Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Uttar Pradesh (suite)

La constitution de l’État dans sa forme actuelle remonte à la période britannique. De 1764 à 1801, les armées britanniques ont conquis une grande partie de la région, qui, en 1877, sous le nom de North-Western Provinces, fut placée sous administration directe. C’est en 1902 que furent constituées les Provinces-Unies d’Āgrā-et-d’Aoudh, connues depuis 1937 sous le nom d’United Provinces. À l’indépendance (1950), on a conservé cette entité politique sous le nom d’Uttar Pradesh, ce qui signifie « Province du Nord ».

L’unité de l’État est assurée par l’homogénéité physique, un peuplement hindou très largement dominant et la prépondérance de l’hindī, la plus parlée des langues de l’Inde.

La plaine du Gange et de ses affluents (dont le plus important est la Yamunā [Jamnā]) est constituée par une série de terrasses. Les plus anciennes et les plus hautes sont insubmersibles et souvent armées de concrétions calcaires. La plaine d’inondation actuelle est plus fertile, mais les crues des fleuves y font parfois des dégâts importants. Le paysage est monotone, malgré ces nuances : les champs ouverts, piquetés d’arbres, s’étendent à l’infini, et l’uniformité n’est guère rompue que par les taches vertes que font ici et là les villages, entourés de bosquets. L’agriculture est cependant assez variée, car il existe un certain nombre de contrastes climatiques significatifs, notamment une opposition entre l’Est et l’Ouest. Les régions occidentales sont les moins pluvieuses (de 800 à moins de 600 mm), et l’hiver peut déjà avoir des nuits assez froides. Le système de cultures est caractérisé par une culture hivernale du blé, qui est la céréale prépondérante. Il est accompagné d’une culture de légumineuses tempérées (pois chiches et moutarde par exemple). La culture d’été (saison des pluies) n’est pas négligeable cependant : elle est fondée sur la production de riz, de millets, de maïs, de canne à sucre et de coton. La partie orientale est plus humide : la saison des pluies y commence plus tôt, et les averses sont plus abondantes, si bien que les totaux annuels se situent au-dessus de 800 mm et dépassent parfois 1 000 mm. L’hiver est également moins froid. Aussi la culture de la saison des pluies tend-elle à être la plus importante, et le riz, cultivé en toute saison, devient la céréale prépondérante.

Cette agriculture a bénéficié d’aménagements importants, patiemment poursuivis au cours des siècles. Les rivières descendant de l’Himālaya servent à alimenter des canaux de dérivation. De plus, les alluvions contiennent des nappes d’eau abondantes, qui sont atteintes par des milliers de puits. Les plus anciens puits sont peu profonds et équipés de systèmes de levage assez primitifs. Mais, récemment, avec des tubes d’acier ou de ciment on a foré des puits profonds, équipés de pompes à moteur. L’irrigation est ainsi pratiquée aussi bien pendant la saison des pluies (où elle permet de cultiver les plantes les plus exigeantes en eau, comme le riz et la canne à sucre) que pendant la saison sèche hivernale.

La plaine du Gange a relativement peu d’activités industrielles d’intérêt national. Mais la densité de population, l’importance de la production agricole ont conduit au développement d’un artisanat actif et d’industries agricoles essentiellement concentrés dans les villes. La hiérarchie urbaine est dominée par cinq villes principales, comptant toutes plus de 500 000 habitants. Kānpur est d’origine récente, puisque née du commerce et de l’industrie du coton au xixe s. Mais les quatre autres sont anciennes et prestigieuses. Bénarès* est un centre de pèlerinage d’importance majeure pour les hindous. Elle est située en bordure du Gange et reçoit tous les ans des millions de pèlerins. Elle a aussi des activités artisanales et, bien entendu, de service pour les campagnes environnantes. Allāhābād, Lucknow et surtout Āgrā* sont d’anciennes capitales politiques, qui ont gardé un rôle régional majeur. Āgrā est de très loin la plus connue pour son architecture (le fort et le Tādj Maḥall), mais Lucknow doit à sa position plus centrale d’avoir été choisie comme capitale de l’État.

Dans le nord de l’Uttar Pradesh se trouve une région originale, qui ne fait pas partie de la plaine du Gange, mais plutôt du piémont himalayen. Il s’agit d’une bande de terres basses, où de très nombreuses sources résultent de la réapparition des eaux infiltrées dans les cônes de cailloutis qui longent les premiers chaînons de l’Himālaya, situés d’ailleurs au Népal. Ce teraï est donc resté très longtemps marécageux, malarien, et il a été difficile à mettre en valeur. L’agriculture y a donc très longtemps occupé moins de place que les forêts ; mais celles-ci sont actuellement défrichées très rapidement par des agriculteurs venus des plaines surpeuplées.

F. D.-D.

➙ Inde.