des tiroirs groupant les œufs issus de la même poule). Cette génération de descendants est élevée, exploitée (alimentant les multiplicateurs), et les performances sont soigneusement contrôlées ; c’est parmi elle qu’on choisira 10 p. 100 des meilleures poules et 1 p. 100 des meilleurs coqs, qui relayeront les parents l’année suivante dans le poulailler pedigree.