Vauban (Sébastien Le Prestre de) (suite)
Plus tard, cet urbanisme s’affirme dans la conception de villes militaires comme Longwy, Neuf-Brisach, Mont-Dauphin, etc. Dans le même temps, la variété des problèmes que posent l’aménagement des voies d’accès, l’établissement des ponts et des digues, l’alimentation en eau, le creusement des égouts, etc., montrent l’ingéniosité du maître et sa science de l’hydraulique. Vauban dirige notamment la construction du canal des Deux-Mers ; Louis XIV fait appel à lui pour le problème que pose l’approvisionnement de Versailles en eau.
Tant de mérites auraient dû valoir à Vauban le bâton de maréchal bien avant 1703. Vauban n’obtient cependant cette distinction que trois ans avant d’être contraint à quitter le service du roi. Ce dernier lui a sans doute manifesté une certaine froideur, car les conseils de Vauban n’étaient pas toujours bienvenus... Des mémoires (tels ceux qui avaient été adressés au roi pour s’opposer à la révocation de l’édit de Nantes, celui qui définissait l’« intérêt présent des États de la chrétienté » [1701], sans parler du célèbre rapport de janvier 1673, qui proposait la transformation de la frontière du Nord en un précarré) démontraient que Vauban avait le sens de la politique, mais de tels écrits ne plaisaient pas toujours au roi et à son entourage.
À soixante-treize ans, Vauban se retire donc en faisant valoir des raisons de santé. On ne le retient pas, car il a eu déjà la déception de se voir refuser la direction du siège de Turin (1706), puis d’apprendre l’échec de cette entreprise. Resté dans sa demeure, Vauban rédige son Projet d’une dîme royale, où il se révèle un précurseur en économie ; il y propose d’établir un impôt proportionnel, frappant le revenu de tous les citoyens. Vauban avait déjà publié plusieurs opuscules, comme son mémoire sur l’impôt de capitation (1695) et les célèbres Oisivetés (publiées en 1842-43).
Le vieux maréchal connaîtra pourtant le chagrin de voir le Projet d’une dîme royale, ouvrage qui avait produit une émotion considérable, saisi par décision judiciaire le 14 février 1707. Ce signe d’une disgrâce complète précipitera peut-être sa fin, car il ne résistera point à une fluxion de poitrine et mourra le 30 mars.
P. R.
➙ Fortification / Louis XIV.
P. Lazard, Vauban (Alcan, 1934). / A. Rébelliau, Vauban (Fayard, 1962). / R. Mousnier, la Dîme de Vauban (C. D. U., 1968). / M. Parent et J. Verroust, Vauban (Freal, 1971).