Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vatican (premier concile du) (suite)

 E. Cecconi, Storia del concilio ecumenico vaticano scritta su i documenti originali (Rome, 1873-1879, 4 vol. ; trad. fr. Histoire du concile du Vatican d’après les documents originaux, Lecoffre, 1877, 4 vol.). / T. Granderath, Geschichte des vatikanischen Konzils (Fribourg-en-Brisgau, 1903-1906 ; 3 vol.). / C. Butler, The Vatican Council. The Story told from Inside in Bishop Ullathorne’s Letters (Londres, 1930 ; 2 vol.). / H. Rondet, Vatican I, le concile de Pie IX (Lethielleux, 1962). / R. Aubert, Vatican I (Éd. de l’Orante, 1964). / J. R. Palanque, Catholiques libéraux et gallicans en France face au concile du Vatican, 1867-1870 (Ophrys, Gap, 1964). / G. Thils, l’Infaillibilité pontificale. Sources, conditions, limites (Duculot, Gembloux, 1969) ; la Primauté pontificale. La doctrine du Vatican I, les voies d’une révision (Duculot, Gembloux, 1972).

Vatican (deuxième concile du)

Concile œcuménique qui s’est tenu à Rome en quatre sessions : la première sous Jean XXIII*, du 11 octobre au 8 décembre 1962 ; les trois autres sous Paul VI*, du 29 septembre au 4 décembre 1963, du 14 septembre au 21 novembre 1964, du 14 septembre au 8 décembre 1965.


Dès le 25 janvier 1959, le pape Jean XXIII avait annoncé au monde son intention de réunir un concile œcuménique dans une double vue : assurer le renouveau de l’Église face au monde moderne ; préparer l’unité chrétienne. Le discours d’ouverture à Saint-Pierre de Rome, le 11 octobre 1962, en présence des 2 540 pères du concile, fit une impression profonde parce qu’il proposait un programme novateur.


Première session

Dans la première congrégation générale, le 13 octobre, l’assemblée — sous l’impulsion du cardinal Achille Liénart (1884-1973) — refuse d’élire immédiatement les membres des dix commissions, estimant qu’il faut, au préalable, que les pères fassent connaissance. Cette élection a lieu le 17 octobre.

La discussion du schéma sur la liturgie occupe quinze congrégations générales (22 oct. - 13 nov.) : elle n’aboutit à aucune décision importante. Le schéma sur les sources de la Révélation donne lieu, dès le 14 novembre, à des discussions passionnées ; très controversé (la majorité des pères l’estimant inadéquat, en deçà des définitions du concile de Trente), il est, le 20 novembre, renvoyé devant une commission mixte comprenant les membres de la commission théologique et du secrétariat pour l’unité, ce qui tient compte des requêtes des chrétiens non catholiques, dont certains sont représentés à Rome par des observateurs délégués (45 au total).

Trois congrégations sont consacrées aux moyens de communication sociale, presse, cinéma, radio, télévision (23, 24, 26 nov.) ; trois autres (27, 28, 29 nov.) au schéma sur l’unité, et particulièrement au rapprochement de Rome avec les chrétiens d’Orient. Au cours des débats sur le schéma consacré à l’Église (1er-6 déc.), les pères s’arrêtent notamment au rôle des laïques dans l’apostolat, à la collégialité des évêques et à l’esprit de pauvreté. Les pères se séparent le 8 décembre.


Deuxième session

Dès son accession au trône pontifical, Paul VI annonce son intention de poursuivre l’œuvre de Jean XXIII. En vue d’accroître l’efficacité des travaux de l’assemblée conciliaire, il désigne quatre « modérateurs », qui, en liaison avec le conseil de présidence, sont chargés de diriger les débats ; en outre, des auditeurs laïques sont invités au concile.

La deuxième session est dominée par la discussion du schéma sur l’Église et, plus spécialement, par le problème de la collégialité de l’épiscopat. Sur celle-ci et sur la restauration du diaconat comme ordre permanent, les modérateurs organisent le 30 octobre un vote d’orientation qui rassemble une forte majorité, mais dont les conclusions sont longtemps contestées par la minorité. Les débats sont, par ailleurs, marqués par une vigoureuse intervention du patriarche Maximos IV contre la prépondérance de la curie romaine dans l’Église et par une controverse entre les cardinaux Josef Frings et Alfredo Ottaviani sur le Saint-Office (5-16 nov.). Tandis que commence la discussion du schéma sur l’œcuménisme, les pères mettent au point le premier document officiel du concile, la constitution sur la liturgie, qui est promulguée par le pape le 4 décembre 1963, après un dernier vote qui lui accorde 2 147 placet contre 4 ; en même temps est promulgué le décret — assez peu original — sur les moyens de communication sociale (après un dernier vote qui lui accorde 1 960 placet contre 164). La veille, pour la première fois, des auditeurs laïques (Jean Guitton et Vittorino Veronese) ont pris la parole au concile.


Troisième session

La troisième session s’ouvre sur deux nouvelles significatives : l’admission de femmes au concile et l’envoi d’observateurs par Constantinople. Trois documents sont promulgués à la fin de cette session (21 nov.) : la constitution dogmatique sur l’Église (2 151 placet contre 5), le décret sur l’œcuménisme (2 137 placet contre 11) et le décret sur les Églises orientales catholiques (2 110 placet contre 14). Les discussions les plus importantes, parfois très passionnées, ont trait à la liberté religieuse, aux religions non chrétiennes, et particulièrement aux Juifs, à la Révélation, à l’apostolat des laïques, aux séminaires, au mariage. La session se termine dans le malaise, le pape ayant assorti la constitution sur l’Église d’une note relative à la primauté pontificale et apporté des amendements restrictifs au décret sur l’œcuménisme.


Quatrième session

La quatrième session, la dernière, est caractérisée par un travail intensif. Dans son discours d’entrée, Paul VI annonce la création d’un synode épiscopal. Onze documents sont promulgués au cours de cette session : la constitution dogmatique sur la Révélation (18 nov., 2 344 placet contre 6) ; la constitution pastorale sur l’Église et le monde contemporain (7 déc., 2 309 placet contre 75) ; le décret sur la charge pastorale des évêques (28 oct., 2 319 placet contre 2) ; le décret sur la rénovation adaptée de la vie religieuse (28 oct., 2 321 placet contre 4) ; le décret sur les séminaires (28 oct., 2 318 placet contre 3) ; le décret sur l’apostolat des laïques (18 nov., 2 305 placet contre 2) ; le décret sur la vie et le ministère des prêtres (7 déc., 2 390 placet contre 4) ; le décret sur les missions (7 déc., 2 394 placet contre 5) ; la déclaration sur l’éducation chrétienne (28 oct., 2 290 placet contre 35) ; la déclaration sur les religions non chrétiennes (28 oct., 2 221 placet contre 88) ; la déclaration sur la liberté religieuse (7 déc., 2 308 placet contre 90). En outre, le concile transmet au pape un vœu sur les mariages mixtes (1 592 placet contre 427), qui sera réexaminé par le synode épiscopal de 1967. Quant au problème du célibat ecclésiastique, le pape, le 11 octobre, en dessaisit le concile. Le 18 novembre, Paul VI annonce l’ouverture des procès de béatification de Pie XII et de Jean XXIII. Le 6 décembre, en tenant la dernière congrégation, il publie un motu proprio pour la réforme du Saint-Office.