Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

valse

Danse à trois temps, exécutée par couples et qui se caractérise par son mouvement giratoire, auquel sont rigoureusement soumis ses danseurs.


Le verbe allemand walzen, apparu à la fin du xviiie s., signifie « tourner en dansant » ; dans ce sens, il rejoint le principe d’une ancienne danse lente provençale, la volte, sans pourtant que l’on puisse établir une filiation de ces deux danses, d’origine géographique trop différente. Dès le début du xixe s., la valse a connu une incomparable vogue : élue des grands bals de l’aristocratie, vedette des fêtes princières, elle a parfois réuni les plus célèbres têtes couronnées ainsi que les personnalités les plus en vue, mariant les plus jolies toilettes à des uniformes rutilants. Sous l’industrieuse et intelligente impulsion de Johann Ier Strauss* (1804-1849) et de Joseph Lanner (1801-1843), la valse a conquis l’Europe entière et gagné son étiquette « viennoise ». Sa mélodie simple, ses phrases qui tendaient à déborder le cadre sommaire des huit ou douze mesures, son rythme souple, propice à de subtiles figures glissées, et son tempo sujet à de vertigineuses accélérations relèvent d’un art consommé qui, malgré son but commercial et sa légèreté, mérite la considération. À la suite de Johann II Strauss* (1825-1899), qui la promena partout, Philippe Musard (1792-1859) et Jacques Offenbach*, sous Louis-Philippe et sous le second Empire, ont étendu l’audience de la valse à l’ensemble de la société. Ils l’ont parfois enrichie de structures plus complexes, vêtue d’une parure orchestrale remarquable et l’ont étoffée en lui adjoignant une introduction, des interludes et des postludes. Très vite, l’opérette* a revendiqué la valse, qui servait au mieux l’intérêt de ses livrets mélodramatiques et de sa mise en scène. Les œuvres des meilleurs compositeurs d’opérettes viennoises, Johann II Strauss, Oscar Straus* (1870-1954), Franz Lehar (1870-1948), Franz von Suppé (1819-1895), etc., demeurent au répertoire et connaissent encore des triomphes sous la baguette de spécialistes comme Willi Boskovsky et Robert Stolz.

Coexistant avec le Ländler, solide danse rustique dont elle est issue, la valse a rapidement pénétré dans la musique instrumentale. Schubert* la traite en brèves séries sous le titre de Valses nobles ou sentimentales. Sur l’offre de son auteur, cinquante compositeurs sont invités à varier une médiocre valse de Diabelli (1781-1858), qui inspire à Beethoven* trente-trois magistrales variations (op. 120, 1823). De cette forme un peu malmenée, Chopin* tire une vingtaine de chefs-d’œuvre qui dépassent la chorégraphie et qui ont créé un genre parfait de miniatures pour piano. Brahms* harmonise la valse populaire pour chœur avec accompagnement de piano ; Chabrier* cherche un nouveau langage harmonique dans ses trois Valses romantiques pour deux pianos (1883).

Dans le même temps, la valse est passée à l’orchestre avec Berlioz*, qui instrumente la célèbre Invitation de Weber*, en fait la substance de l’un des mouvements de sa Symphonie fantastique (1830) — auquel il a donné pour titre le Bal — et un épisode fameux de sa Damnation de Faust (la « danse des sylphes »).

Les grands ballets* romantiques ont largement exploité la valse comme instrument de succès : les valses du Faust de Gounod*, de Coppélia, de Sylvia de Léo Delibes, des trois ballets de Tchaïkovski*, la célèbre Valse triste de Sibelius* habitent toutes les mémoires.

Pour sortir des sentiers battus et trouver le contraste intégral avec la folle virtuosité des Méphisto-Valses de F. Liszt*, Ravel* offre en 1911 un bouquet de Valses nobles et sentimentales, caractéristiques par l’acidité de leur langue harmonique et l’extrême économie des moyens pianistiques employés. À la manière des savoureuses suites de valses que Richard Strauss* avait tirées de son opéra le Chevalier à la rose (1911), Ravel composa, sur la demande de Diaghilev, un poème chorégraphique, comme une espèce d’apothéose de la valse viennoise à laquelle se mêle l’impression d’un tournoiement fantastique et fatal. La Valse (1919) est et restera le plus somptueux hommage rendu à cette danse gracieuse et enivrante.

La valse a fait aussi carrière dans les bals populaires sous le nom de valse musette (l’Embarquement pour Cythère [1951] de F. Poulenc* en est la merveilleuse parodie) ; en Amérique, elle a donné naissance au boston.

R. J.

 H. E. Jacob, Johann Strauss Vater und Sohn. Die Geschichte einer musikalischen Weltherrschaft (Hambourg, 1953 ; trad. fr. les Strauss et l’histoire de la valse, Corréa, 1955). / H. Fantel, The Waltzkings : Father and Son and their Romantic Age (Newton Abbot, 1971 ; trad. fr. les Strauss rois de la valse et la Vienne romantique de leur époque, Buchet-Chastel, 1973).

vanadium

Corps simple métallique.


Le Suédois Nils Gabriel Sefström (1787-1845) découvrit en 1830 dans du fer de son pays un élément qu’il appela vanadium en souvenir de Vanadis, surnom de l’ancienne divinité scandinave Freyja : en fait, l’Espagnol Andrés Manuel del Río (1765-1849) l’avait découvert dès 1801 dans un minerai mexicain de plomb, mais ce fait avait été contesté. C’est en 1867 que l’Anglais Henry Enfield Roscoe (1833-1915), le premier, prépara le métal.


État naturel

Le vanadium constitue 0,02 p. 100 de la lithosphère et se trouve très largement répandu, mais peu de substances constituent des minerais utilisables ; parmi celles-ci se trouvent la patronite, qui est un sulfure multiple contenant du vanadium, la vanadinite (isomorphe des apatites) et qui a pour formule [Pb3(VO4)2]3, PbCl2 ; la carnotite est un minerai mixte de vanadium et d’uranium K(UO2)VO4, x H2O.


Atome

Le numéro atomique 23 place le vanadium dans la première série de métaux de transition après le titane dans le groupe VA. L’atome a pour structure électronique dans son état fondamental 1s2, 2s2, 2p6, 3s2, 3p6, 3d3, 4s2. Les énergies successives d’ionisation sont : 6,74 eV ; 14,2 eV ; 26,5 eV ; 48,7 eV ; 64,1 eV ; 133,1 eV. Aussi, les nombres d’oxydation assignés aux composés du vanadium sont-ils très divers et s’étendent de II à V.